"Mur de poésie de Tours" 2002 - Poètes d'Europe

 

PERSEVERA EN LA EXAGERACIÓN
DE SU AFECTO AMOROSO Y EN EL
EXCESO DE SU PADECER

 

En los claustros del alma la herida
Yace callada ; mas consume, hambrienta,
La vida, que en mis venas alimenta
Llama por las medulas extendida.

Bebe el ardor, hidrópica, mi vida,
Que ya, ceniza amante y macilenta,
Cadáver del incendio hermoso, ostenta
Su luz en humo y noche fallecida.

La gente esquivo y me es horror el día ;
Dilato en largas voces negro llanto,
Que a sordo mar mi ardiente pena envía.

A los suspiros di la voz del canto ;
La confusión inunda l’alma mía ;
Mi corazón es reino del espanto.

 

Francisco de QUEVEDO y VILLEGAS

(1580 - 1645)

 

Laid, boiteux, il eut deux passions, la politique et l’écriture. Poète du sublime et de la dégradation grotesque, Francisco de QUEVEDOS y VILLEGAS incarne les contradictions de la grande décadence de l’Espagne.

 

PERSÉVÈRE DANS L’EXCÈS
DE SA PASSION AMOUREUSE
ET DE SA DOULEUR

 

Dans les cloîtres de l’âme, la blessure
Gît, muette ; mais elle consume, affamée,
La vie qu’elle alimente d’un feu
Qui se répand de mes veines à la moelle de mes os.

Bois l’ardeur, assoiffée d’eau, ma vie,
Déjà cendre qui pâlit, et aimante,
Cadavre d’un incendie de beauté, montrant
Sa lumière en fumée et nuit tombée.

Je fuis le monde et le jour m’est horrible ;
Je gémis en longues plaintes,
Qui vont jusqu’à la mer, sourde à ma peine ardente.

Aux soupirs de la voix du chant ;
La confusion inonde mon âme ;
Mon cœur est un royaume d’épouvante.

 

Traduction de Catherine RÉAULT-CROSNIER