"Mur de poésie de Tours" 2002 - Poètes français du passé

 

PREMIER SOURIRE DE PRINTEMPS

 

Tandis qu’à leurs œuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.

Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement lorsque tout dort,
Il repasse des collerettes
Et cisèle des boutons d’or.

Dans le verger et dans la vigne,
Il s’en va, furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l’amandier.

La nature au lit se repose ;
Lui, descend au jardin désert
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.

Tout en composant des solfèges
Qu’aux merles il siffle à mi-voix,
Il sème au pré les perce-neige
Et les violettes au bois.

 

Extrait de « Émaux et Camées »

 

Théophile GAUTIER

(1811 - 1872)

Peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER illustrant le poème PREMIER SOURIRE DE PRINTEMPS de Théophile GAUTIER.

Illustré par une peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER

 

 

Né à Tarbes, partisan du romantisme, il écrit des romans historiques, « Le Capitaine Fracasse » et devient un théoricien de « L’art pour l’art », « Émaux et Camées ». Il est l’un des maîtres de l’école parnassienne.