Un agneau se désaltérait
Dans le courant d’une onde pure…
Que d’enfants ont pleuré
En fin de la lecture :
Un innocent agneau dévoré par un loup !
J’en sais une version plus conforme à mon goût,
Où le loup qui arrive,
Et voit l’agneau sur l’autre rive
Est passablement vieux.
Le ruisseau est trop large à ses yeux
Et trop frisquette l’eau.
Donc il salue l’agneau,
Parle du temps qu’il fait
S’enquiert de sa maman, de son frère de lait,
Et tout en bavardant de la dernière neige,
L’éloigne du troupeau et s’approche du gué.
Mais l’enfant du berger s’aperçoit du manège,
Il alerte papa
Qui prend son escopette et d’un seul coup l’abat.
Tout le village accourt, en fait toute une histoire ;
Pour l’agneau et l’enfant c’est une heure de gloire :
On vous les enrubanne, on vous les portraitise,
On danse, on chante, on boit le vin nouveau.
Arrêtons là l’histoire et couchons les gamins.
Et à vous qui savez, de l’humain, la traîtrise
Je réserve la fin :
Pour couronner la fête, ils ont mangé l’agneau
Et ils n’en ont laissé que la peau et les os.
Par le loup ou par les hommes,
Par les vers ou par les dieux,
Homme ou agneau c’est tout comme :
Il faut mourir, faute de mieux.

Franck DARDALHON

2, allée François Millet
37000 Tours