Le père est mort, la veuve et son frêle enfant rose,

Après avoir pleuré longtemps sur le cercueil,

Restèrent mornes, froids ; une terrible chose :

La tristesse sans larme, accompagna le deuil.

 

L’enfant qui, chaque jour, voyait souffrir sa mère

- L’enfant qui vit de jeux, d’amour, de joyeux cris -

Devint pâle, maigrit, puis sa fine paupière,

Brûlante, retomba sur ses yeux alourdis.

 

Au chevet du lit blanc, nuit et jour éveillée,

La veuve demeura longtemps agenouillée,

Vers l’ange qui calma son cœur endolori.

 

Et un matin de mai, que les fleurs étaient belles,

Que des milliers d’oiseaux chantaient sous les tonnelles

La mère eut un sourire, et l’enfant fut guéri.

 

 

Paru en 1888 sous la signature de René-Marie

 

René TARDIVEAU dit René BOYLESVE

(1867 - 1926)

 

Né à La Haye-Descartes en Indre-et-Loire, René TARDIVEAU passa sa jeunesse en Touraine. Elle inspirera ses premiers romans qui décrivent la vie provinciale : " Le médecin des dames de néans ", " Mademoiselle Cloque ", " La leçon d’amour dans un parc ", " L’enfant à la balustrade ", … tous publiés sous le nom de René BOYLESVE. Il entre à l’Académie française en 1918. Il écrivit des poèmes mais c’est en tant que romancier qu’il sera connu et apprécié, en particulier d’écrivains de son temps comme Marcel PROUST.

 

Une rue et un jardin de Tours (place de Strasbourg) portent son nom.