L'hiver froid et glacial a déployé ses ailes,

Dépouillé la forêt de ses derniers feuillages,

Apporté dans sa suite une traîne de neige,

Couvert d'un blanc manteau les vastes pâturages.

Les arbres alentour se courbent sous le givre,

La rivière verglacée, s'accroche à ses rives,

La terre labourée revêt une cuirasse,

Tout le long des chemins, des congères s'entassent.

La lune nous observe au travers d'un miroir,

L'eau se change en Iceberg dans les grands abreuvoirs,

Un vent froid, audacieux, avide d'aventure,

Soulève violemment les tuiles des toitures.

L'Hiver a assiégé les villes, les campagnes,

Posé son chapiteau, implanté son décor,

Le cristal illumine les crêtes des montagnes

D'illusoires diamants, d'éphémères trésors.

Dans l'enceinte du Port, enserrés dans la glace

Les bateaux de pêche sont immobilisés.

Au fond de l'Océan, les thons et les rascasses

Profitent de l'exil, des pêcheurs prisonniers.

Les grands sapins larmoient d'étranges stalactites,

Les roseaux rabougris, expirent dans le froid,

Les grives dans leurs nids se sont faites petites,

Et les vieux bûcherons ont déserté les bois.

Les braves paysans emmitouflés de laine

Se sont vite empressés d'entasser foins et graines,

Ils ont, dans les hangars, entreposé la paille,

Rentré aux écuries, tout le précieux bétail.

Ils se sont rassemblés près de la cheminée,

Ont jeté quelques bûches, attisé le brasier,

Et tandis que le vent gémit dans la soupente,

Ils trempent leur pain dur, dans la soupe fumante.

L'Hiver qui s'annonce sera long, rigoureux,

II sonnera le glas à bien des petits vieux,

Qui ne reverront plus fleurir les perce-neige,

Ni les premiers bourgeons s'épanouir au Soleil.