Entre leurs quatre murs, les tombes alignées
Sont presque dérobées à la vue des passants,
Pressés, ou bien flâneurs, toujours indifférents,
La mort en ce champ clos
Mêle la vanité aux regrets éternels,
Et la banalité aux fleurs artificielles ;
Les cimetières des villes sont tristes à pleurer.

J'aime les cimetières silencieux et tranquilles,
Loin des vaines rumeurs et des bruits de la ville ;
J'en connais un, très vieux, tout au bout d'un village,
Entre un chemin de terre et un grand champ de blé.
Dans ses allées herbeuses, où la menthe sauvage
Pousse avec l'églantier j'aime à cheminer.
Pas de bronze orgueilleux, de mausolée de marbre,
De simples pierres grises, à l'ombre des grands arbres,
Où des noms effacés se devinent encore.
Je ralentis le pas, mon regard se promène
Sur des photos pâlies et des tombes anciennes.
Ils me sont familiers, tous ces morts inconnus
Qui me sont étrangers ; je me sens proche d'eux…
Le lieu est presque gai sous le soleil radieux
Ici, nulle tristesse car la vie est présente,
Les abeilles y butinent, et les oiseaux chantent,
Une cloche au lointain lance un appel sonore ;
Dans ce coin de nature je reviendrai encore.
Mais vers le bruit, la ville il me faut repartir ;
Là où les cimetières sont tristes… à mourir !