Esseulée, giflée dans la mouvance des brises,

Son germe est un hasard dans la terre virée

Par des mouettes passant qui ont tout ignoré.

Sa hampe se redresse, douloureuse, fragile

Comme l’ombre captive et qui meurt en exil

Dont l’espoir d’autres vies sans cesse s’amenuise.

Elle ne connaîtra pas les marigots épars

Baignant de temps à autre les fleurs tropicales ;

Son désir de grainer restera monacal.

Quand la grève est en lais, quand la marée se hausse

Rien ne change pour elle et son champ, le blockhaus

L’isole constamment des embruns qui s’égarent.

Pourtant quand vient le soir le regard du marcheur

Ne peut que se charmer de la métamorphose

Du rivage teinté sous le soleil qui meurt.

De son socle de guerre, on dirait du grès rose.

Patrick BECAVIN

L'Ougerie

36290 VILLIERS