"Mur de poésie de Tours" 2001

Poètes français du présent

 

LA VENISE DU BERRY

 

"Venise du Berry", c’est ainsi qu’on t’appelle,

Ô mon pays !

Et la Gloire à ce nom piqua son immortelle
Quand George Sand rêvait au fond de tes taillis.

Le soleil est plus doux en tes prés, le feuillage
Des peupliers y penche un frémissant ombrage
Où l’oiseau de printemps se plaît à voltiger ;
Et sur la Creuse où flotte un rêve plus léger,
Les bateaux pleins d’amour, de rires et de femmes
Glissent dans la lumière au bercement des rames.
Tes couchants, dans mes yeux, ont laissé leur clarté,
Les fraises de tes bois ont coloré ma lèvre,
L’amour de George Sand m’apprit la volupté,
Musset la poésie où la douleur s’enfièvre,
Le romantisme épars en tes coins inconnus,
L’onde tiède où l’enfant agite ses pieds nus,
Les chemins détournés, presque noirs sous l’ombrage,
Le rocher où fleurit le rose œillet sauvage ;
Doux ensemble où le cœur s’élance à chaque pas,
Heureux de se donner, de sentir, heureux d’être ;
Et plus que mes parents me berçant dans leurs bras,
"Venise du Berry", c’est toi qui me fis naître.

 

Extrait de "Toute vie a son charme"

 

Gisèle BARBOTIN

(1900 - 1958)

 

Poème écrit à la gloire d’Argenton-sur-Creuse

 

Poétesse de la nature et de l’amour, Gisèle BARBOTIN est née à Argenton-sur-Creuse. Elle a eu soif toute sa vie de connaissances littéraires, depuis les poètes anciens jusqu’aux contemporains. Elle est reçue à l’Académie du Centre et devient membre de la Société des Gens de Lettres en 1928. Elle publie deux recueils "Toute vie a son charme" fin 1933 et "La Douleur dans l’Amour" en 1935. Gisèle Barbotin a un style proche de Anna de Noailles et de Marceline Desbordes-Valmore.