LE GLORIEUX

 

 

En sondant votre cœur, j’ai frémi, j’ai tremblé.

Mais, malgré votre orgueil, la nature a parlé.

Qu’en ce moment pour moi ce triomphe a de charmes !

Je dois donc maintenant terminer vos alarmes,

Oublier vos écarts qui sont assez punis.

Mon fils, rassurez-vous. Nos malheurs sont finis.

Le Ciel, enfin pour nous redevenu plus propice,

A de nos ennemis confondu la malice.

Notre auguste monarque, instruit de mes malheurs

Et des noirs attentats de mes persécuteurs,

Vient par un juste arrêt de finir ma misère.

Il me rend mon honneur ; à vous il rend un père

Rétabli dans ses droits, dans ses biens, dans son rang,

Enfin dans tout l’éclat qui doit suivre mon sang.

J’en reçois la nouvelle. Et ma joie est extrême

De pouvoir à présent vous l’annoncer moi-même.

 

Extrait de " Le Glorieux ", comédie en cinq actes, Acte V, Scène VI et dernière

 

Philippe NÉRICAULT dit DESTOUCHES

(1680 - 1732)

 

Cet auteur dramatique français est né à Tours. Il a écrit des comédies moralisatrices " Le Curieux impertinent ", " L’Ingrat ", " L’Irrésolu ", " Le Médisant ". L’Académie Française le choisit en 1723. Il écrit ensuite " Le Triple mariage ", " L’Obstacle imprévu ", " Le philosophe marié " qui fut un succès comique. Son style est élégant et facile. En 1732, paraît " Le Glorieux " qui est considéré comme le chef d’œuvre de sa création. D’autres pièces suivront dont " L’Enfant gâté ", " Le Mariage de Colin et de Ragonde ", … Ses vers les plus célèbres sont " Chassez le naturel, il revient au galop " et " La critique est aisée et l'art est difficile ".

 

Une rue de TOURS porte son nom, dans le quartier des Halles.