Soirée poésie organisée par l’Association Neuvicienne Art et Culture (ANAC)
le samedi 23 novembre 2024, au café « L’Arcade » à Neuvy-Saint-Sépulchre
- Le choix des poèmes et la rédaction des textes introductifs sont de Régis Crosnier, secrétaire des Amis de Maurice Rollinat.
- La lecture des poèmes a été faite par onze membres de l’ANAC.
- Des intermèdes musicaux ont été joués au violon et à la cornemuse, par Gérard Guillaume, président des Amis de Maurice Rollinat.
- Les peintures à la cire qui ont illustré la soirée ont été créées par Catherine Réault-Crosnier.
Maurice Rollinat est né le 29 décembre 1846 à Châteauroux. Son père, François Rollinat, est avocat ; c’est un grand ami de George Sand. Ses parents avaient acquis le domaine de Bel-Air sur la commune de Ceaulmont, en avril 1850. Là, François Rollinat aimait venir se reposer et oublier son travail. Ce fut un véritable paradis pour Maurice Rollinat enfant. Son père, lors des promenades, lui apprend à observer la nature. De très nombreux poèmes de jeunesse, ses pièces « naturistes » et « descriptives de la Creuse » parues dans ses livres Dans les Brandes et Les Névroses, sont inspirés par la campagne berrichonne environnante. Il en gardera un souvenir toute sa vie. Lors de sa période parisienne, c’est là qu’il aime venir se reposer, comme il le dit dans ce poème :
A TRAVERS CHAMPS Hors de Paris, mon cœur s’élance. Barde assoiffé de solitude Et là, mes vers auront des notes Parfumés d’odeurs bocagères, M’y voici : la campagne est blonde, Là, fuyant code et procédure, |
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Là, plus qu’ailleurs, pour ma tendresse, Sous le chêne aux branches glandées, Je revois l’humble silhouette Le jardin plein de rumeurs calmes Les petits carrés de légumes Plus de fâcheux, plus d’hypocrites ! |
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Enfin ! je nargue l’attirance Je marche enfin le long des haies, Ami de la vache qui broute, Dans l’air, les oiseaux et les brises Tandis qu’au fond des luzernières, Le lézard, corps insaisissable |
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Dans les pacages d’un vert sombre, Dressant leur tête aux longues cornes, Sur les coteaux et sur les pentes, Debout, la bergère chantonne Et je m’en reviens à la brune (Dans les Brandes, pages 10 à 16) |
La campagne environnante est une source d’inspiration pour le poète. Tout près se trouve le château de « La Prune-au-Pot ». Nous pouvons imaginer celui-ci en écoutant certains poèmes lorsque Maurice Rollinat parle de donjon(s), sans le nommer, par exemple dans « Les Corbeaux » :
LES CORBEAUX Les corbeaux volent en croassant Un deuil inexprimable descend Et tandis que j’erre en frémissant (Dans les Brandes, pages 236 et 237) |
La Creuse est toute proche ; Maurice Rollinat adolescent aime y aller à la pêche comme il le dit dans ce poème de jeunesse :
La pêche. La pêche me procure une volupté douce : mon claveau caché sous le ver. Dans le pays charmant, où se plût mon enfance, Sur les cailloux blancs du chemin. Ce frais chemin conduit aux rives de la Creuse Va chercher son frêle butin. L’oiseau chante gaiement tout le long de ma
route ; Parfument l’air d’un pur encens. Aux bords des clairs ruisseaux des grenouilles
timides, sitôt qu’on leur donne l’éveil. Parfois un paysan conduisant sa charrette Tord dans ses bras son linge blanc. |
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Quel plaisir, quand au loin, du haut de la colline, Roulant sur le sable argenté !… Je descends les coteaux dominant la rivière fredonnant parmi ses brebis. Sur le flanc des rochers, sont des chèvres mutines De son monotone aboîement. J’arrive au bord de l’eau : je me cherche
une place veuille bien mordre tout exprès. aussi, ma patience a toujours bonne aubaine : Frétille au bout du hameçon ! Et quand j’ai pris de quoi faire une ample friture, et la lune brille au ciel noir ! avril. (sans précision d’année) (Poèmes de jeunesse…, pages 27 et 29) |
Ses parents après son baccalauréat le firent entrer comme clerc chez un avoué à Châteauroux, ensuite chez un notaire à Orléans. Maurice Rollinat est inscrit pour l’année universitaire 1868-1869 à la faculté de droit de Paris, mais nous n’avons aucune information permettant de dire s’il a suivi les cours. Lui, rêve d’être poète. Les auteurs qu’il aime le plus dans sa jeunesse sont Jean de La Fontaine, Virgile, Victor Hugo et bien évidemment George Sand. Maurice Rollinat a rencontré celle-ci à Châteauroux, à Nohant et à Gargilesse ; elle peut être qualifiée de « marraine littéraire ». Il découvrira ensuite Charles Baudelaire et Edgar Poe qui auront une grande influence sur sa poésie. Voici la « Ballade de la Reine des Fourmis et du Roi des Cigales » qui a des points communs avec la fable « La Cigale et la Fourmi » de Jean de La Fontaine :
BALLADE DE LA REINE DES FOURMIS ET DU ROI DES CIGALES Deux insectes de race avaient le même trou : Quand le grillon voulait aller je ne sais où Ils rentraient tous les soirs à l’heure où le
hibou ENVOI. Princesse, qui m’appris dans tes saintes leçons (Les Névroses, pages 156 et 157) |
La guerre de 1870-1871 ramène Maurice Rollinat à Châteauroux. En juin 1871, il gagne Paris et occupe de petits emplois. Grâce à George Sand et à Emmanuel Arago, il entre dans les bureaux de l’Hôtel de Ville pour la reconstitution de l’état-civil. Il passe ensuite le concours de commis et est nommé au service de l’état-civil de la mairie du 7e arrondissement.
Il rêve d’être édité ; George Sand l’encourage mais l’exhorte à écrire plutôt des poésies pour les enfants. Fin 1871, il propose un recueil intitulé Tentations à l’éditeur Lemerre qui le refuse sur les recommandations d’Anatole France. À Paris, il demande conseil à Théodore de Banville, il rend visite à Victor Hugo. Dans des cafés, il fréquente d’autres poètes et s’il y a un piano, il interprète ses textes sur des musiques de sa composition. La reconnaissance commence avec la publication de quelques poèmes dans des petites revues, mais surtout avec la parution dans Le Parnasse contemporain de 1876 de son poème « Les Cheveux » :
LES CHEVEUX J’aimais ses cheveux noirs comme des fils de jais Une âme, un souffle, un cœur vivaient dans ces
cheveux La voix morte du spectre à travers son linceul, Avec la clarté blanche et rose de sa peau Coupés, en torsions exquises se dressant, Épars, sur les reins nus, aux pieds qu’ils
côtoyaient Quelquefois ils avaient de gentils mouvements Dans l’alcôve où brûlé de désirs éternels Des résilles de soie où leurs anneaux mêlés Aucun homme avant moi ne les ayant humés, Quand les brumes d’hiver rendaient les cieux
blafards, Alors, ils préféraient les bluets aux saphirs, Quand parfois ils quittaient le lit, brûlants et
las, Et la nuit, s’endormant dans la tiédeur de l’air Mais elle blémissait de jour en jour ; sa chair Puis à mesure, hélas ! que mes regards
plongeaient Et quand elle mourut au fond du vieux manoir, Ainsi donc, tes cheveux furent tes assassins. (Dans les Brandes, pages 76 à 80) |
Il participe à un petit recueil collectif Les Dixains réalistes et en 1877, fait paraître à compte d’auteur Dans les Brandes. Ce premier ouvrage contient de nombreux rondels. L’inspiration est principalement champêtre, mais certains poèmes ont une teinte macabre comme « Le Convoi funèbre » :
LE CONVOI FUNÈBRE Le mort s’en va dans le brouillard Hélas ! c’était un beau gaillard Pas de cortège babillard. (Dans les Brandes, pages 139 et 140) |
Le 19 janvier 1878, Maurice Rollinat épouse Marie Sérullaz, fille d’un agent de change lyonnais. Il va consacrer à la jeune femme plusieurs poèmes sous forme d’acrostiches. Voici « Les Étoiles bleues » :
LES ÉTOILES BLEUES Au creux de mon abîme où se perd toute sonde, Ils sont trop singuliers pour être de ce monde, Rien ne vaut pour mon cœur ces yeux pleins de
tendresse Les yeux qui sont pour moi l’étoile au fond d’un
puits, (Les Névroses, page 32) |
Revenu à Paris, il côtoie le milieu bohème d’artistes et d’écrivains du Quartier latin. En octobre 1878, il est un des fondateurs du club des Hydropathes présidé par Émile Goudeau. Il aimait alors dire « Le Soliloque de Troppmann », très long poème inspiré d’une histoire vraie, dont voici la fin :
LE SOLILOQUE DE TROPPMANN (…) Eh bien, non ! Satan mon compère J’allais jeter blouse et casquette, Je me drapais dans le mystère Eh bien, soit ! A la rouge Veuve Qu’importe ! Jusqu’à leur machine, Et maintenant, croulez, ténèbres ! (Les Névroses, pages 284 à 292) |
Il fréquente le salon de Jules Barbey d’Aurevilly qui lui consacre un long article intitulé « Rollinat – Un poète à l’horizon ! » publié d’abord dans Lyon-Revue de novembre 1881, puis repris dans Le Constitutionnel du 2 juin 1882. L’auteur dresse un portrait flatteur du poète et établit des comparaisons avec Charles Baudelaire et Edgar Poe. Sarah Bernhardt, sur les recommandations de Coquelin cadet, veut le connaître et l’invite à une soirée à son domicile le 5 novembre 1882. Dès le lendemain Charles Buet publie dans Le Gaulois un article intitulé « Une Célébrité de demain ». Mais surtout, Albert Wolff célèbre journaliste qui avait été aussi invité, fait paraître en première page du Figaro le jeudi 9 novembre 1882, un article retentissant sous le titre « Courrier de Paris ». Chez Sarah Bernhardt, Maurice Rollinat a commencé son récital par « La Mort des Fougères » :
LA MORT DES FOUGÈRES L’âme des fougères s’envole : La feuille tourne et devient folle, Les oiseaux perdent la parole, (Les Névroses, page 181) |
Rodolphe Salis avait ouvert fin novembre 1881, le cabaret du Chat Noir. Maurice Rollinat y va régulièrement ; certaines chansons lui valent le succès comme « Mademoiselle Squelette » :
MADEMOISELLE SQUELETTE Mademoiselle Squelette ! Elle était de la Villette, Très ample était sa toilette, Nez camard, voix aigrelette ; J’en fis la bizarre emplette. Elle aimait la côtelette Sa bouche un peu violette Comme elle était très-follette, Au lit, cette femmelette Puis un jour je vis seulette, Cherchant une gouttelette Sa phtisie étant complète, Alors plus d’escarpolette ; Sa figure verdelette Un soir, à l’espagnolette Horreur ! Une cordelette (Les Névroses, pages 259 à 261) |
Son épouse Marie ne supporte plus ses fréquentations littéraires et ils se séparent définitivement en février 1882. Il est alors libre de préparer à sa guise son deuxième volume Les Névroses. Lorsque celui-ci paraît enfin en février 1883, c’est la gloire. L’ouvrage est structuré autour de cinq thèmes « Les Ames », « Les Luxures », « Les Refuges », « Les Spectres » et « Les Ténèbres ». Nous y trouvons son poème le plus connu « La Biche » :
LA BICHE La biche brame au clair de lune Pour raconter son infortune Mais aucune réponse, aucune, (Les Névroses, page 219) |
Nous allons aussi dire « Le Meneur de loups », chant royal, qui a vraisemblablement été inspiré par « Le meneu’ de loups », huitième partie des Légendes rustiques de George Sand (1858).
LE MENEUR DE LOUPS Je venais de franchir la barrière isolée, Il approchait, guidant sa bande ensorcelée Le chat-huant jetait sa plainte miaulée, Mais voilà que du fond de la triste vallée En vain, rampant au bas de la croix désolée, ENVOI. Monarque du Grand Art, paroxyste et hautain, (Les Névroses, pages 339 à 341) |
Mais toute médaille a son revers. Dans des articles, on parle de lui comme d’un cabotin ou d’un plagiaire d’Edgar Poe et de Charles Baudelaire. Il a souvent des maux de tête et des migraines, et aussi des problèmes d’estomac et d’intestins. Il est considéré comme un buveur d’eau, or dans les bars ou dans les salons, il est obligé de consommer des boissons alcoolisées (absinthe, bière, vermouth…), ce qui ne convient pas à sa santé. Par ailleurs, les invitations après l’article paru dans Le Figaro et la publication de son livre Les Névroses l’ont certainement fatigué. Aussi, à la fin du premier semestre 1883, Maurice Rollinat est désabusé, il craint pour sa santé et décide de quitter Paris.
Sur les conseils d’Alphonse Ponroy, il s’installe à la mi-septembre à Fresselines en compagnie de Cécile Pouettre, tout d’abord à Puy-Guillon et à partir de mars 1884 à La Pouge. Pendant près de vingt ans, il va mener une vie tranquille, recevant en toute simplicité ses amis. Claude Monet y vient de février à mai 1889 et en rapporte vingt-trois toiles. Maurice Rollinat va durant cette période composer quatre recueils de poésies : L’Abîme (1886), La Nature (1892), Les Apparitions (1896), Paysages et Paysans (1899), et un livre en prose En Errant (1903). D’importants inédits permettront de faire paraître à titre posthume, Ruminations (1904), Les Bêtes (1911) et Fin d’Œuvre (1919).
Maurice Rollinat adore les animaux ; il est toujours entouré de chiens et de chats. Il les observe comme dans le poème « Convoitise » :
CONVOITISE Près de l’âtre, assis droit, la queue en demi-cercle, Sur ses petits pieds de devant, Le chat est le voisin ronronneur et rêvant D’une braisière sans couvercle. De temps en temps, son poil ou son oreille vibre… Puis, le voilà presque voûté, Si dormant que parfois il penche d’un côté Comme s’il perdait l’équilibre. Or, pendant qu’il sommeille, une métamorphose S’opère… Au lieu du vieux fricot Mijotant sur la cendre, un succulent gigot Cuit à la flamme longue et rose. Par degrés, aux senteurs de l’ail et de la viande, Le chat, toujours moins engourdi, Tressaille, puis bâillotte, et, presque déroidi, Hoche un peu sa tête friande. A petits cherchements, flairant la graisse frite, Se baisse le nez du minet Dont le réveil s’achève et qui la reconnaît, La broche avec sa lèchefrite ! Alors, les yeux gourmands, plein d’envie, il se hausse Pour voir le beau rôti qui, déjà si dorant, Avec tant de lenteur tournique, tout pleurant Des gouttelures de la sauce. (Les Bêtes, pages 75 et 76) |
Son chien préféré est Pistolet ; il lui consacre un premier poème de son vivant et un second après sa mort :
MORT DE PISTOLET Mon fidèle partout, sûr en toute saison, Mon veilleur qui, pour moi, faisait guetter son
somme, Il repose à jamais là, mangé par la terre, L’appel de mon regret met toujours à mes trousses, (Les Bêtes, pages 113 et 114) |
Dans ses livres La Nature et Paysages et Paysans, il est un observateur de la vie locale. Il aime décrire les insectes, par exemple la coccinelle :
LA BÊTE A BON DIEU La bête à bon Dieu tout en haut C’est une vipère courtaude La bête à bon Dieu. Malgré son venimeux défaut La bête à bon Dieu. (La Nature, pp. 105 et 106) |
Il se sent proche des animaux malheureux. Dans le poème qui suit, c’est l’amour maternel qui domine malgré le handicap :
LA JUMENT AVEUGLE Avec l’oreille et les naseaux Elle devait s’inquiéter Un hennissement sorti d’elle, Parfois même en son désir tendre Lui lécher l’épaule et la tête, (La Nature, pages 159 et 160) |
L’abbé Daure, curé de Fresselines, avait convaincu Maurice Rollinat de venir jouer de l’harmonium et de chanter lors des messes et des fêtes religieuses. Ensuite, ils sont devenus amis. Dans « L’Officiant », Maurice Rollinat décrit une scène qu’il a vécue :
L’OFFICIANT Or donc, c’était pendant la messe de minuit : Soudain, se retournant, d’un geste exaspéré « Vous me connaissez bien, là-bas, les bons
apôtres ? Voulez-vous que j’y aille ! Assez de
turbulence ! (Paysages et Paysans, page 242) |
Maurice Rollinat passe beaucoup de temps à pêcher, pas simplement des poissons mais aussi des idées et des réflexions qu’il note sur un petit carnet. Il déclame aussi à haute voix ses vers pour tester leur musicalité, faisant dire aux habitants : « V’la M’ssieu Maurice qui plaide). » Voici « La bonne Rivière » lieu de vie intense pour les petits poissons :
LA BONNE RIVIÈRE Heureux gardons, heureux barbeaux, Là, sur ce fond bien au repos, Tous avalez à tout propos L’été rallumant ses flambeaux, Car, joncs, roseaux, buis sont si beaux Que moucherons, grands et nabots C’est le calme plat des tombeaux, Qui, certains soirs, flûteurs dispos, Nul voisinage de hameaux ! Vos témoins sont de vieux ormeaux, Goûtez la paix ! sous vos rameaux Que le Temps y tanne vos peaux ! Ayez des enfants par troupeaux, (La Nature, pages 278 à 280) |
Maurice Rollinat s’imprègne de la vie des habitants afin de mieux les décrire. Dans le poème « Le Braconnier », nous voyons celui-ci braver les interdictions mais rester heureux et joyeux malgré les risques. Le poète n’hésite pas à lui donner la parole et nous constatons qu’il a de l’humour :
LE BRACONNIER Contre sa jambe, à plat, collant sa canardière, Lorsqu’en face du bois surgit, brusque, un gendarme D’un nagement de loutre il file entre deux eaux, « Eh ben ! vous avez vu que je n’plong’
pas qu’un peu. (Paysages et Paysans, page 279) |
Maurice Rollinat décrit aussi des ouvriers, comme le forgeron qui doit travailler à côté d’un brasier qui le cuit :
LE FORGERON Dans sa forge aux murs bas d’où le jour va s’enfuir, Il regarde fourcher, rougeoyer et bleuir Croisant ses maigres bras poilus, Et le brasier dont il reluit, (Paysages et Paysans, page 224) |
Avant de terminer, n’oublions pas Maurice Rollinat musicien. S’il n’écrit pas lui-même ses compositions et est obligé de faire appel à des « écriveurs » comme il dit, en tout, cent-trente-sept partitions ont été publiées. Voici le poème « La Musique », source de bonheur pour lui :
LA MUSIQUE A l’heure où l’ombre noire Brouille et confond La lumière et la gloire Du ciel profond, Sur le clavier d’ivoire Mes doigts s’en vont. Quand les regrets et les alarmes Elle me verse tous les baume Elle m’apaise quand je souffre, Elle mouille comme la pluie, Dans ses fouillis d’accords étranges Les rythmes ont avec les gammes O Musique, torrent du rêve, A l’heure où l’ombre noire Brouille et confond La lumière et la gloire Du ciel profond. Sur le clavier d’ivoire Mes doigts s’en vont. (Les Névroses, pp. 49 et 50) |
En 1903, son état de santé se dégrade. Sa compagne Cécile Pouettre décède le 24 août 1903 à Paris certainement à cause des piqures de morphine qu’elle se faisait pour ses douleurs, et non de la rage comme on l’a souvent dit. Maurice Rollinat aurait pu alors avoir un réconfort auprès de l’abbé Daure, mais celui-ci très malade, décède le 20 septembre 1903. Eugène Alluaud l’invite chez lui à Crozant, puis début octobre il l’emmène avec Léo d’Ageni, alors présent pour transcrire des partitions de musique, à Limoges où ils les installent dans un petit appartement près de son domicile. Fatigué de souffrir, Maurice Rollinat tente de se suicider avec un petit révolver, mais la blessure à la bouche est sans gravité. Il est admis le 21 octobre à la maison de santé d’Ivry où il décède le 26 octobre 1903, vraisemblablement d’un cancer colorectal. Il est inhumé à Châteauroux, au cimetière Saint-Denis.
Au XXe siècle, ses poèmes ont longtemps été appris dans les écoles. En ce début de XXIe siècle, Maurice Rollinat retient toujours l’attention des chercheurs et des amoureux de la poésie. Et bien sûr, il y a l’association des Amis de Maurice Rollinat qui entretient son souvenir par des manifestations, un prix de poésie et l’édition d’un Bulletin annuel de cent-soixante-huit pages.
31 juillet 2024
Régis CROSNIER.
NB : Pour avoir plus d’informations sur Maurice Rollinat et l’Association des Amis de Maurice Rollinat, vous pouvez consulter le site Internet qui leur est consacré.
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