"Mur de poésie de Tours" 2001

Poètes de Touraine

 

LA LOIRE

 

Ô grand fleuve
Prosternée au bord de ton corps
Mon âme adirée s’abreuve
Et s’exhale de ton liquide trésor
Printemps déroule devant son siège
Le tapis des prémices perce-neige
Par dessus les chênes dans leur linceul de lierre
Leurs pieds muscinés agriffés à la pierre
Couronnés de gui sempervirent, de tiares perlières
Le soleil fleurit, les esprits ailés regagnent la lumière
Les corbeaux au beau corps laid, juchés dans les frondaisons
Déroulent leur ombre funeste du bout de leur tison
Faisant frémir un instant le silence des roselières
Le héron offre au gris clair sa livrée printanière
Tandis que pourfend le courant
Flèche noire le grand cormoran
Là-bas au milieu des vieux rondins
Carillonne le rire jaune des ragondins
Et celui sardonique du colvert
S’y mélange puis se perd dans l’ouvert
Le chant béni des invisibles passereaux
Tisse au vent glorieux, sur la lyre sainte des ramages
Des louanges venues du fond des nuages
Que seuls interprètent les angéliques oiseaux

Ô moire Loire, tantôt semblable à la couleuvre
Tu glisses solitaire délaissant ta mue
Tantôt pareille à la ravissante pieuvre
Tu déploies l’encre des nues
Ces tentaculaires méandres qui se meuvent
Tes eaux pleurent, ton sable se meure
Comme à tes pieds nos fragiles œuvres
Mais, ô grand fleuve, toi seul demeure.

 

J. PHŒNIX

TOURS

J. PHŒNIX au Mur de poésie de Tours 2001.