MADAME LA TULIPE
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Juliette JOLLY lisant ce poème de son mari. |
Madame la Tulipe,
Vous êtes belle !
Votre feuille large, ferme, verte
Vous donne la grâce.
Votre tige longue, droite et verte aussi
Vous donne la noblesse
Et votre fleur charnue vous donne la beauté.
Cette fleur, vous la parez de robes si diverses !
Du blanc trop virginal d'une jeune mariée,
Jusqu'au voile trop noir que portent les ténèbres,
En passant par le rouge d'un bouvreuil,
Le jaune d'un canari,
(Bouvreuil et canari se pouvant mélanger)
Le rose de l'amour,
La douceur de la mauve,
Les couleurs chamarrées de l'aurore,
Et celles plus riches encore
D'un perroquet ou d'un soleil couchant,
Et le violet profond
Qui seyait autrefois au deuil.
Vous semblez d'abord toute timide
Dans la fraîcheur d'un beau matin
Et sur vous-même refermée
Comme une poire ;
Puis vous vous entr'ouvrez comme une bouche
Dans l'échange d'un baiser d'amour ;
Puis vous vous offrez grande ouverte
Pour montrer votre pistil,
Comme s'ouvre un écrin,
Comme s'ouvre un corsage,
Pour montrer de très jolies choses.
Madame la tulipe,
Vous êtes très belle,
Oui, vous êtes belle comme une femme :
C'est pour cela que je vous aime,
MADAME !
Robert JOLLY
(1916 - 1995)
Né à Redon, Robert JOLLY a pratiqué la poésie dès sa jeunesse puis à la retraite. En 1991, il a été lauréat de la Société des Gens de Lettres de France. Il était membre fondateur de l’Académie Octaède, vice-président d’Art-et-Poésie de Touraine. Il a édité trois recueils de poésie. Un livre est paru à titre posthume, "Entre les mains du rêve - Fables et gaudrioles".
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