Dans le cadre de l’exposition annuelle d’Art et Poésie de Touraine,
au Manoir de la Tour, à Saint-Cyr-sur-Loire

Le dimanche 20 octobre 2019,

 

conférence de Catherine Réault-Crosnier

 

LÉONARD DE VINCI,

un écrivain énigmatique

(1452 – 1519)

 

 

Léonard de Vinci est né sous le sceau de l’énigme comme va vous le montrer cette conférence, énigme de sa naissance, de ses écrits, de ses tableaux comme la célébrissime « La Joconde », énigme de ses recherches si en avance sur son temps, de ses facultés d’imagination, de sa célébrité si ambiguë de son vivant, énigme de sa migration en Touraine qui nous a valu cette fierté d’avoir pendant trois ans et jusqu’à sa mort, ce chercheur adulé du roi François Ier.

Qui n’a pas admiré cet homme aux talents si divers, si modernes, si créatifs, si originaux ? Comment le qualifier ? Est-il peintre, dessinateur, sculpteur, architecte, scientifique, chercheur, musicien, anatomiste, inventeur ? Certainement un peu de chacune de ses professions et d’autres encore !

« Si tu veux être écrivain, sépare le verbe de la chair. » nous dit Léonard de Vinci (cité par Gonzague Saint Bris, L’enfant de Vinci, p. 405), homme de Lettres méconnu, très productif, philosophe, fabuliste… C’est principalement cette facette de cet homme illustre que nous allons mettre en valeur à travers cette analyse en la reliant à sa vie en Touraine, au Clos Lucé, gentilhommière du XVème siècle située sur la commune d’Amboise.

 

Sa biographie :

Léonard est né le 15 avril 1452, dans un petit village de Toscane, Vinci. Il est le fils naturel de ser Piero da Vinci, notaire et de Catarina, une paysanne dont on ne sait presque rien. Son père se marie la même année avec une autre jeune fille de seize ans, Albiera Amadori. Ne pouvant avoir d’enfant légitime, il reprend son fils lorsqu’il a cinq ans (Gonzague Saint Bris, Léonard de Vinci, p. 18).

Très tôt, Léonard de Vinci se fait remarquer par ses dons en mathématiques, en perspective, en sculpture et en dessins.

Il joue de la lyre et puis l’enseigne (à Atalante Migliorotti). (Vie de Léonard de Vinci par l’anonyme Gaddiano vers 1540, Traité de la peinture, p. 26) Il construit un luth « en argent pour l’essentiel, sous la forme singulière et inédite d’un crâne de cheval, en vue d’obtenir une harmonie plus puissante et une meilleure sonorité ; il surpassa ainsi tous les musiciens réunis. Il était en outre le meilleur improvisateur de son temps en poésie. » (Vie de Léonard de Vinci par Giorgo Vasari en 1550, Traité de la peinture, p. 34). Il loue d’ailleurs la musique « sœur cadette de la peinture car elle est soumise à l’ouïe, sens second de l’œil, » (Éloge de l’œil, p. 36).

Léonard entre dans l’atelier de Verrochio, l’un des plus importants de la ville, en 1465 selon Gonzague Saint Bris (L’enfant de Vinci, p. 135), ou en 1469 selon Giorgo Vasari (Traité de la peinture, p. 30, note 20), donc entre treize et dix-sept ans. Il a alors pour patron, Laurent le Magnifique. Léonard se présente comme « artisan, mécanicien, peintre, sculpteur, mathématicien, musicien. » (Pierre Huard dans Dessins anatomiques, p. 9) Il restera là, une dizaine d’années et côtoiera des artistes talentueux dont Boticelli, Perugino et Lorenzo di Credi (Gonzague Saint Bris, Léonard de Vinci, p. 19).

Sa vie privée reste énigmatique et je pense qu’il le souhaitait. Il écrit d’ailleurs : « la passion intellectuelle met en fuite la sensualité. » (Gonzague Saint Bris, Léonard de Vinci, p. 23)

Pour être plus précis dans sa peinture, il dissèque des corps humains et fait des croquis, des os, des muscles, des tendons, imagine la tension des muscles selon les mouvements, ce que nous trouvons dans les dessins de ses carnets d’une précision remarquable (Les Carnets, tome I, éd. 1942, p. 123 et 124). Pour lui, l’observation est indispensable pour comprendre et faire des découvertes :

« Il avait appris, dans les écoles des médecins, à disséquer les cadavres des criminels, malgré le caractère inhumain et dégoûtant de ce travail, afin de peindre les flexions et les efforts des différents membres selon l’action des muscles et l’ordre naturel des articulations. », nous dit Paul Jove dans sa Vie de Léonard de Vinci. (Traité de la peinture, p. 24)

« L’expérience ne se trompe jamais, ce sont nos jugements qui se trompent, quand ils attendent d’elle des choses qu’elle n’a pas le pouvoir de faire. » (Maximes, fables et devinettes, p. 19)

Vers 1478, il dessine ses premières machines de guerre. Très fort pour l’artillerie et les jeux d’eau et autres créations curieuses, il ne cesse d’imaginer de nouvelles inventions et de les proposer mais peu d’entre elles furent réalisées en pratique (Vie de Léonard de Vinci par l’anonyme Gaddiano vers 1540, Traité de la peinture, p. 26).

De son premier séjour à Milan à partir de 1482, il laisse deux œuvres capitales, « La Vierge aux rochers » (1483) et « La Cène ». Cette dernière peinte à Milan entre 1495 et 1497 se caractérise par la majesté des visages des apôtres mais celui du Christ est resté inachevé. On dit que Léonard ne pensant pas pouvoir lui conférer un aspect divin, préfère le laisser juste esquissé (Vie de Léonard de Vinci par Giorgo Vasari en 1550, Traité de la peinture, p. 35). De nombreuses œuvres de Léonard resteront inachevées. L’écrivain russe Dmitry Mérejkowsky écrit à ce sujet :

« Il poursuit tout le temps l’insaisissable, ce que la main humaine, – quel que soit l’infini de son art, – ne peut exprimer. Voilà pourquoi presque jamais il n’achève ses œuvres. » (Dmitry Mérejkowsky, La vie passionnée de Léonard de Vinci, p. 115)

De 1485 à 1489, Léonard entreprend son tableau, « La dame à l’hermine ».

Il est aussi l’ordonnateur des fêtes de la cour de Milan (de 1482 à 1499) ; lorsqu’il se présente, il donne ses compétences dont celle de savoir organiser des fêtes somptueuses dans la minutie des détails comme le montre cet extrait sur les costumes :

« Pour faire un beau costume, prendre de la toile fine, l’enduire d’une couche de vernis odoriférante à base de Térébenthine et de vernis ; passe-la avec un patron de millet noir et le fond de millet blanc. » (Traité de la peinture, p. 164)

Employé par Laurent le Magnifique, il travaille à nouveau à Florence (de 1503 à 1507). Il peint son célèbre tableau « La bataille d’Anghiari ». Il reste ensuite plusieurs années au service de différents mécènes. (Vie de Léonard de Vinci par l’anonyme Gaddiano vers 1540, Traité de la peinture, p. 26)

Entre 1501 et 1506, il crée son célèbre portrait de la Joconde, ou Mona Lisa, qui est une énigme autant par son sourire que par son origine contestée. Est-ce le portrait de sa mère, d’une femme mariée, d’un homme travesti ? Pour ma part, j’envisage mais sans preuve, que ce tableau est peut-être à la fois le portrait de sa mère et le sien car il y a des proximité avec les portraits de lui âgé. Il aurait pu ainsi rendre hommage à celle qui lui a donné la vie et l’a élevé jusqu’à l’âge de cinq ans, avant que son père le reprenne, n’ayant pas d’enfant. Les érudits ne sont pas d’accord entre eux ; ce qui est sûr, c’est que Léonard aimait beaucoup ce tableau puisqu’il fait partie des trois qu’il emporta en France (Gonzague Saint Bris, Léonard de Vinci, p. 43) :

« Tout le travail de l’artiste était de faire apparaître la lumière intérieure qui éclaire notre âme et j’ai toujours pensé que le visage de la Joconde ressemblait à une lampe d’albâtre. », nous confie Gonzague Saint Bris dans son roman initiatique L’enfant de Vinci (p. 33 et 34) où il retrace des morceaux de son enfance au fil d’une enquête énigmatique. En effet personne ne reste indifférent devant le visage de « La Joconde ». Quelle part de notre intériorité met-elle en jeu pour si bien capter notre attention ? Pourquoi retient-elle tant notre curiosité et reste-t-elle si moderne, d’une beauté hors du temps ?

Il retourne à Milan de 1506 à 1513. Il réalise son tableau, « La Vierge et Sainte Anne avec l’enfant Jésus ». Il vit avec peu d’argent mais ce n’est pas son problème. Pourtant il lui faut un protecteur ; il choisit alors le plus offrant, César Borgia pendant deux ans – « qui le nomma ingénieur en chef des armées » – (Stendhal, Histoire de la peinture en Italie, p. 281), Charles d’Amboise (1506), lieutenant général du roi de France en Milanais (après 1501), Louis XII (1507) puis François Ier (en 1516).

Il sera à Rome, de 1513 à 1516, il a alors pour patron Julien II de Médicis puis le pape Léon X. En 1513, Léonard peint son « Saint-Jean-Baptiste ».

Dans la dernière partie de sa vie, il prendra un compagnon, Francisco Melzi (1491 – 1570) qui posera pour de nombreux tableaux. Il en fera son héritier. (Pierre Huard dans Dessins anatomiques, p. 14 et testament de Léonard de Vinci à la fin de « Textes choisis », p. 365)

Il y a plusieurs raisons au fait que Léonard de Vinci quitte sa terre natale. Tout d’abord, la jalousie de ses rivaux lui est difficile à accepter et les commandes sont plus souvent pour Michel-Ange et Raphaël qui finissaient leurs œuvres alors que lui, excelle dans l’inachevé. Ensuite l’appel du roi de France correspond à une reconnaissance et malgré les fatigues d’un voyage de trois mois à l’époque, il n’hésite pas à partir.

Il arrive au Clos Lucé à Amboise en 1516, à soixante-quatre ans ; il a alors pour patron François Ier pour lequel il fait des études d’ingénierie pour des canaux et propose des idées de fêtes somptueuses. Il meurt en 1519, à soixante-sept ans, au Clos Lucé : « Meurs et deviens dans ce qui survit de ton œuvre. » (Gonzague Saint Bris, L’enfant de Vinci, p. 383). Ainsi Léonard de Vinci reste proche de nous, même au travers de son absence physique et il nous fascine toujours.

 

Le Clos Lucé :

Dès son arrivée en octobre 1516 au Clos Lucé, Léonard de Vinci est adulé.

À cette époque, le Clos Lucé, demeure plus petite qu’actuellement, s’appelait « manoir du Cloux » et le parc était plus grand. Jean de La Fontaine a d’ailleurs vanté cet endroit, en louant « cette étendue immense, la plus agréable du monde » (Gonzague Saint Bris, Léonard de Vinci, p. 35).

Le Clos Lucé est une demeure de briques roses et de pierres blanches, construite sous le règne de Louis XI. Etienne Le Loup, marmiton du roi puis maître d’hôtel et garde forestier à Amboise, y habita puis Charles VIII l’acquit. Louise de Savoie, mère de François Ier, y demeura.

Léonard de Vinci y organise des fêtes ; par exemple il crée des feux d’artifice, des décors exubérants et pour l’une d’elles, un lion mécanique (Gonzague Saint Bris, Léonard de Vinci, p. 37). Il continue ses recherches sur l’hydrographie et prévoit par exemple, de relier les châteaux de la Loire entre eux, par des canaux mais cette idée restera à l’état de projet. Ces idées qui à d’autres, pourraient paraître farfelues, sont admirées en ce beau pays de Touraine.

Il a apporté d’Italie, trois tableaux, « La Joconde », « Saint Jean-Baptiste » et « La Madone et l’Enfant sur les genoux de sainte Anne » (Carnets, tome I, p. 18). Est-ce parce que ce sont les trois tableaux qui lui tiennent le plus à cœur ou parce qu’il voulait les retoucher, essayer sur eux de nouveaux pigments ?

Il reçoit de nombreux visiteurs, peut-être Clément Marot et Rabelais, d’une manière sûre, François Ier et sa cour ainsi que la sœur du roi, Marguerite qui aime les longues conversations avec lui lorsque sa santé le lui permet. Il est paralysé de la main droite mais il continue d’écrire contrairement au doute émis à ce sujet. Il ne faut pas oublier que Léonard de Vinci étant gaucher et son esprit alerte comme le prouvent ses nombreux projets, il n’y a aucune raison pour qu’il ait cessé de réfléchir et de confier au papier, ses impressions.

Actuellement, le Clos Lucé est la propriété de la famille Saint Bris qui essaie de lui redonner le prestige qu’il avait du temps de Léonard de Vinci comme en témoigne un ancien dépliant publicitaire dont le titre incitait à la visite : « Entrez dans l’univers de Léonard de Vinci : son art et ses visions comme vous ne les avez jamais vus. »

En cet endroit, vous trouverez quarante fabuleuses machines que Léonard avait inventées : l’aéroplane, l’automobile, l’hélicoptère, le char d’assaut, le parachute, etc. Vous pourrez visiter sa chambre, sa cuisine, son cabinet de travail, de belles salles Renaissance, l’entrée d’un souterrain secret, sa chapelle aux fresques peintes par ses disciples.

À l’extérieur, vous profiterez du parc paysagé où vous pourrez écouter des réflexions de Léonard sur la botanique, le corps humain, le vol ou le portrait. Vous pourrez actionner les machines dont il avait fait les plans et admirer de grandes toiles représentant certaines de ses œuvres aussi bien picturales que scientifiques. D’autres attractions vous seront proposées mais nous vous en laissons la découverte car l’œuvre de cet homme est immense à l’image de son talent.

 

Son portrait :

Paul Jove qui a réalisé une biographie de lui vers 1525 (« Leonardo Vincii vita »), a écrit : « Il était d’un esprit amène, brillant, généreux, avait le visage extrêmement attrayant, et comme il était un merveilleux arbitre et inventeur de toutes sortes d’amusements et de loisirs distingués, surtout de spectacles, et aussi expert à chanter en s’accompagnant de la lyre, il fut très cher à tous les princes de son époque. » (Traité de la peinture, p. 24)

« Beauté, grâce et puissance » le caractérisent selon un de ses contemporains, Giorgo Vasari, dans sa biographie de Léonard de Vinci écrite en 1550 et intitulée « Le vite de piú eccelenti architetti, pittori e scultori italiani » (Traité de la peinture, p. 28). Cet excellent biographe reconnaît aussi les défauts de ce surdoué : « Il serait allé très loin dans le savoir et l’approfondissement de la culture s’il n’avait été si capricieux et instable, il entreprenait des recherches dans des domaines différents et, une fois commencées, les abandonnait. » (Traité de la peinture, pp. 29 et 30). En effet, toute sa vie, Léonard de Vinci sera dépendant de son envie de chercher, envie jamais rassasiée et qui l’empêchera souvent d’achever ses œuvres commandées dont il se lasse car elles n’ont plus le goût de la nouveauté. Freud dans son livre Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci, analyse d’ailleurs très bien cette manière de penser et d’agir : « Ce qui semble chef d’œuvre aux profanes reste pour le créateur incarnation toujours décevante ; devant lui plane une perfection telle qu’il doit chaque fois désespérer de la traduire en images. » (p. 16)

Léonard de Vinci ne recherchait pas la richesse matérielle ; il lui suffisait d’avoir de quoi manger et dormir. La précarité apparente de sa vie par moments, ne lui paraissait pas un handicap comme il nous le confie :

« Ne cherche pas la richesse qui se peut perdre, la vertu est notre vrai bien et la véritable récompense de son possesseur ; on ne peut la perdre, si on ne l’abandonne ou si la vie ne nous abandonne. » (Morceaux choisis, pp. 56 et 58)

« Donc, peintre, prends garde que l’âpreté du gain ne l’emporte, en toi, sur l’honneur de l’art : la conservation de cet honneur est bien plus importante que celle du prestige qui vient des richesses. » (Morceaux choisis, p. 215)

Léonard de Vinci a de la facilité pour peindre d’une manière complexe dans le sens où il cherche toujours à innover dans le décor ou avec les pigments qu’il utilise. La recherche a plus d’importance pour lui que le tableau final ce qui explique que de nombreux tableaux ne seront jamais terminés comme celui de la « Bataille d’Anghiari » (1505), (Traité de la peinture, p. 6). Cela lui crée une réputation fâcheuse et limite sa notoriété d’autant plus que ses rivaux dont Michel-Ange et Raphaël n’attendent qu’une chose, avoir les commandes pour eux. Pour lui, introduire l’inachevé, c’est accroître la plénitude et tendre vers la perfection ; comme l’ombre et la lumière se complètent, l’inachevé fait ressortir la perfection. (Traité de la peinture, p. 205)

Léonard de Vinci s’affirme « pictor » c’est-à-dire peintre même si son sens de la recherche est omniprésent et il signe ses lettres, « Leonardus Vincius, pictor » (Carnets, tome II, p. 446) : « Regarde la lumière et admire sa beauté. Ferme l’œil et observe. Ce que tu as vu d’abord n’est plus et ce que tu verras ensuite n’est pas encore. » (Léonard de Vinci cité par Gonzague Saint Bris dans Léonard de Vinci ou le génie du roi au Clos Lucé, p. 59). Voir la lumière est essentiel selon lui et il a fait de nombreuses analyses pertinentes sur la manière d’observer l’ombre et la lumière :

« Le feu détruit le mensonge, c’est-à-dire le sophisme, et fait sortir la vérité des ténèbres. Le feu a pour mission de consumer tout sophiste. Dévoileur et démonstrateur de vérité car il est la lumière dispersatrice des ténèbres qui cachent l’essence des choses. » (Textes choisis, pp.  37 et 38)

Comme il peint de beaux adolescents, certains ont voulu croire qu’il avait une attirance sexuelle pour les hommes mais le plus probable est qu’il était passionné par les corps pour leur beauté, leur anatomie, leur transmission artistique. D’autres le décrivent comme un « beau solitaire », « un pudique ermite » à une époque où la licence des mœurs est effrénée. (Gonzague Saint Bris, Léonard de Vinci, p. 23)

Dans sa vieillesse, il ne néglige pas sa mise par exemple il porte, des pourpoints roses (p. 36). C’est un beau vieillard dont le regard fascine car il semble regarder à l’infini à l’image de sa vie. Il a l’œil vif, peu de rides, les cheveux longs et bouclés, la barbe longue, drue et bien peignée ce qui lui confère un air de sagesse liée de plus à l’âge.

 

Son œuvre :

Oui, Léonard de Vinci a aimé la Touraine. De nombreux écrivains l’ont mis à l’honneur dont Stendhal, Paul Valéry au début du vingtième siècle, Gonzague Saint Bris à l’aube du vingt-et-unième.

 

Les carnets de Léonard de Vinci :

Ils comprennent 5000 pages dont 1000 ont été classées et éditées. Comme Paul Valéry nous l’explique dans la préface, ces carnets « sont des cahiers couverts d’écriture et de croquis. Cette écriture est inversée ; il faut la lire par réflexion dans un miroir. » (Paul Valéry, Préface des Carnets, tome I, éd. 1942, p. 10) Léonard de Vinci n’écrivait pas en latin mais en « vulgaire », la langue que l’on parle dans les rues et sur les places publiques. C’était du toscan, dialecte qui sera à l’origine de l’italien actuel. De plus les tournures syntaxiques évoluaient car c’était une langue vivante, en construction d’où la difficulté à traduire tout d’abord ses textes en italien puis en français. (Présentation par Christophe Mileschi de Maximes, fables et devinettes, p. 7 et 8)

Leur contenu correspond à de la « science fiction » pour l’époque :

« Dans ces mêmes cahiers, parmi quantité de croquis et de notes relatives au vol des oiseaux, à la sustentation et à la propulsion combinées des créatures ailées, on trouve le projet d’un appareil qui permettrait à l’homme de s’élever et de se déplacer dans l’air. » (Paul Valéry, Préface des Carnets, tome I, p. 10)

Regardons le texte. Les sentences philosophiques sur le bonheur, sur le temps qui passe trop vite, l’émotion, la nature, le corps et l’âme, la sagesse, la vue, se succèdent par chapitre, comme par exemple :

« Le bonheur suprême sera la plus grande cause de misère, et la perfection de la sapience une occasion de folie. » (Carnets, tome I, p. 29)
La sapience est la sagesse de celui ou celle qui possède le savoir, la science à un degré élevé ainsi que les qualités de jugement, d’habileté, de raison, de prudence.

« Bien remplie, la vie est longue. » (Carnets, tome I, p. 35)

« Alors que je croyais apprendre à vivre, j’apprenais à mourir. » (Carnets, tome I, p. 33)

« Plus grande est la sensibilité, plus grand le martyre. » (Carnets, tome I, p. 35)

« Pourquoi la nature n’a-t-elle pas interdit qu’un animal vive de la mort d’un autre ? » (Carnets, tome I, p. 42)

La richesse des thèmes abordés permet de comprendre le foisonnement d’idées qui fourmillent dans le cerveau de cet auteur. La variété des titres des chapitres en est une autre preuve. Je n’en citerai que quelques-uns : Anatomie, Optique, Acoustique, Astronomie, Botanique, Géologie, Notes topographiques, Atmosphère, Du vol, Mathématiques, De la nature de l’eau, Canalisation, Expériences, Inventions, Armement naval, Ombre et Lumière, Fonte, Architecture, Récits…

Pas étonnant alors que ces deux tomes de carnets dépassent les mille pages ! Il nous présente le parachute, la montgolfière, la création d’un immense cheval en fonte, la fermeture automatique des portes, l’anatomie descriptive, des chars d’assaut, comment dessaler l’eau de mer. Ses capacités de conception sont immenses et surprenantes posant les bases de la science expérimentale dont les principes ne seront formulés qu’un siècle plus tard par Galilée et Bacon.

Certains chapitres sont purement scientifiques mais la plupart du temps il s’en dégage des pensées étonnantes, par exemple lorsqu’il part de la géométrie pour en tirer des conclusions profondes :

« Similarité n’implique pas égalité. » (Carnets, tome I, p. 516)

« L’instant n’a pas de temps, car le temps est formé par le mouvement de l’instant et les instants sont les termes du temps.
Le point n’a pas de partie.
La ligne est le passage d’un point.
La ligne est faite par le mouvement du point.
Les points sont les termes de la ligne.
L’angle est le contact des extrémités de deux lignes.
(…)

Tout corps est entouré par une surface extrême.
Toute surface est pleine de points infinis.
(…) »

(Carnets, tome I, pp. 527 et 528)

Léonard nous parle avec aisance aussi bien de comment draguer un port (Carnets, tome II, p. 133), fabriquer du béton (Carnets, tome II, p. 136), confectionner des verres grossissants (Carnets, tome II, p. 138), fabriquer une cuirasse (Carnets, tome II, pp. 148 et 149), lutter contre des chars lors d’une guerre (Carnets, tome II, p. 154), faire passer un fleuve à une armée (Carnets, tome II, p. 154), voler avec des ailes (Carnets, tome I, pp. 331 à 403), comme si tout cela était pratique courante et réalité à son époque. On ne sait jamais si Léonard a les pieds sur terre ou vole dans les nuages concrètement ou abstraitement comme lorsqu’il définit sérieusement le rêve :

« Des hommes marcheront sans se mouvoir, ils converseront avec les absents, ils entendront ceux qui ne parlent pas. » (Carnets, tome II, p. 404)

Sa vision de peintre se retrouve tout au long de ces carnets qui sont en quelque sorte, un traité de sa philosophie de vie. Ce livre est donc une mine de renseignements sur sa manière de voir et de penser et nous n’avons jamais fini de nous étonner de ses connaissances, de ses recherches dans de si nombreux domaines, de ses inventions des plus réalistes ou plus farfelues mais qui témoignent toujours de ses capacités à inventer. Un livre à ouvrir et à lire en se passionnant !

 

Traité de la peinture :

Léonard n’a jamais terminé ce livre dans sa forme mais il a été publié d’après les idées directrices de son travail.

Pour lui, la peinture est l’art le plus achevé, au-dessus de la poésie :

« La peinture est une poésie muette et la poésie une peinture aveugle ; l’une et l’autre tendent à l’imitation de la nature selon leurs moyens, et l’une et l’autre permettent d’exposer maintes attitudes morales, (…) » (Traité de la peinture, p. 60)

La première phrase de ce paragraphe est d’ailleurs citée par Gonzague Saint Bris dans son roman L’enfant de Vinci (p. 40), preuve que cette affirmation n’est pas dépassée.

« Le caractère divin de la peinture fait que l’esprit du peintre se transforme en une image de l’esprit de Dieu, car il s’adonne avec une libre puissance à la création d’espèces diverses, animaux de toutes sortes. » (Traité de la peinture, p. 74)

La peinture est divinisée puisqu’elle représente la création. Comment alors ne pas comprendre la passion de ce peintre pour l’observation de la nature et sa reproduction éclairée de la lumière divine ? « Peindre, c’est raisonner. » (Traité de la peinture, p. 74) Pour lui, peindre rejoint les mathématiques, la logique en même temps que la réflexion.

Le Traité de la peinture se termine par une seconde et dernière partie qui correspond au Traité du paysage qui a été traduit pour la première fois en français en 1940, par Peladan. C’est un manuel pratique, technique qu’il faut non pas lire mais étudier en réfléchissant sur les idées de Léonard, en parallèle des dessins associés. Léonard donnait les règles d’un art futur car il n’y avait pas encore de paysage avec une vraie perspective à son époque. Léonard pensait en se servant de ses dons d’observation :

« Écris comment les nuages se composent et comment ils se résolvent et quelle cause élève les vapeurs de l’eau dans l’air, et la cause des brouillards et de l’air épaissi ; » (Traité du paysage, p. 2, n° 715)

« L’air se meut comme un fleuve et entraîne avec soi les nuages : ainsi l’eau courante entraîne toutes les choses flottantes. » (Traité du paysage, p. 6, n° 728)

« L’eau qui jaillit des monts est le sang qui vivifie les monts et sort de ses flancs ou vient en les traversant ; » (Traité du paysage, p. 16, n° 762).

Quand le lecteur ouvre le Traité de la peinture de Léonard de Vinci, il est fasciné par les idées si neuves, si modernes, si inhabituelles de ce peintre. Les idées étaient pour lui, l’essentiel.

 

Dans le livre Dessins anatomiques présentés par Pierre Huard, les croquis prennent beaucoup de place mais Léonard donne ses commentaires permettant ainsi à sa pensée de devenir graphique.

 

Dans son recueil, Maximes, fables et devinettes paru en 2001, Léonard de Vinci écrit des prophéties d’apparence macabre, tant que l’on n’a pas trouvé la solution. Tel son contemporain plus jeune que lui, Nostradamus (1503 – 1566), il semble prédire l’avenir mais en fait ce ne sont que des réalités quotidiennes qu’il formule de manière énigmatique en questions/réponses :

« Beaucoup périront la tête fracassée et les yeux arrachés, à cause de bêtes épouvantables sorties des ténèbres. »
Réponse : « Les chouettes et les hiboux utilisés pour la chasse aux oiseaux » (Devinettes, p. 81, 82)

La chute de la solution est étonnamment juste, inattendue et plutôt gaie ; elle contraste et fait ainsi encore plus ressortir et retenir la sentence. En voici un autre exemple :

« On verra la Fortune faire bouger vivement les os des morts.
Les dés. »
(Devinettes, p. 86)

 

Ses fables et dictons :

Léonard de Vinci a écrit des fables, des dictons, des proverbes parfois d’allure naïve, mais ayant toujours une portée philosophique. Ils sont réunis dans deux chapitres de ses Carnets. On peut les retrouver aussi dans des livres illustrés pour les enfants, un peu comme La Fontaine.

« Misérables mortels, ouvrez les yeux ! » (citation au début du livre Léonard de Vinci ou le génie du roi au Clos Lucé de Gonzague Saint Bris).

Ses fables ont une morale, ses dictons nous font réfléchir sur notre manière de penser ou de vivre, par exemple celle intitulée « L’encre et le papier » :

« Se voyant tout souillé par l’obscure noirceur de l’encre, le papier blanc se plaint et méprise celle-ci qui lui démontre pourtant que c’est à cause des paroles qu’elle compose sur lui, qu’il est conservé. » (Fables, p. 32)

Cette fable est intéressante à plusieurs niveaux, concrètement car il y a opposition entre le noir et le blanc et ce contraste reflète bien la démarche du peintre, intellectuellement par sa visée philosophique et humainement par sa morale, ce qui paraît être sale peut embellir de même qu’un tableau est plus lumineux parce que d’autres endroits sont plus sombres.

Certaines fables sont plus longues comme celle de l’éléphant, d’autres très courtes sont très fortes par l’intensité de la réflexion qui peut se résumer à une phrase comme dans la fable intitulée « Le Lys » :

« Comment résister lys pur ou homme debout aux forces qui nous contraignent ? » (Fables, p. 46)

La nature est un thème qui plait beaucoup à cet auteur comme le prouvent les titres qu’il a choisis : « Le torrent », « La fourmi et le grain de mil », « Le martinet », « L’eau », « L’aigle », « La neige », « L’agneau », « Le pêcher », « L’huître et le rat », « Le crapaud ou de l’avarice », « La puce et la toison », « Le bœuf sauvage ou la folie », « La chenille ou de la vertu en général »…

À la recherche de la vérité, Léonard peut se brûler les ailes comme « Le papillon » dans sa fable qui se termine ainsi :

« "Oh maudite lumière, je croyais avoir trouvé en toi ma félicité. Et je pleure en vain mon désir fou. À mes dépens, j’ai connu ta brûlante et dangereuse nature."
À quoi la lumière répondit : "Ainsi fais-je à ceux qui ne savent bien m’utiliser." »
(Fables, p. 67)

Cette sentence courte veut insister sur notre condition humaine éphémère et sur l’importance de l’expérience.

Dans ses fables comme dans tous ses écrits, la lumière est omniprésente. Il faut voir mais trop de clarté éblouit. Alors Léonard illumine ses recherches au feu de la vérité sans se laisser consumer par sa passion de savoir.

 

Éloge de l’œil :

« Qui te pousse, ô homme, à abandonner ton logis de la ville, à laisser tes parents et tes amis, et à te rendre en des lieux champêtres, par monts et par vaux, sinon la beauté naturelle du monde, dont, si on y réfléchit, tu ne jouis que par la vue ? » (Éloge de l’œil, p. 28)

Cette phrase situe bien l’ambiance dans laquelle Léonard se trouve. Pour lui, il faut voir et observer en premier pour accéder à la réflexion et l’œil lui paraît le seul moyen donc il fait son éloge :

« Il (l’œil) est la fenêtre du corps humain à travers laquelle l’âme se reflète et jouit de la beauté du monde (…) » (Éloge de l’œil, p. 36)

Pour mieux voir, il faut se poser des questions ce qui explique que beaucoup des sentences de l’auteur sont des questions, des pourquoi comme par exemple :

« Qui ne voudrait perdre l’ouïe, l’odorat et le toucher plutôt que la vue ? » (Éloge de l’œil, p. 22)

L’éloge de l’œil d’après Léonard de Vinci correspond à faire l’éloge de la peinture, les deux étant liés comme deux personnes d’une même famille :

« La peinture est une poésie qui se voit au lieu de s’entendre et la poésie est une peinture qui s’entend mais ne se voit pas. » (Éloge de l’œil, p. 24)

La peinture ne doit pas être une nature morte mais elle doit exprimer le mouvement, la vie :

« Dessine tes têtes comme si un vent imaginaire jouait dans les cheveux autour de visages juvéniles et, par diverses boucles, orne-les gracieusement ; (…) » (Éloge de l’œil, p. 55)

Ce petit livre L’éloge de l’œil, peut se définir comme un traité de philosophie car l’auteur fait une démonstration pour nous prouver que c’est par l’œil que nous pouvons tout obtenir ou presque. La passion de Léonard pour l’art est ici pleinement exprimée.

 

La dernière leçon de Léonard de Vinci à son Académie de Milan en 1499, est un petit livre empli de la philosophie de vie de Léonard :

« L’homme n’aime profondément que l’insaisissable et n’allume son désir qu’au choc de la contradiction. » (p. 60)

Léonard ayant toujours voulu voler, aller plus loin et plus haut au risque de se perdre ou de rester dans le rêve, nous confie en artiste et observateur :

« Le battement d’aile de l’oiseau vous donnera le dessin d’une paupière et la vague qui meurt sur le sable enseigne le mouvement d’un sourire. J’ai trouvé dans le ciel des reflets applicables au regard et les fleurs m’ont appris des poses pour les mains » (pp. 65 et 66)

Aller plus loin et plus haut, il a mille manières de nous le suggérer :

« Eh bien ! je propose de dire l’indicible, d’exprimer l’inexprimable, de réaliser l’ineffable et de traduire l’intraduisible. » (p. 71)

Voilà la pureté des mots que l’on trouve dans ce petit livre qui nous emporte vers la pensée profonde à travers l’observation du monde.

 

Léonard décrit par des écrivains célèbres :

De nombreux écrivains se sont passionnés pour ce créateur. Baudelaire en parle dans son poème « Les Phares » :

« Léonard de Vinci, miroir profond et sombre,
Où les anges charmants, avec un doux souris
Tout chargé de mystère, apparaissent à l’ombre
Des glaciers et des pins qui ferment leur pays ; »

(Les fleurs du mal, p. 17)

Stendhal, dans son livre Histoire de la peinture en Italie consacre cent-vingt-quatre pages à cet auteur, abordant sa biographie, le début de sa carrière, sa vie d’artiste, ses chefs d’œuvre, ses protecteurs, ses malheurs, la concurrence avec ses rivaux et sa vie en France. L’univers stendhalien est peuplé de peintres et de musiciens, beaucoup plus que d’écrivains, ce qui explique son attrait pour Léonard de Vinci qu’il qualifie ainsi :

« Génie élevé et subtil, curieux d’apprendre de nouvelles choses, ardent à les tenter, on le voit porter ce caractère, non seulement dans les trois arts du dessin, mais aussi en mathématiques, en mécanique, en musique, en poésie, en idéologie, sans parler des arts d’agrément, dans lesquels il excella : l’escrime, la danse, l’équitation ;(…) » (p. 218)

Balzac a aussi loué son travail :

« (…) les plus beaux portraits de Titien, de Raphaël et de Léonard de Vinci sont dus à des sentiments exaltés, qui, sous diverses conditions, engendrent d’ailleurs tous les chefs d’œuvre. » (La Maison du Chat-qui-pelote, p. 37)

Freud dans son livre Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci, décortique les instincts qui ont fait agir ce créateur hors du commun et leurs conséquences :

« Car la tendresse excessive de sa mère lui fut fatale, scella son destin et les carences de son être et de sa vie. La violence des caresses que révèle son fantasme au vautour n’était que trop naturelle ; (…) ; elle se sentait poussée non seulement à se dédommager elle-même de n’avoir pas d’époux, mais à dédommager l’enfant de n’avoir pas un père qui l’eût caressé. » (p. 109)

« La psychanalyse reste donc impuissante à expliquer ces deux particularités de Léonard : sa tendance extrême au refoulement des instincts et son extraordinaire capacité à la sublimation des instincts primitifs. » (p. 149)

Paul Valéry a préfacé ses carnets, avec une fougue qui témoigne de son admiration pour cet auteur, par exemple en prenant la formule de la genèse et en l’adaptant à Léonard pour bien montrer que ce peintre apportait une nouvelle naissance à la peinture par sa vision globale de sa recherche :

« Il y eut une fois Quelqu’un qui pouvait regarder le même spectacle ou le même objet, tantôt comme l’eût regardé un peintre, et tantôt en naturaliste ; tantôt comme un physicien, et d’autres fois, comme un poète ; et aucun de ces regards n’était superficiel. » (Préface des Carnets, tome I, éd. 1942, p. 7)

« Créer, construire, étaient pour lui indivisibles de connaître et de comprendre. » (Préface des Carnets, tome I, éd. 1942, p. 8)

Paul Valéry a aussi écrit un essai philosophique Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, dans lequel il n’en finit pas de s’étonner des capacités créatives si diverses de cet homme hors du commun dont il analyse la pensée :

« Il s’agit, en somme, d’un usage du possible de la pensée, contrôlé par le plus de conscience possible. » (Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, p. 13)

« Il faut avouer que l’Esthétique est une grande et même une irrésistible tentation. » (id., p. 121)

Paul Valéry décortique l’énigme du sourire de la Joconde, sans toutefois lui enlever la magie de son mystère :

« Ce pli de visage a eu la fortune de susciter la phraséologie, que légitiment, dans toutes les littératures, les titres de « Sensations » ou « Impressions » d’art. Il est enseveli sous l’amas des vocables (…) » (id., p. 54)

Léonard de Vinci est indémodable comme le prouve l’intérêt des éditeurs du XXIème siècle pour cet écrivain : en 2003, un Traité de la peinture de Léonard de Vinci est paru aux éditions Calmann-Lévy, illustré de ses peintures, certaines très connues, d’autres à découvrir ; en 2002, des Fables choisies et en octobre 2005, Les prophéties de Léonard de Vinci ont été à nouveau publiées. De plus, de très nombreux textes (carnets de mille pages, éloge de l’œil, vol des oiseaux, prophéties, traité de la peinture…) de cet homme illustre sont disponibles en librairie alors n’hésitons pas à commander ces écrits si modernes du XVème !

Les écrivains contemporains sont fascinés par Léonard de Vinci comme en témoignent le nombre de livres qui ont été inspirés en partie par lui, même pour des romans futuristes ou policiers dans lesquels il est parfois difficile de faire la part de la réalité comme Da Vinci Code de Dan Brown, La demande de Michèle Desbordes (Folio), Léonard de Vinci de Serge Bramly, celui de Kenneth Clark, Léonard ou les sciences de la peinture d’André Chastel, Les vies des meilleurs peintres, sculpteurs, architectes par Giorgo Vasari commentée par André Chastel, Au temps où la Joconde parlait, roman de Jean Diwo, et la liste n’est pas exhaustive !

Un jeu vidéo The Secrets of Da Vinci est sorti en avril 2006 ; il se situe au cœur de la Renaissance et au Clos Lucé. (La Nouvelle République du Centre Ouest du 21 avril 2006)

Gonzague Saint-Bris qui a dormi étant enfant, dans la chambre de Léonard et venait régulièrement au Clos Lucé, a continué tout au long de sa carrière littéraire, à s’intéresser à ce personnage hors du commun. Après L’enfant de Vinci sorti au printemps 2005, il a fait paraître en mai 2006, Sur les pas de Léonard de Vinci (aux Presses de la Renaissance) illustré avec des aquarelles de Philippe Lorin. (La Nouvelle République du Centre Ouest des 13 et 14 mai 2006)

De juin à octobre 2006, une exposition sur « L’Ultima Cena », tableau de Léonard, a eu lieu au Clos Lucé à Amboise. La reproduction grandeur nature de La Cène a été rendue possible grâce à la perfection du document d’origine et les photographies d’Antonio Quattrone, spécialiste de la fresque italienne. (Le Courrier Français de Touraine du 2 juin 2006)

Cette année, du 6 juin au 8 septembre 2019, la tapisserie de la Cène de Léonard de Vinci, « l’Ultima Cena », a été exposée au Clos-Lucé. Elle reproduit la fresque réalisée dans l’Église Santa Maria delle Grazie à Milan. Elle a été commandée par Louise de Savoie et son fils François Ier qui l’offrit au Pape Clément VII à l’occasion du mariage de son fils Henri II et de la nièce du Pape, Catherine de Médicis. Cette œuvre monumentale – 6,5 m de haut et 9 m de long – a été tissée entre 1516 et 1524 ; elle est exposée habituellement dans les Musées du Vatican qu’elle n’avait jamais quitté depuis le XVIème siècle. (La Nouvelle République du Centre Ouest du 4 juin 2019 et site Internet du Clos Lucé).

Actuellement, Léonard de Vinci est toujours à l’honneur. Par exemple les 4 et 5 avril 2019, de nombreux spécialistes français et italiens de niveau universitaire ont participé à deux journées d’études à Paris, à la Maison de l’Institut et à l’Institut de France, autour de cet homme exceptionnel.

Léonard de Vinci continue de fasciner tout public. Il revit dans de nombreuses animations proposées dans le cadre des 500 ans de la Renaissance en particulier dans la ville d’Amboise, au Clos Lucé bien sûr et aussi aux châteaux d’Amboise, de Chambord et dans de multiples endroits. Léonard de Vinci a traversé les siècles sans prendre une ride.

 

En conclusion,

Léonard de Vinci nous passionne par sa curiosité insatiable, ses inventions si proches du monde moderne. Surdoué de l’observation précise et dense, il a su en tirer des conclusions dans un style très dynamique qui permet à chacun d’aller loin, très loin, à la découverte de tout l’univers. Éternel chercheur, philosophe, créateur de la théorie moderne de la connaissance mise en pratique, Léonard a été le précurseur de la mécanique moderne et de la science de l’ingénieur. Cependant cette facette de sa dynamique ne doit pas nous faire oublier Léonard écrivain qui a noté toute sa vie sur des carnets, des milliers d’idées durant des heures d’activité cérébrale intense telle une puissante machine intellectuelle avec en plus, la pensée. Il regarde le corps et l’âme et en tire une ligne de conduite qui est sa propre philosophie. À notre tour, profitons de la sagesse de ses jugements et sentences.

 

Août 2006 / Octobre 2019.

Catherine Réault-Crosnier.

 

BIBLIOGRAPHIE :

Ouvrages :

Honoré de Balzac, La Maison du Chat-qui-pelote, L. Carteret et Cie éditeurs, Paris, 1899, 134 pages.

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, éditions France-Loisirs, Paris, 1983, 309 pages.

Sigmund Freud, Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci, éditions Idées/Gallimard, Paris, 1927, 152 pages.

Gonzague Saint Bris, L’enfant de Vinci, éditions Bernard Grasset, Paris, 2005, 408 pages.

Gonzague Saint Bris, Léonard de Vinci ou le génie du roi au Clos Lucé, CLD éditions – La Nouvelle République, Tours, 2005, 63 pages.

Gonzague Saint Bris, Sur les pas de Léonard de Vinci, illustrations de Philippe Lorin, Presses de la Renaissance, Paris, 2006, 107 pages.

Dmitry Mérejkowsky, La vie passionnée de Léonard de Vinci, Intercontinentale du livre, Paris, 1958, 378 pages.

Stendhal, Histoire de la peinture en Italie, tome I, Éditions d’aujourd’hui, 83120 Plan de la Tour, 1980, 349 pages.

Paul Valéry, Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, folio essais, Gallimard, Paris, 1957, 169 pages.

Léonard de Vinci, Textes choisis, pensées, théories, préceptes, fables et facéties, avec une introduction par Péladan, Mercure de France, Paris, 1929, 384 pages.

Léonard de Vinci, Traité du Paysage, traduit pour la première fois en français avec un commentaire par Peladan, Librairie Delagrave, Paris, 1940, 174 pages.

Léonard de Vinci, Les carnets, traduits de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry, éditions Gallimard, Paris, 1942, tome I, 539 pages, tome II, 499 pages.

Léonard de Vinci, Les Carnets de Léonard de Vinci, introduction, classement et notes par Edward Maccurdy, traduit de l’anglais et de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry, éditions Gallimard, Paris, 2004, tome I, 669 pages et tome II, 593 pages.

Léonard de Vinci, Dessins anatomiques présentés par Pierre Huard, Les éditions Roger Dacosta, Paris, 1961, 208 pages.

Léonard de Vinci, Éloge de l’œil, L’Arche éditeur, Paris, 2001, 59 pages.

Léonard de Vinci, La dernière leçon de Léonard de Vinci à son Académie de Milan (1499), notices et avant-propos par Péladan, éditions Sansot, R. Chiberre éditeur, Paris, 1904, 91 pages.

Léonard de Vinci, Maximes, fables et devinettes, traduites de l’italien et présentées par Christophe Mileschi, Arléa, Paris, 2001, 105 pages.

Léonard de Vinci, Fables choisies, François Peltier, peintures, Le Sablier éditions, Dauphin (04), France, 2002, 69 pages.

Léonard de Vinci, Traité de la peinture, Textes traduits et commentés par André Chastel, nouvelle édition revue, corrigée et augmentée par Christiane Lorgues, éditions Calmann-Lévy, Paris, 2003, 224 pages.

 

Pages trouvées sur Internet :

Léonard de Vinci : (consulté le 14/09/2005)

http://www.webencyclo.com/articles/articles_print.asp?idDoc=00001721

La vie de Léonard de Vinci, http://www.renaissance-amboise.com/dossier_renaissance/ses_personnages/leonard_de_vinci/leonard_de_vinci.php (consulté le 29/08/2005)

Léonard de Vinci (dossier) : http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Leonard_de_Vinci (consulté le 29/08/2005)

Château du Clos Lucé – Parc Leonardo da Vinci : http://www.vinci-closluce.com/

… et de nombreux autres articles qui n’ont pas été utilisés dans la présente étude.

 

Dépliant touristique :

Parc Leonardo da Vinci, Entrez dans l’univers de Léonard de Vinci, Château du Clos Lucé – Amboise, 2005, 8 pages.

 

Articles de journaux :

« Léonard de Vinci en jeu vidéo », par Cédric Cousseau, La Nouvelle République du Centre Ouest du 21 avril 2006, page 3.

« Da Vinci : Dan Brown se trompe ! », interview de Laure Fagnart par Thierry Noël, La Nouvelle République du Centre Ouest du 22 mai 2006, page 9.

« Léonard, romantique avec trois siècles d’avance », article de Raphaël Chambriard, La Nouvelle République du Centre Ouest du 13 et 14 mai 2006, page 14.

« Gonzague Saint-Bris sur les pas de Léonard », La Nouvelle République du Centre Ouest du 15 mai 2006.

« Le Clos Lucé « L’Ultima Cena » de Léonard de Vinci », Le Courrier Français de Touraine du 2 juin 2006.

« Amboise : la tapisserie de la Cène exposée au Clos Lucé », La Nouvelle République du Centre Ouest du 4 juin 2019.