"Mur de poésie de Tours" 2002 - Poètes français du passé

 

MA DOUCE AMOUR…

 

Ma douce amour, ma plaisante chérie,
Mon ami cher, tout ce que puis aimer,
Votre douceur m’a de tous maux guérie.
En vérité, je vous peux proclamer
Fontaine dont tout bien me vient,
Qui en paix comme en joie me soutient
Et dont plaisirs m’arrivent à largesse,
Car vous seul me tenez en liesse.

L’âcre douleur qui en moi s’est nourrie
Si longuement d’avoir autant aimé,
Votre bonté l’a pleinement tarie.
Or je ne dois me plaindre ni blâmer
Cette Fortune qui devient
Favorable, si telle se maintient ;
Mise m’avez sur sa voie et adresse,
Car vous tout seul me tenez en liesse.

 

Extrait de « Cent ballades d’amant et d’amie »

 

Christine de PISAN

(vers 1365 - vers 1430)

 

D’origine italienne, élevée à la cour de France, elle est mariée à un secrétaire du roi mais est veuve dès vingt-cinq ans. Pour élever ses trois enfants, elle se consacre à la littérature et gagne sa vie avec sa plume. Son œuvre poétique comprend des ballades, rondeaux, lais et virelais, complaintes, épîtres, dits, oraisons, enseignements moraux, une louange à Jeanne d’Arc « Poème de la Pucelle ». Son style est imprégné d’émotion, de sensibilité, de mélancolie et aussi de pathétique. Elle pourrait être la première femme écrivain à vivre de son art.