"Mur de poésie de Tours" 2002 - Poètes français du passé
À PHILIS
Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage,
Et la mer est amère, et l’amour est amer,
L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en
la mer,
Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux, qu’il demeure au
rivage,
Celui qui craint les maux qu’on souffre pour
aimer,
Qu’il ne se laisse pas à l’amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l’amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau,
Mais l’eau contre ce feu ne peut fournir des
armes.
Si l’eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j’eusse éteint son feu de la mer de mes
larmes.
Pierre de MARBEUF
(1595 ? - 1645)
Élève du collège de La Flèche, Pierre de MARBEUF est juriste de formation. Recherchant la perfection, il joue avec les mots et les sonorités dans un style baroque.
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