Les oiseaux ont frappé trois coups : lent, se lève
le Rideau pourpre et pâle de l'aube : un jour gris
sur la Scène apparaît, Costume et Masque aigris,
éphémère Figurant du Temps, dont la sève

fait fructifier l'Arbre-Poème en son verger
de Solitude et de Silence aux nuits lustrales
où les Rêves-troupeaux vers les Alpes astrales
s'élèvent, guidés par l'Étoile du Berger.

Un zeste banal d'orange-soleil arpente
des ruines d'horizon, vieux touriste fatal,
puis, ennuyé soudain de l'Orient natal,
tâche de se glisser sur le toit que charpente

un lattis de nuages gris que les corbeaux
cloutent de noir au rythme des Ballades sombres
que François composait (vif ou mort ?) pour ses Ombres
en son siècle de flamme et de hart…

ou laids, retourneront poussière au Sablier
du Temps, - mais notre esprit (s'il n'est pas périssable)
laissera-t-il (peut-être) un sillon dans le sable
des déserts les plus purs - qu'on ne peut oublier ?…

Midi. Des vieux soleils, usés jusqu'à la trame,
ont gravi, tous perclus de rhumatismes d'or,
les zéniths effondrés où le Cosmos s'endort,
fatigué de jouer toujours le même Drame.

Sieste des bois et des champs dans les enfers vides
des étés dénudés par des Rêves d'Ailleurs.
Sur la Scène se meurt, sous les rires railleurs
de Spectateurs aux applaudissements livides,

le Fantôme d'un jour, empoisonné par la
réminiscence évanescente des ciguës
- et de n'avoir pas compris les phrases ambiguës
lorsqu'à Delphes la Mort en Vérité parla.

Un Fantôme falot esquisse un soir qui tombe
sur l'apaisement faux des Océans-Requins.
Et les Masques de Mort couvent des arlequins
dont le sourire noir sculpte un Rêve de tombe…