INFINIMENT
Les chiens du désespoir, les chiens du vent d’automne
Mordent de leurs abois les échos noirs des soirs,
Et l’ombre, immensément, dans le vide, tâtonne
Vers la lune, mirée au clair des abreuvoirs.
De point en point, là-bas, des lumières lointaines,
Fixes. Et par-dessus, toujours, comme des voix,
À travers l’infini des marais et des plaines,
Des voix, nocturnement, à travers les grands bois.
Et des routes de soir continûment unies,
Qui se croisent, ainsi que des voiles, sans bruit,
Et s’allongent et s’écoulent indéfinies
Par au-delà des loins et des loins de la nuit.
Extrait de "Les Soirs"
Émile VERHAEREN
(1855-1916)
Poète belge d’expression française, il est l’auteur de contes, de critiques littéraires, de pièces de théâtre. Il évolua du naturalisme, "Les Flamandes", vers le mysticisme, "Les Flambeaux noirs". Puis il célébra la poésie de la foule et des cités industrielles, "Les Villes tentaculaires", "Les Rythmes souverains" sans oublier son pays natal avec "Toute la Flandre".
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