RÉVEIL

 

À peine un cri de coq a-t-il porté la flamme

Au flanc du château d'ombre et des pans de noirceurs

Devant lesquels s'étend, pour qu'y trône mon âme,

Un désert engendré par l'absence de pleurs,

 

Que le soleil dansant abat toute sa gamme

Sur mes tours, mes miroirs, mes perles sans couleurs,

Et découvrant mon sein y fait rugir sa lame

À l'endroit où rouillait le fer des Sept Douleurs.

 

À regret j'abandonne une mélancolie

Qu'embellissent le marbre, et les chaînes d'argent,

Et moissonne les fards cruels de l'incendie.

 

Malgré ce que j'emprunte à ce trésor changeant

Pour rehausser de sang une lèvre adorée,

Je ne ramène au jour qu'une morte parée.

 

André ROLLAND DE RENÉVILLE

 

Poète né à TOURS au début du XX° siècle, Rolland de RENÉVILLE est décédé en 1962. Il fut l’une des figures essentielles de la revue " Le Grand Jeu ". Il a écrit des essais dont " L'expérience poétique ", " Rimbaud le voyant ", " La poésie et ses raisons ", … Il a aussi préfacé les œuvres complètes de RIMBAUD dans les éditions de La Bibliothèque de La Pléiade et a publié des livres de poèmes chez de grands éditeurs français, dont " Les ténèbres peintes ", " La nuit, l'esprit ". Essayiste et poète, il écrit dans un style lumineux, spirituel et charnel, tendant vers la philosophie. Il a dit : " La poésie doit être l’homme total. Son rôle est de développer notre conscience sur tous les plans de l’univers, et de nous permettre par là-même, l’identification. "