L’AMOUR PASSIONNÉE DE NOÉMIE
Je l’oeilladais, mi-nue, échevelée,
Par un pertuis dérobé finement ;
Mon cœur battait d’un tel débattement
Qu’on m’eût jugé comme en peur déréglée.
Or j’étais plein d’une ardeur enflammée,
Ore de glace en ce frissonnement ;
Je fus ravi d’un doux contentement,
Tant que ma vie en fut toute pâmée.
Là folâtrait le beau soleil joyeux,
Avec un vent (zéphire gracieux)
Parmi l’or blond de sa tresse ondoyante,
Qui haut volante ombrageait ses genoux.
Que de beautés ! mais le destin jaloux
Ne me permit de voir ma chère attente.
(1597)
Marc PAPILLON DE LASPHRISE
(1555 - 1599)
Ce hardi capitaine profite des trêves de guerre pour faire preuve de son audace amoureuse et la traduire en vers comme dans "Les Amours de Théophile", "L’Amour passionnée de Noémie"… Ces recueils se caractérisent par la précision sensuelle, la franchise des désirs mais aussi la vivacité du ton et la témérité des exercices formels. Il sera réhabilité après une période d’oubli, en 1870, par Prosper BLANCHEMAIN.
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