"Mur de poésie de Tours" 2000

Poètes espagnols

 

REPRESÉNTASE LA BREVEDAD DE LO QUE SE VIVE Y CUÁN NADA PARECE LO QUE SE VIVIÓ

 

¡ Ah de la vida !… ¿ Nadie me responde ?
¡ Aquí de los antaños que he vivido !
La Fortuna mis tiempos ha mordido ;
Las Horas mi locura las esconde.

¡ Que sin poder saber cómo ni adónde
La salud y la dedad se hayan huido !
Falta la vida, asiste lo vivido,
Y no hay calamidad que no me ronde.

Ayer se fue ; mañana no ha llegado ;
Hoy se está yendo sin parar un punto :
Soy un fue, y un será, y un es cansado.

En el hoy y mañana y ayer, junto
Pañales y mortaja, y he quedado
Presentes sucesiones de difunto.

 

Francisco de QUEVEDO y VILLEGAS

(1580 - 1645)

 

Laid, boiteux, il eut deux passions, la politique et l’écriture. Poète du sublime et de la dégradation grotesque, Francisco de QUEVEDOS y VILLEGAS incarne les contradictions de la grande décadence de l’Espagne.

 

REPRÉSENTE-TOI LA BRIÈVETÉ DE CE QUE L’ON VIT ET LE PEU QUE PARAÎT ÊTRE CE QUE L’ON A VÉCU

 

Ho de la vie ! Personne ne me répond ?
Ici, le passé que j’ai vécu !
La fortune a rongé mes ans ;
Les Heures, ma folie les cache.

Quoi ! Sans pouvoir savoir ni où ni comment
La santé et l’âge ont fui !
La vie manque, seul le vécu subsiste,
Il n’y a pas de calamité qui ne me ronge.

Hier s’en est allé ; demain n’est pas encore là ;
Aujourd’hui s’en va sans s’arrêter un instant :
Je suis le passé, et le futur, et le présent las.

Aujourd’hui, demain et hier, j’unis
Les langes au linceul, et de moi, restent
Seulement les successions du jour d’un mort.

 

Traduction de Catherine RÉAULT-CROSNIER