LE VERGER DE MME DE WARENS
(Extrait)
Verger cher à mon cœur, séjour de l’innocence,
Honneur des plus beaux jours que le ciel me dispense.
Solitude charmante, Asile de la paix ;
Puissé-je, heureux verger, ne vous quitter jamais.
Ô jours délicieux coulés sous vos ombrages !
De Philomèle en pleurs les languissants ramages,
D’un ruisseau fugitif le murmure flatteur,
Excitent dans mon âme un charme séducteur.
J’apprends sur votre émail à jouir de la vie :
J’apprends à méditer sans regrets, sans envie
Sur les frivoles goûts des mortels insensés.
Leurs jours tumultueux l’un par l’autre poussés
N’enflamment point mon cœur du désir de les suivre.
À de plus grands plaisirs je mets le prix de vivre ;
Plaisirs toujours charmants, toujours doux, toujours purs,
À mon cœur enchanté vous êtes toujours sûrs.
…
Jean-Jacques ROUSSEAU
(1712 - 1778)
Né à Genève, ce philosophe et écrivain de langue française est surtout connu pour ses " Discours sur les sciences et les arts ", " Sur l’origine et le fondement de l’inégalité parmi les hommes ", pour ses œuvres philosophiques " Du contrat social " , " Émile ", romanesques " Julie ", " La Nouvelle Héloïse ", et autobiographiques " Confessions ", " Rêveries du promeneur solitaire ". Ses poèmes sont peu connus. Celui-ci parle de Madame De Warens qui l’a accueilli chez elle alors qu’il était seul et sans famille, pour continuer son éducation.
Une rue de Tours porte son nom.
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