LE GLORIEUX
(…)
PHILINTE
Je sais peu de musique et fais de méchans vers,
Ainsi j’en pourrois bien juger tout de travers.
Et d’ailleurs j’avouerai qu’au plus mauvais ouvrage
Bien souvent, malgré moi, je donne mon suffrage.
Un auteur, quel qu’il soit, me paroît mériter
Qu’aux efforts qu’il a faits on daigne se prêter.
LISETTE
Mais on dit qu’aux auteurs la critique est utile.
PHILINTE
La critique est aisée et l’art est difficile.
C’est là ce qui produit ce peuple de censeurs,
Et ce qui rétrécit les talens des auteurs.
(…)
Extrait de l’Acte II, Scène V
Philippe NÉRICAULT DESTOUCHES
(1680 - 1754)
Né à Tours, ce poète fut d’abord comédien et dirigea la troupe de Soleure. Il soumit ses essais à BOILEAU qui l’encouragea. Il fit jouer en Suisse puis en France "Le Curieux impénitent" qui obtint un franc succès. Ses pièces suivantes "L’Ingrat", "L’Irrésolu", "Le Médisant", furent moins remarquées. Il fut cependant élu à l’Académie française en 1723. Il publia d’autres pièces "Triple Mariage", "L’Obstacle imprévu", "Philomène marié" qui est sans conteste son chef d’œuvre ainsi que "Le Glorieux" ; il écrira encore d’autres pièces dont "L’Ambitieux et l’Indiscrète", "Le Mariage de Colin et de Radegonde". Certaines phrases de ses comédies sont restées des dictons toujours d’usage actuellement comme "Chasser le naturel, il revient au galop", "La critique est aisée et l’art est difficile"…
Une rue de Tours porte son nom.
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