"Mur de poésie de Tours" 2001

Poètes dont une rue de Tours porte le nom

 

LE BATEAU IVRE

 

(…)

Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !
Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi, plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.

 

Arthur RIMBAUD

(1854 - 1891)

Peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER illustrant le poème LE BATEAU IVRE d'Arthur RIMBAUD.

Illustré par une peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER.

Poète français né à Charleville, il écrit à Paris, dès l'âge de dix-sept ans, des poèmes dont "Le Bateau ivre". Il pense que la poésie vient d'une "alchimie du verbe" et des sens. Son amitié avec Verlaine se termine par un coup de revolver. Profondément choqué, il écrit les poèmes en prose d' "Une Saison en enfer". À vingt ans, il a terminé son œuvre et mène une vie errante de voyageur. "Illuminations", recueil de prose et de vers libres est publié en 1886. Il meurt à Marseille alors que sa poésie commence à être reconnue comme l'aboutissement de recherches romantiques et baudelairiennes. Ses écrits ont influencé la poésie moderne.

Une rue de Tours porte son nom.