"Mur de poésie de Tours" 2000

Poètes d'Europe et du monde

 

MUR

 

D'où vient ce tourment qui m'exaspère,
La vie porte en moi un goût si amer.
Je voudrais tant d'amour être passionnée
Mais aujourd'hui ce trouble de ne point savoir aimer
M'a emmurée ! C'est mon cœur qui erre,
C'est mon âme qui se perd.
Sommeil qui t'enfuis si cruellement,
Permets-moi le repos un instant.
Laisse-moi retrouver Morphée
Sans qui je ne puis me retrouver.
Que cette nuit soit mon salut
Et que mon cœur ait retenue.
Quel trouble si cruel,
Pour de moi en avoir fait sa belle !

 

 

LA DÉCEPTION

 

Fine cruelle, épargne ma mémoire
D'une souffrance à laquelle je ne veux croire.
Toi qui jadis t'étais si bien cachée,
Daigne éviter mon enveloppe encore charmée
Par l'oiseau mural qui s'envole,
Les ailes du non-retour à son col.
Laisse-moi croire aux souvenirs
D'un rêve qu'on laisse durement mourir
Afin d'éviter que la pointe de l'acier
Ne pénètre trop vite en mon cœur brisé,
Reste à l'abri, daigne demeurer...

Laisse-moi oublier cette liberté qui se pâme,
Fière de briser ses attaches
Comme ce mur de nos mains la peau arrache.

Fuis ce béton, ruisseau si sombre,
Avant que la vie ne devienne que mon ombre...

 

 

LA LARME

 

Charmeuse, sa caresse pique l'orée du miroir,
Rougit, discrète contre ce froid dur dans le noir,
Oublie soudain son refuge de la veille,
Coule alors incapable insolente et sans pareille.
Ondulant sous un tourment indécis, frémit un cil,
Donne et tremble à son poids, l'imbécile !
Il ignore que la rage en elle bouillonne.
Le torrent s'élance, libre, tonne.
Elle se noie dans l'océan d'un gris trompeur.

 

Irène WARTENWEILER

 

Poète suisse contemporain.