"Mur de poésie de Tours" 2001

Poètes dont une rue de Tours porte le nom

 

MON RÊVE FAMILIER

 

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

 

Extrait de "Poèmes saturniens"

 

Paul VERLAINE

(1844 - 1896)

Peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER illustrant le poème MON RÊVE FAMILIER de Paul VERLAINE.

Illustré par une peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER.

Poète français, né à Metz, il connaît le désarroi moral suite à un amour malheureux et à l’alcoolisme. Dans l’esprit de Baudelaire, il écrit "Poèmes saturniens", "Fêtes galantes". Après une période plus calme, il publie "La Bonne Chanson". Sa rencontre avec Rimbaud bouleverse sa vie puis il retrouve la foi catholique et écrit "Sagesse", "Jadis et naguère". Il devient le chef de file de l’école décadente et fait connaître les poètes maudits puis erre de garnis en hôpitaux en publiant de petits recueils "Parallèlement", "Invectives".

Une rue de Tours porte son nom.