"Mur de poésie de Tours" 2001

Poètes français du passé

 

L'HOSPITALITÉ

 

Il pleut, il pleut, bergère,
Presse tes blancs moutons,
Allons sous ma chaumière,
Bergère, vite, allons.
J'entends sous le feuillage
L'eau qui tombe à grand bruit ;
Voici, voici l'orage,
Voici l'éclair qui luit.

Bonsoir, bonsoir, ma mère,
Ma sœur Anne, bonsoir !
J'amène ma bergère
Près de nous pour ce soir.
Va te sécher, ma mie,
Auprès de nos tisons.
Sœur, fais-lui compagnie ;
Entrez, petits moutons.

Soupons : prends cette chaise,
Tu seras près de moi ;
Ce flambeau de mélèze
Brûlera devant toi :
Goûte de ce laitage ;
Mais tu ne manges pas ?
Tu te sens l’orage ;
Il a lassé tes pas.

Eh bien, voici ta couche ;
Dors-y jusques au jour ;
Laisse-moi sur ta bouche
Prendre un baiser d'amour.
Ne rougis pas, bergère :
Ma mère et moi, demain,
Nous irons chez ton père
Lui demander ta main.

 

Philippe FABRE D'ÉGLANTINE

(1750 - 1794)

 

 

Peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER illustrant le poème L'HOSPITALITÉ de Philippe FABRE D'ÉGLANTINE.

Illustré par une peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER.

 

Poète et homme politique français, il fut député montagnard à la Convention. Il créa le calendrier républicain. Il fut guillotiné en même temps que Danton. Il est l'auteur de romances populaires dont "Il pleut, il pleut, bergère".