"Mur de poésie de Tours" 2002 - Poètes français du présent

 

LE TEMPS

 

Le temps est comme un train qui jamais ne s’arrête.
Jamais ne rentre en gare, ni ne sort de sa voie.
Il avance, implacable, à la même vitesse,
Et ne peut revenir deux fois au même endroit.

Ce train d’éternité nous prend et nous débarque :
Et dès lors que nous sommes montés dans le wagon,
Nous naissons à la vie, ardente et fantastique,
Qui nous conduira tous au bout de l’horizon.

Nous sommes en partance vers un très grand voyage,
Où il nous faut apprendre à trouver son chemin.
Nous marchons à pas lents, souvent dans le sillage
De ceux qui croient savoir où nous mène le train.

Le train roule et nous pousse inexorablement
Vers après, vers demain, vers plus loin, vers ailleurs.
Mais c’est toujours plus beau l’endroit qui nous attend,
Même si dans la course on a eu mal au cœur.

Quand le train nous appelle à travers le silence
De la nuit maternelle où nous nous reposons,
C’est la vie qui éclot, dans la rude souffrance
Et le cri déchirant de l’enfant nourrisson.

Nous sommes là, enfin, sur la terre des hommes
Où déjà nous hurlons notre quête d’amour :
Et nous nous débattons, dans l’espoir où nous sommes
De vivre avec bonheur notre aller sans retour.

Et nous voilà versés dans le roulis du monde,
Où il faut avancer du jour au lendemain,
Tournés vers le soleil, sans regarder les ombres
Qui surgissent, et se mettent en travers du chemin.

Il nous faut aller droit devant, dans la force
Et la beauté du jour qui vient nous épanouir.
Imprégner notre cœur de la douce puissance,
Qu’est l’amour souverain qui tend à nous unir.

Pour nous les voyageurs du train de l’univers,
Il n’est plus beau pays que celui qu’on traverse
Parce qu’il fait de nous : et que le vent d’hier
A éteint le passé dans sa molle paresse.

Nous sommes à aujourd’hui, mais c’est bientôt demain.
Le passé, le présent, l’avenir se confondent.
D’autres étaient là hier, qui sont déjà si loin…
Et tourne l’univers, pendant que le train gronde !

Et tourne l’univers ! Et la terre et le ciel.
Chantez-nous la ballade : au rythme du soleil :
Quand une pluie de feux goutte de l’arc-en-ciel,
C’est Dieu qui nous sourit. Ô message éternel ! …

 

Françoise BAYARD,

Centre sud, Bâtiment G
Boite postale 30
13380 PLAN DE CUQUES

 

J’ai 52 ans et j’ai consacré ma vie aux autres : je suis infirmière. Les autres m’ont aidée aussi. J’ai toujours adoré la poésie, et les mots. Les mots soignent aussi les maux. Ces mots, qui, bien qu’étant soumis à une discipline rigoureuse, nous offrent un espace de liberté défiant toute contrainte.