Native du taureau, tel était mon destin !

En ce monde agressif, je dus prendre ma place,

Je me suis défendue une plume à la main,

En versifiant mes mots, pour que rien ne s'efface.

Un ancêtre Espagnol me donna le sang vif

D'un taureau de combat qui fonce dans l'arène.

C'est pourquoi je détiens ce pouvoir impulsif

Qui me fait piaffer d'aise au milieu de la scène !

J'accepte, sans broncher, les cris, les désaccords !

Même les quolibets, sont mots qui m'émoustillent ;

Quand je vois des jaloux, voulant ma mise à mort

Je laisse sur ma peau glisser les banderilles.

Je suis la bête ou l'homme, et parfois les chevaux,

Dans cette foule en liesse insensible inhumaine...

Mais comme un matador quand j'entends les bravos,

Je sens que vibre en moi la fibre madrilène.

Pour vivre allègrement, poète ou bien taureau,

II faut savoir se battre ou mordre la poussière,

Faire acte de bravoure en face du bourreau

Et finir en beauté quand vient l'heure dernière.