J’aurais pu, dans mes bras, t’offrir l’aube naissante
Et ses parfums nourris des brumes de la nuit,
Sous les reflets coquins de la lune qui luit,
Te donner rendez-vous près de la flamme ardente.

J’aurais pu, vers la mer, t’entraîner sur ses flots
Et partir avec toi pour des pays de rêve
Où l’amour vient fleurir sans l’ombre d’une trêve,
Dans le regard distrait des joyeux matelots.

J’aurais pu te guider jusqu’au faîte des cimes
Pour goûter au frisson du pur enchantement
Que l’ivresse, là-haut, transporte éperdument
Au vent voluptueux de merveilleux abîmes.

J’aurais pu t’inviter au concert des oiseaux
Sur ce havre de paix, niché dans ma campagne.
Ils auraient fait hommage auprès de ma compagne
En des chants généreux transmis par les roseaux.

J’aurais pu tout cela, pour toi ma douce amie,
Et tellement encore afin de t’honorer
Au tableau de nos jours que l’on veut colorer
De tous les arcs-en-ciel, cette folle alchimie !

Mais dans l’instant, vois-tu, mon cœur a sa raison
Pour t’apporter ici cette rose éminente,
Enchâssée à l’envi, autant que fascinante
Et t’ouvrir, lumineux, le seuil de ma maison.