"Mur de poésie de Tours" 2002 - Poètes dont une rue de Tours porte le nom

 

L’ EXILÉ SATISFAIT

 

Solitude ! Silence ! oh ! le désert me tente.
L’âme s’apaise là, sévèrement contente ;
Là d’on ne sait quelle ombre on se sent l’éclaireur.
Je vais dans les forêts chercher la vague horreur ;
La sauvage épaisseur des branches me procure
Une sorte de joie et d’épouvante obscure ;
Et j’y trouve un oubli presque égal au tombeau.
Mais je ne m’éteins pas ; on peut rester flambeau
Dans l’ombre, et, sous le ciel, sous la crypte sacrée,
Seul frissonner au vent profond de l’empyrée.
Rien n’est diminué dans l’homme pour avoir
Jeté la sonde au fond ténébreux du devoir.
Qui voit de haut, voit bien ; qui voit de loin, voit juste.
La conscience sait qu’une croissance auguste
Est possible pour elle, et va sur les hauts lieux
Rayonner et grandir, loin du monde oublieux.
Donc je vais au désert, mais sans quitter le monde.

 

Extrait de « L’art d’être grand-père »

 

Victor HUGO

(1802 - 1885)

 

Écrivain français né à Besançon, mort à Paris. C’est d’abord un poète classique et monarchiste (« Odes », 1822) puis un romantique (« Cromwell » en 1827, « Les Orientales » en 1829, « Hernani » en 1830. Il a écrit de très nombreux poèmes (« Les feuilles d’automne », « Les Chants du crépuscule », « Les Voix intérieures », « Les Rayons et les Ombres »), des pièces de théâtre (« Marion de Lorme », « Ruy Blas »), des romans historiques (« Notre Dame de Paris »). Vers la fin de sa vie, il écrit des poèmes satiriques (« Châtiments ») et lyriques (« Contemplations »), une épopée (« La Légende des siècles ») et deux romans (« Les Misérables », « Les Travailleurs de la mer »). Écrivain de renom, ses cendres ont été transférées au Panthéon.

 

Il est venu à Tours en 1834 et a logé à l’hôtel de l’Europe, devant l’église Saint Julien. Il s’arrêta à nouveau à Tours, en 1843. La rue qui porte son nom à Tours, s’appelait Rue des Étudiants.

Peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER illustrant le poème L'EXILÉ SATISFAIT de Victor HUGO.

Illustré par une peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER.