LES MASSES DE GRANIT
Lassé de la beauté comme de la laideur,
Nuit, je te préfère ! Tu es moins hypocrite
Que ces jours consommant, fous ! d'incroyables rites !
Ma victoire sur Suburbia, et mon aigreur.
Lassé de la beauté comme de la laideur,
Éclairé d'une lumière trop cisalique,
Désormais tout me manque, et le dur sentiment
D'avoir rampé sous terre en quête d'aliments !
Et le déchiffrage de pancartes bibliques,
Éclairé d'une lumière trop cisalique,
À la clarté chaude d'une lampe fidèle,
Dans l'ombre, dans l'obscur, dans l'immense dédale
De l'Imagination ! au Carrefour central !
Dont les voies se tordent, loups piaffant, chiens
À la clarté chaude d'une lampe fidèle, [qui bêlent !
Tout me manque! Et plus éloignées encor, les fèves
Dont nous nous nourrissions, crapauds considérables,
Espérant qu'il poussât dans nos panses l'érable,
Les arbres produisant de surprenantes sèves !
Tout me manque ! Et plus éloigné encor, les fèves,
Ainsi que du fleuve sur les rives, les rires
Des perroquets, des mousses, plants, des verts ressacs,
Et les cris déchirants de la Dame du Lac,
Et la vision dans l'air de mots comme : partir !
Ainsi que du fleuve sur les rives, les rires !
Pensée ! insaisissable à l'abri du lagon,
Lâche tes souvenirs frustrés comme une meute !
Sème-les, ces graines, mets de la viande, ameute
Le brutal et l'amour, la rosé et le dragon !
Pensée ! insaisissable à l'abri du lagon.
Diable de souvenir ! à ton tour, sois fidèle !
Dessine ces rivières dans les bois, ces truites,
Ces ponts sur les roseaux rendant douée la fuite,
Des mares rougeâtres, des radeaux pêle-mêle ;
Diable de souvenir ! à ton tour, sois fidèle !
Paresseux, porte-nous ! N'omets pas, sur ta mine,
D'accrocher les rayons captés sur les rochers,
Le soleil qui coule sur les blés, l'herbe hachée,
Toutes ces digestions, et nos fautes bénignes !
Paresseux, porte-nous ! N'omets pas sur ta mine,
Ainsi qu'une broche cuire le suranné,
Raviver les couleurs par le feu de nos mors !
Pouvant crever aussi des sacs de pièces d'or,
Auras-tu le souci d'arrimer nos années ?
Ainsi qu'une broche cuire le suranné ?
Plus tragique et plus beau, plus ténébreux, plus grand,
Passé, vieillard géant ! Élève tes cerceaux,
Nous plongerons dedans ! Nous sommes tes chiens ! sots,
Prêts à mordre dans tout, nos maîtres dévorant !
Plus tragique et plus beau, plus ténébreux, plus grand !
Ange à tête de monstre ou monstre à tête d'ange,
Ouvre ton bec ! crache ! nos désirs sont des sondes,
Ayant aimé, péché, bien combattu l'immonde,
Ayant démissionné de toutes les phalanges !
Ange à tête de monstre ou monstre à tête d'ange ?
Ch. LIPANSKI
Chez Mlle GASQUEZ-MILLAU
11, rue Paul Appel
37000 TOURS
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