"Mur de poésie de Tours" 2002 - Poètes d'Europe

 

Antes que el cierzo de la edad ligera
Seque la rosa que en tus labios crece,
Y el blanco de ese rostro, que parece
Cândidos grumos de lavada cera,

Estima la esmaltada primavera,
Laura gentil, que en tu beldad florece,
Que con el tiempo se ama y se aborrece,
Y huirá de ti quien a tu puerta espera.

No te detengas en pensar que vives,
¡ Laura !, que en tocarte y componerte
Se entrará la vejez sin que la llames.

Estima un medio honesto, y no te esquives ;
Que no ha de amarte quien viniere a verte,
Laura, cuando a ti misma te desames.

 

LOPE DE VEGA

(1562 - 1635)

 

Né à Madrid, il s’affirme comme un poète autobiographique, au langage puissant, lui permettant de transfigurer les événements. Naturelle et spontanée, sa poésie est aussi celle d’une langue pure, en castillan traditionnel. Après ses poèmes amoureux, en 1614, il est ordonné prêtre et publie ses poèmes sacrés de la même veine passionnée.

 

Avant que le vent froid de l’âge léger
Assèche la rose à ta bouche fleurie,
Et le blanc de ce visage,
Amas candide de cire pâlie,

Goûte le printemps épanoui,
Gentille Laura, en ta beauté, il fleurit
Comme l’amour devient haine avec le temps,
Un jour, il fuira celui qui espère près de toi.

Ne passe pas ton temps à penser que tu vis,
Oh Laura ! toute à ta toilette et tes apprêts ;
La vieillesse arrivera sans que tu l’appelles.

Choisis la juste voie, et ne l’évite pas ;
Nul ne pourrait t’aimer rien qu’à ta vue
Si tu ne pouvais toi-même, Laura, t’aimer.

 

Traduction de Catherine RÉAULT-CROSNIER