BALLADE DU TAUREAU
Dans les marais d'herbe fournie
Tombent les rayons en biais
D'un soleil à son agonie,
En Provence, grand sud français.
Au centre du troupeau épais,
Libre, roi des vaches et des bœufs,
Le taureau, maître sans excès,
Hoche deux oreilles et la queue.
Isolé de la colonie.
Le roi est sorti du marais.
Alors, les gardians qui manient
La longue perche le soustraient
Du troupeau, le privent à jamais
De liberté. Rendu hargneux,
L'animal aigri, l'œil mauvais,
Dresse deux oreilles et la queue.
Le maître de cérémonies
Fait signe. Bientôt, sous l'effet
Des piques puis des banderilles,
Le taureau est mis en arrêt.
Enfin, le matador, de près,
joue de la muleta. Fougueux,
L'animal blessé, l'œil défait,
Baisse deux oreilles et la queue.
Grand prince des prés, des marais,
Ici, le vainqueur des banlieues,
Noyé d'un tumulte niais,
Abat deux oreilles et la queue.
Gina NOËL
Madame le Docteur Georgine NOËL, 57 rue de Chiny, 6730 ROSSIGNOL, BELGIQUE