TOBIE

 

Légende biblique en vers, en cinq tableaux

 

(Extrait)

 

 

Ne t'agenouille pas, pour que, sans me baisser,

Une dernière fois je puisse caresser

Tes cheveux et ta joue… Ah ! ces tristes murailles

Vont pleurer jour et nuit l'enfant de mes entrailles !

Peut-être, ô mon cher fils, lorsque tu reviendras,

Ne serai-je plus là pour serrer dans mes bras,

Pour couvrir de baisers, pour baigner de mes larmes

L'enfant de notre amour, source de tant d'alarmes ;

L'Éternel Dieu, peut-être, aura guidé mes pas

Au pays ténébreux d'où l'on ne revient pas.

Ainsi, garde en ton cœur mes paroles suprêmes.

Honore chaque jour, bénis comme tu l'aimes

Celle qui t'a porté, mon fils, avec douleur,

Puis nourri de son lait, préservé dans ta fleur,

Enveloppé d'amour, de soins et de caresses ;

Et, plus tard, si la mort l'enlève à tes tendresses,

Ferme pieusement ses yeux, pleure-la bien,

Et mets dans le tombeau son corps tout près du mien.

 

 

Maurice BOUCHOR

(1855 - 1929)

 

Né et mort à Paris, Maurice BOUCHOR est un écrivain et poète d'origine provençale. Il écrivit " Théâtre pour jeunes filles ", " Drames pour marionnettes " et des recueils de poèmes dont " Chansons joyeuses ", " Les poèmes de l'amour et de la mer ", " Contes parisiens en vers ", " Chants populaires pour les écoles ". Ayant d'abord chanté la joie de vivre, il se tourna ensuite vers la morale et la philosophie pour tendre vers un spiritualisme général et un culte à la beauté.

 

Une rue de Tours porte son nom.