"Mur de poésie de Tours" 2001

Poètes français du passé

 

LES SÉPARÉS

Peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER illustrant le poème LES SÉPARÉS de Marceline DESBORDES-VALMORE.

 Illustré par une peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER.

N'écris pas ! Je suis triste, et je voudrais m'éteindre ;
Les beaux étés, sans toi, c'est l'amour sans flambeau.
J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre ;
Et, frapper à mon cœur, c'est frapper au tombeau.

N'écris pas !

N'écris pas ! N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes.
Ne demande qu'à Dieu… qu'à toi si je t'aimais.
Au fond de ton silence écouter que tu m'aimes
C'est entendre le ciel sans y monter jamais.

N'écris pas !

N'écris pas ! Je te crains ; j'ai peur de ma mémoire ;
Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent.
Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant.

N'écris pas !

N'écris pas ces deux mots que je n'ose plus lire :
Il semble que ta voix les répand sur mon cœur,
Que je les vois briller à travers ton sourire ;
Il semble qu'un baiser les empreint sur mon cœur.

N'écris pas !

 

Marceline DESBORDES-VALMORE

(1786 - 1859)

 

Née à Douai, elle est emmenée par sa mère à la Guadeloupe mais celle-ci y meurt presque aussitôt. Elle devient cantatrice et a un fils qui meurt à cinq ans. Elle épouse ensuite le comédien Prosper Lanchantin, dit Valmore, dont elle aura quatre enfants. Cette femme de lettres française a écrit pendant toute sa vie, principalement des poésies élégiaques ("Élégies et Romances", "Élégies et poésies nouvelles", "Poésies","Les Pleurs", "Pauvres Fleurs"). Admirée par Lamartine, Victor Hugo, Baudelaire, elle meurt pourtant seule et oubliée.