"Mur de poésie de Tours" 2001

Poètes dont une rue de Tours porte le nom

 

LA FORÊT

 

Forêt silencieuse, aimable solitude,
Que j’aime à parcourir votre ombrage ignoré !
Dans vos sombres détours, en rêvant égaré,
J’éprouve un sentiment libre d’inquiétude !
Prestiges de mon cœur ! je crois voir s’exhaler
Des arbres, des gazons une douce tristesse :
Cette onde que j’entends murmure avec mollesse,
Et dans le fond des bois semble encor m’appeler.
Oh ! que ne puis-je, heureux, passer ma vie entière
Ici, loin des humains !… Au bruit de ces ruisseaux,
Sur un tapis de fleurs, sur l’herbe printanière,
Qu’ignoré je sommeille à l’ombre des ormeaux !
Tout parle, tout me plaît sous ces voûtes tranquilles ;
Ces genêts, ornements d’un sauvage réduit,
Ce chèvrefeuille atteint d’un vent léger qui fuit,
Balancent tour à tour leurs guirlandes mobiles.
Forêts, dans vos abris gardez mes vœux offerts !
À quel amant jamais serez-vous aussi chères ?
D’autres vous rediront des amours étrangères ;
Mais de vos charmes seuls j’entretiens les déserts.

 

Extrait de "Tableaux de la nature"

 

CHATEAUBRIAND

(1768 - 1848)

 

Nourri dès son enfance de mélancolie, François René, vicomte de CHATEAUBRIAND publia avec succès "Atala" puis "René", œuvre caractéristique du romantisme. Son "Génie du christianisme", vaste apologie religieuse, lui ouvrit une carrière diplomatique. Se retirant après la révolution de juillet, il se consacra à la rédaction de ses "Mémoires d’outre-tombe", portrait de son époque.

Un mail de Tours porte son nom.