Tant je l’aimai qu’en elle encor je vis,
Et tant la vis que, malgré moi, je l’aime.
Le sens et l’âme y furent tant ravis
Que l’œil faut que le cœur la désaime.
Est-il possible en ce degré suprême
Que fermeté son outrepas révoque ?
Tant fut la flamme en nous deux réciproque
Que mon feu luit quand le sien clair m’appert ;
Mourant le sien, le mien tôt se suffoque,
Et ainsi elle en se perdant me perd.
Maurice SCÈVE
(1501 - 1560)
Illustré par une peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER.
Ce poète connu surtout à Lyon de son vivant, était un psalmiste réputé : il a traduit en particulier deux psaumes de David. Savoir et lyrisme caractérise son œuvre. En 1544, paraît la "Délie", poème d’espérance à la gloire du grand amour de sa vie. Il a aussi écrit "La Saulnaye" et "Le Microcosme", long poème religieux et cosmologique.
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