"Mur de poésie de Tours" 2001

Poètes de Touraine

 

LA TOUSSAINT

 

Indiscret au milieu de la haute muraille
Il dirige notre regard, le petit portail.
Il nous fait pénétrer dans l’enceinte des Morts,
Atmosphère feutrée, avec ou sans Dieu, les Morts.

Pourtant, période de Toussaint
C’est pour sûr l’Eden qui nous ceint.

Ô cette multitude de chrysanthèmes,
Quelques-uns renversés sur les marbres ou la pierre.
L’invisible vent est passé, doux, tempête.
Il passe partout, lui, se tait, puis furète

Dans cette beauté, ce silence
Qui retient les pas en cadence

Crissant et glissant sur les graviers des allées.
Ainsi, plusieurs générations s’en sont allées,
Laissant bien des chagrins à tous ceux qui restaient

À tous ceux qui restent.

Après un bout de route ensemble, tout se gâtait…

C’était déjà fini
C’est déjà fini.

Ici, dans cette grande enceinte de Beauté
Les liens du sang, les liens d’Amour ou d’amitié
Se perpétuent dans le respect des disparus.
Les tombes sont alignées, splendeurs et luxe.
Pourtant, cette année le gel raidissait la nuit.
Malgré leur coût les chrysanthèmes sont reconduits.
Ils sont là, colorés, bruns, jaunes jusqu’à l’or
Ou mauves, virant au rose dans ce décor
Ou grosses boules éclatantes de pourpre.

Blancs.

Les feuilles d’automne virevoltent, s’empourprent
Et vont terminer leur danse sur le tapis,
Limbes jaunes devenus inertes, tant pis.
Les arbres se dénudent, ils feignent la mort.
Nous, endeuillés, nous verrons le printemps encor.

 

Toussaint 1997

 

Solange FILLON

 

 

Solange FILLON au Mur de poésie de Tours 2001.

Peintre à Tours.