Maurice Rollinat, un poète proche des délaissés

 

 

(Conférence lue à plusieurs voix avec des poèmes mis en musique par Michel Caçao, lors de la journée des Amis de Maurice Rollinat à la médiathèque de Châteauroux, le 7 mars 2015.)

 

L’insurrection est le thème du Printemps des Poètes en 2015. Si nous consultons le dictionnaire Larousse, à côté du sens premier, action de s’insurger, de se soulever contre le pouvoir établi, se trouve le sens littéraire qui correspond à une opposition vivement exprimée telle l’insurrection de la dignité en face d’une humiliation, sens que nous approfondirons dans la vie et l’œuvre du poète.

Dans sa vie d’adulte, à Paris, Maurice Rollinat s’insurge contre les préjugés, le cynisme (lettre à Raoul Lafagette en date du 26 juin 1871), contre tous « les abus de pouvoirs », en particulier ceux de « La Commune », du « cléricalisme » et du « militarisme ». En ce sens, il conseille à son ami Raoul Lafagette d’être « le champion de la raison pure et de la liberté calme » (lettre à Raoul Lafagette en date du 24 mai 1871). Il est écœuré par les combats et comme de nombreux jeunes de tout siècle, clame un idéal de vie difficilement conciliable avec la réalité.

Maurice Rollinat s’insurge aussi contre la facilité en littérature et il peut se révolter vis-à-vis d’écrivains qui lui paraissent superficiels, faux ou sans scrupule, ne souhaitant que conquérir le pouvoir. Il critique de manière acerbe « Coppée et Leconte de l’Isle qui prostituent leur muse » ; il rabaisse Victor Hugo qu’il considère comme « vieux » et manquant d’exubérance (lettre à Raoul Lafagette en date du 26 juin 1871). À l’opposé, il apprécie de retrouver dans les salons, « Zola, Pelletan, M. Prudhomme » et des sommités littéraires tels « Flaubert » (lettre à Raoul Lafagette en date du 15 décembre 1874). Maurice Rollinat comme beaucoup d’autres écrivains, refuse la vanité, l’orgueil, la fatalité qui sont si souvent vainqueurs dans ce monde menteur.

Maurice Rollinat a toujours eu soif de campagne et d’air pur et son livre Dans les Brandes, en est imprégné. Le premier poème comporte vingt-quatre quatrains et s’intitule « Fuyons Paris » ; le poète s’insurge contre la vie parisienne dépravée :

FUYONS PARIS

O ma fragile compagne,
Puisque nous souffrons à Paris,
Envolons-nous dans la campagne
Au milieu des gazons fleuris.

Loin, bien loin des foules humaines,
Où grouillent tant de cœurs bourbeux,
Allons passer quelques semaines
Chez les peupliers et les bœufs.

Fuyons les viles courtisanes
Aux flancs de marbre, aux doigts crochus,
Viens ! nous verrons des paysannes
Aux seins bombés sous les fichus.

Nos boulevards seront des plaines
Où le seigle ondoie au zéphir,
Et des clairières toutes pleines
De fleurs de pourpre et de saphir.

En buvant le lait d’une ânesse
Que tu pourras traire en chemin
Tu rafraîchiras ta jeunesse
Et tu lui rendras son carmin.

Dans les halliers, sous la ramure,
Douce rôdeuse au pied mignon,
Tu t’en iras chercher la mûre,
La châtaigne et le champignon.

Les fruits qu’avidement tu guignes,
Va ! laisse-les aux citadins !
Nous, nous irons manger des guignes
Au fond des rustiques Édens.

Au village, on a des ampoules,
Mais, aussi, l’on a du sommeil.
Allons voir picorer les poules
Sur les fumiers pleins de soleil.

Sous la lune, au bord des marnières,
Entre des buissons noirs et hauts,
La carriole dans les ornières
A parfois de si doux cahots !

J’aime l’arbre et maudis les haches !
Et je ne veux mirer mes yeux
Que dans la prunelle des vaches,
Au fond des prés silencieux !

Si tu savais comme la muse
M’emplit d’un souffle virginal,
Lorsque j’entends la cornemuse
Par un crépuscule automnal !

Paris, c’est l’enfer ! – sous les crânes,
Tous les cerveaux sont desséchés !
Oh ! les meunières sur leurs ânes
Cheminant au flanc des rochers !

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le poème Fuyons Paris de Maurice Rollinat.

Oh ! le vol des bergeronnettes,
Des linottes et des piverts !
Oh ! le cri rauque des rainettes
Vertes au creux des buissons verts !

Mon âme devient bucolique
Dans les chardons et les genêts,
Et la brande mélancolique
Est un asile où je renais.

Sans fin, Seine cadavéreuse,
Charrie un peuple de noyés !
Nous, nous nagerons dans la Creuse,
Entre des buis et des noyers !

Près d’un petit lac aux fleurs jaunes
Hanté par le martin-pêcheur,
Nous rêvasserons sous les aunes,
Dans un mystère de fraîcheur.

Fuyons square et bois de Boulogne !
Là, tout est artificiel !
Mieux vaut une lande en Sologne,
Grisâtre sous l’azur du ciel !

Si quelquefois le nécrophore
Fait songer au noir fossoyeur,
Le pic au bec long qui perfore
Est un ravissant criailleur.

Sommes-nous blasés sans ressource ?
Non, viens ! nous serons attendris
Par le murmure de la source
Et la chanson de la perdrix.

Le pauvre agneau que l’homme égorge
Est un poème de douceur ;
Je suis l’ami du rouge-gorge
Et la tourterelle est ta sœur !

Quand on est las de l’imposture
De la perverse humanité,
C’est aux sources de la nature
Qu’il faut boire la vérité.

L’éternelle beauté, la seule,
Qui s’épanouit sur la mort,
C’est Elle ! la Vierge et l’Aïeule
Toujours sans haine et sans remord !

Aux champs, nous calmerons nos fièvres,
Et mes vers émus, que tu bois,
Jailliront à flots de mes lèvres,
Dans la pénombre des grands bois.

Viens donc, ô chère créature !
Paris ne vaut pas un adieu !
Partons vite et, dans la nature,
Grisons-nous d’herbe et de ciel bleu !

(Dans les Brandes, pp. 3 à 9)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le poème Fuyons Paris de Maurice Rollinat.

À l’opposé de la campagne, Maurice Rollinat décrit principalement la vie parisienne dans son livre Les Névroses qui l’a rendu célèbre. Il met en scène les gens dits de mauvaise vie, de manière naturelle, sans porter de jugement comme dans ses poèmes « La belle fromagère » (pp. 72 à 75), ou :

LA MARCHANDE D’ÉCREVISSES

Aux portes des cafés où s’attablent les vices,
Elle va tous les soirs offrant des écrevisses
Sur un petit clayon tapissé de persil.
Elle a l’œil en amande orné d’un grand sourcil
Et des cheveux frisés blonds comme de la paille.
Or, ses lèvres en fleur qu’un sourire entre-bâille,
Tentent les carabins qui fument sur les bancs,
Et comme elle a des seins droits, et que, peu tombants,
Ses jupons laissent voir sa jambe ronde et saine,
Chacun d’eux lui chuchote un compliment obscène.

(Les Névroses, p. 76)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le poème La Marchande d'écrevisses de Maurice Rollinat.

 

Maurice Rollinat peut montrer la déchéance de l’être humain avili mais jamais il ne se moque. Il garde une certaine pitié de l’être dépravé comme dans « La buveuse d’absinthe » :

LA BUVEUSE D’ABSINTHE

Au docteur Louis Jullien

Elle était toujours enceinte,
Et puis elle avait un air…
Pauvre buveuse d’absinthe !

Elle vivait dans la crainte
De son ignoble partner :
Elle était toujours enceinte !

Par les nuits où le ciel suinte,
Elle couchait en plein air.
Pauvre buveuse d’absinthe !

Ceux que la débauche éreinte
La lorgnaient d’un œil amer :
Elle était toujours enceinte !

Dans Paris, ce labyrinthe
Immense comme la mer,
Pauvre buveuse d’absinthe,

Elle allait, prunelle éteinte,
Rampant aux murs comme un ver…
Elle était toujours enceinte !

Oh ! cette jupe déteinte
Qui se bombait chaque hiver !
Pauvre buveuse d’absinthe !

Sa voix n’était qu’une plainte,
Son estomac qu’un cancer :
Elle était toujours enceinte !

Quelle farouche complainte
Dira son hideux spencer !
Pauvre buveuse d’absinthe !

Je la revois, pauvre Aminte,
Comme si c’était hier :
Elle était toujours enceinte !

Elle effrayait maint et mainte
Rien qu’en tournant sa cuiller ;
Pauvre buveuse d’absinthe !

Quand elle avait une quinte
De toux, – Oh ! qu’elle a souffert,
Elle était toujours enceinte ! –

Elle râlait : « Ça m’esquinte !
Je suis déjà dans l’enfer. »
Pauvre buveuse d’absinthe !

Or elle but une pinte
De l’affreux liquide vert :
Elle était toujours enceinte !

Et l’agonie était peinte
Sur son œil à peine ouvert ;
Pauvre buveuse d’absinthe !

Quand son amant dit sans feinte :
« D’débarras, c’en est un fier !
« Elle était toujours enceinte. »
– Pauvre buveuse d’absinthe !

(Les Névroses, pp. 270 à 272)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le poème La Buveuse d'absinthe de Maurice Rollinat.

 

Maurice Rollinat n’hésite pas à montrer la souffrance ; il peut dresser le portrait d’un homme mourant de faim mais gardant encore sa dignité comme dans ce sonnet :

UN BOHÈME

Toujours la longue faim me suit comme un recors ;
La ruelle sinistre est mon seul habitacle ;
Et depuis si longtemps que je traîne mes cors,
J’accroche le malheur et je butte à l’obstacle.

Paris m’étale en vain sa houle et ses décors :
Je vais sourd à tout bruit, aveugle à tout spectacle ;
Et mon âme croupit au fond de mon vieux corps
Dont la pâle vermine a fait son réceptacle.

Fantôme grelottant sous mes haillons pourris,
Épave de l’épave et débris du débris,
J’épouvante les chiens par mon aspect funeste !

Je suis hideux, moulu, racorni, déjeté !
Mais je ricane encore en songeant qu’il me reste
Mon orgueil infini comme l’éternité.

(Les Névroses, p. 276)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le poème Un Bohème de Maurice Rollinat.

 

L’Abîme (1886) est le plus sombre et le plus fantastique de ses livres. L’Abîme reflète son état d’esprit après son succès parisien puis son départ de Paris vers la Creuse, dans un endroit perdu loin du monde. Écœuré, proche du désespoir, il a fui les jalousies mesquines, les jugements sarcastiques, erronés qui sont souvent hélas, la contrepartie de la célébrité.

Ce recueil est aussi le plus philosophique de ses livres de poésie. Maurice Rollinat nous parle de l’honnêteté en opposition à la perversité, à travers l’humain englué dans la fatalité, ou de la lutte du bien et du mal dans « Le soliloque » obnubilé par ses idées fixes. Maurice Rollinat dénonce nos travers par des vers, leitmotivs qui reviennent nous hanter :

L’HONNÊTETÉ

Qu’est-ce que c’est que d’être honnête,
Qu’est-ce que la Perversité,
Si la responsabilité
N’est qu’un mirage de la tête ?

Si nous portons la volonté
Comme une montre qui s’arrête,
Qu’est-ce que c’est que d’être honnête,
Qu’est-ce que la Perversité ?

Si l’homme, à l’égal de la bête,
Accomplit sa fatalité,
S’il agit dans la cécité
Comme le flot et la tempête,
Qu’est-ce que c’est que d’être honnête ?

(L’Abîme, pp. 242 et 243)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le poème L'Honnêteté de Maurice Rollinat.

 

LE SOLILOQUE

Le soliloque ne ment pas
Quand il nous dénonce à nous-mêmes
Le néant de nos stratagèmes
Et notre frayeur du trépas.

A travers nos piteux combats
Et nos infortunés blasphèmes,
Le soliloque ne ment pas
Quand il nous dénonce à nous-mêmes.

Oh ! lorsque la nuit pas à pas
Nous suit dans les campagnes blêmes
Où les formes sont des problèmes
Et qui se lamentent très bas…
Le soliloque ne ment pas !

(L’Abîme, pp. 88 et 89)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le poème Le Soliloque de Maurice Rollinat.

 

Dans La Nature (1892), Maurice Rollinat veut décrire avec précision, l’homme tel qu’il est, ses traits de caractère, ses pensées.

Il sait prendre sur le vif des êtres étranges tel « Le crétin », dont il dresse minutieusement le portrait d’un homme repoussant pour ensuite le réhabiliter et même le sublimer de manière étonnamment mystique en « Pur Esprit du paysage ». Ainsi la laideur devient beauté :

LE CRÉTIN

Horrifiant la forme humaine
Dans sa structure d’idiot,
Le pâtre nain, jeune et vieillot,
Subit les frimas de la plaine.

Mais, avec sa pensée inerte,
II n’éprouve qu’à fleur de corps
Cette impression du dehors
Qui lui vient, confuse et couverte.
(…)

Les bruits rauques de ses langages
Qu’il émet saccadés, plaintifs,
Sont juste significatifs
Comme un murmure de branchages,
(…)

Même hélas ! sa mère émouvante
De tendresse pour cet enfant,
Près de lui, toujours se défend,
D’un frissonnement d’épouvante.
(…)

Mais ce berger glaçant les moelles
A des yeux d’un bleu vert lacté,
Les frères en mysticité
Du diamant frais des étoiles.

L’innocence de sa pauvre âme
Immaculée y transparaît,
Et tout l’infini du regret
Fait parler ces miroirs sans flamme.

Qui disent pour lui : « Je me navre
« De ce que le Sort m’a produit
« Si difforme, si plein de nuit,
« Et repoussant comme un cadavre. »

C’est pourquoi malgré son visage
Et son corps si laids, – par ses yeux
Il demeure, là, sous les cieux,
Le Pur Esprit du paysage.

(La Nature, pp. 203 à 209)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le poème Le Crétin de Maurice Rollinat.

 

Dans « La folle », cette femme si différente de nous, est embellie par Rollinat pour devenir peu à peu émouvante :

LA FOLLE

En automne, au printemps, quand le soleil assoiffe
La terre, même aussi lorsque le froid vous mord,
On voit la Folle errer, pâle comme la Mort,
Sous ses longs cheveux noirs qui sortent de sa coiffe.

Plus belle du désordre égaré de ses charmes
Elle va dans sa libre inoffensivité,
Atteinte pour jamais de cette insanité
Que le regret d’Amour engendre avec des larmes.

Tout ce que la Musique exprime de plus tendre :
La caresse du cœur, la pitié du sanglot, –
– Le murmure du vent, du feuillage et de l’eau,
Tout cela, confondu, sa voix le fait entendre.

On dirait que son âme inconsolable hôtesse
De cet horrible drame où sombra son esprit,
A passé dans son chant qui pleure et qui sourit
Avec le même vague et la même tristesse.

Soudainement voilés d’une vapeur sensible,
Suivant que sa pensée obscure se souvient,
Ses yeux regardent tout et ne regardent rien :
Ils guettent du néant au fond de l’Impossible.
(…)

Sa jupe rapiécée et dont le bord se ronge,
Laissant voir purs et blancs ses beaux petits pieds nus,
Elle va. – Fleur, quenouille entre ses doigts menus
Sont les mêmes objets qu’elle tient comme en songe.

La plaintive Elégie et la triste Romance
L’escortent pour les yeux du rêve : Elle est leur sœur !
Le monotone aspect de son humble douceur
A presque angélisé sa tranquille démence.
(…)

Froide le plus souvent, parfois la pauvre Folle
A des regards émus pour les petits oiseaux,
Prie au long des cercueils, chante auprès des berceaux,
Adresse aux mendiants quelque lente parole.

Mais les nuages, l’eau, les grands horizons vides
Sont le gouffre ordinaire où son œil va plonger,
Et son esprit perdu qui peut encor songer
Interroge le soir ces profondeurs livides :

Car, c’est de là qu’un jour surgira, – pense-t-elle –
Le fantôme ou la voix de l’Être disparu
Dont son tourment d’aimer, par le désir accru,
Cherche toujours en vain l’enveloppe mortelle.

(La Nature, pp. 281 à 284)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le poème La Folle de Maurice Rollinat.

 

Dans « Les vieux pauvres », ces humains semblent unis aux éléments, « Regardent l’eau, l’herbe, et la branche » ; le poète les magnifie à l’image de « patriarches », « avec leur longue barbe blanche » :

LES VIEUX PAUVRES

Les vieux pauvres par les chemins
Regardent l’eau, l’herbe et la branche,
Et leur bonne misère franche
Vague sans peur des lendemains.

Corps tannés – teints de parchemins,
Secs et ligneux comme une planche,
Les vieux pauvres par les chemins
Regardent l’eau, l’herbe et la branche.

A l’heure où le soleil épanche
Ses plus sanguinolents carmins,
Solennels – tenant à deux mains
Le bissac où leur dos s’emmanche –
Avec leur longue barbe blanche,
Ils font l’effet par les chemins
De patriarches surhumains
Dont l’œil clair se lève et se penche.

(La Nature, pp. 328 et 329)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le poème Les vieux Pauvres de Maurice Rollinat.

 

Dans Les Apparitions (1896), Maurice Rollinat nous présente tels des spectres ou des revenants des gens hors du commun, tels les quatre fous qui philosophent sur la vie ; leur folie peut nous paraître d’une certaine manière, bien sensée :

LES QUATRE FOUS

Quatre fous causent entre eux. – L’un
Fait d’un ton goguenard et triste :
« On se figure que j’existe !
On se trompe ! – Je suis défunt ! »

Un second : « Moi ! c’est le contraire !
Je suis mort, pensez-vous, – Non pas.
Je vis ! et jamais le trépas
Ne me fera votre confrère. »

Un autre : « Mon horreur est pire !
Avec l’air palpable et mouvant
Je ne suis ni mort ni vivant !
Rien ! Le Néant est mon empire. »

Le dernier ricane : « Qui sait ?
Pour moi qui suis votre maître
Chacun de vous dit vrai peut-être… »
Quel sage que cet insensé !

(Les Apparitions, pp. 22 et 23)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le poème Les quatre Fous de Maurice Rollinat.

 

Maurice Rollinat sait aussi mettre en valeur la dignité dans la pauvreté comme lorsqu’il décrit un vieillard, ermite en symbiose avec la nature :

LE VIEUX PAUVRE

Dans ce pays lugubre, épineux et mauvais,
Parsemé d’étangs noirs, masqué de bois épais,
Où le murmure errant s’étouffait comme un râle,
Le soir allait bientôt filer sa toile pâle.

Le soleil écroulé sur les hauteurs chenues,
Réduisant ses rayons toujours plus rapprochés,
Vermillonnait les airs, les feuilles, les rochers,
Saignait, liquéfié, sa pourpre au bas des nues.

Tout à coup descendant la colline, effrayant
D’âge et de majesté, surgit un mendiant !
Et mon regard, montant des profondeurs blafardes

Au sommet de ces bois écrasés de sommeil,
Vit en ce grand vieillard dont rougeoyaient les hardes
Le Temps qui cheminait dans le sang du soleil.

(Les Apparitions, pp. 224 et 225)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le poème Le vieux pauvre de Maurice Rollinat.

 

Dans son livre Paysages et Paysans (1899), ses poèmes fourmillent de croquis pris sur le vif, sans fioriture, sans marque de jugement.

Dans « Le pêcheur d’écrevisses », Maurice Rollinat nous régale d’un portrait pris sur le vif avec beaucoup de précision et d’humour, tout en gardant la spontanéité de cet homme, en lui donnant la parole. Vers la fin de ce poème, le pêcheur se fond peu à peu dans le paysage et dans le mystère puis dans la mort.

LE PÊCHEUR D’ÉCREVISSES

Nez plat, grosse bouche en fer d’âne,
Et, sous les pommettes deux creux
Dans un long visage cireux,
Tout en menton et tout en crâne ;

Glabre, sec et la peau ridée ;
Un petit œil vif et louchon ;
Une jambe en tire-bouchon,
L’autre racornie et coudée ;

Boitant, mais de telle manière
Que, d’un coté marchant plus bas,
Il avait l’air, à chaque pas,
D’entrer un pied dans une ornière.

Les bras tombant à la rotule
Avec une très courte main :
Tel était le pauvre Romain,
Mon visiteur du crépuscule.

Ce gars pêchait des écrevisses
Dans tous les ruisseaux du ravin.
Le goût du tabac et du vin
Était le plus grand de ses vices.
(…)

Ce maigre infirme, à jeun, comme ivre,
Rôdaillait le jour et la nuit…
Et, quand on marchait avec lui,
On avait du mal à le suivre.

S’il avait une ample capture,
Le soir, annoncé par mes chiens,
Il m’arrivait, criait « J’en viens !
J’vous apport’ de la nourriture. »
(…)

Je lui donnais un coup à boire,
Et, ça dépendait, deux et trois !…
Il buvait, tenant à dix doigts
Son verre comme un saint-ciboire.

Alors, sa pauvre face exsangue,
Prenant un petit ton vermeil,
Il disait : « C’est du jus d’soleil ! »
En faisant claqueter sa langue.
(…)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le poème Le Pêcheur d'écrevisses de Maurice Rollinat.

Oui ! mais à présent, l’Diab’ me rompe !
Mes doigts ont des yeux pas berlus,
J’les serr’ sur l’écreviss’, pas plus !
Et n’ya pas d’danger que j’me trompe.

Qui q’ça fait q’j’aye un’jamb’ trop basse ?
Au contrair’, j’ai moins à m’courber,
Et, quand i’ m’arriv’ de tomber,
Les rochers m’connais’ : i’ m’ramassent.

Et puis, voulez-vous que j’vous dise ?
J’s’rais pas infirm’, ça s’rait l’mêm’ jeu ;
Je m’plais trop dans c’qu’a fait l’bon Dieu,
Y flâner, c’est ma gourmandise ! »

Ame inculte, mais nuancée,
Cœur de soleil et de brouillard,
Errant poète du regard,
De l’oreille et de la pensée,

Il les comprenait suivant l’heure
Les paysages qu’il vivait,
Et, dans la nature, il savait
Ce qui parle, rit, chante ou pleure.

Au fond de leurs gorges désertes
Il aimait ses ruisseaux obscurs
Qui glougloutaient, pierreux et purs,
Sous des arceaux de branches vertes.

Leur mystère était son royaume
Par lui si tendrement hanté
Qu’il avait l’air en vérité
D’en être l’âme et le fantôme.

A présent, il dort sous les saules.
Ce coteau, tant de fois grimpé,
Dans une boîte à pan coupé,
Il l’a gravi sur des épaules.

Et, tous mes regrets sur sa tombe
Offrent un hommage fervent
Au pauvre être que, si souvent,
J’évoque, lorsque la nuit tombe.

(Paysages et paysans, pages 233 à 240)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le poème Le Pêcheur d'écrevisses de Maurice Rollinat.

 

Véritable portraitiste, Maurice Rollinat nous présente des êtres hors du commun, ceux que nous avons tendance à oublier tellement ils se fondent avec la nature ou ceux bravent les interdictions. Voici le braconnier joyeux, heureux, dynamique. Maurice Rollinat n’hésite pas à lui donner la parole et nous constatons qu’il a de l’humour :

LE BRACONNIER

Contre sa jambe, à plat, collant sa canardière,
Voûtant son maigre buste au veston de droguet,
Silencieux glisseur, l’œil et l’oreille au guet,
Il longe un des plus creux dormants de la rivière,

Lorsqu’en face du bois surgit, brusque, un gendarme
Et puis un autre encore avec le brigadier.
« A trois vous n’m’aurez pas ! ouf ! Mon outil l’premier ! »
Dit l’homme qui, d’un bond, dans l’onde suit son arme.

D’un nagement de loutre il file entre deux eaux,
Atteint la berge, et, là, debout dans les roseaux,
Aux trois stupéfiés d’en face, alors il crie :

« Eh ben ! vous avez vu que je n’plong’ pas qu’un peu.
Je r’pêch’rai mon fusil lequel, moyennant Dieu,
F’ra du service encor… bonsoir la gendarm’rie ! »

(Paysages et Paysans, p. 279)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le poème Le Braconnier de Maurice Rollinat.

 

Maurice Rollinat a préparé de son vivant, son livre En errant - Proses d’un promeneur solitaire (1903), paru après sa mort. Ici Maurice Rollinat confie sa philosophie de vie, à travers des histoires dans lesquelles la nature est omniprésente, celle de l’homme, celle de la végétation, des paysages, des animaux dans une sorte de symbiose au goût d’étrangeté et d’inhabituel.

Dans sa première narration (« Pêcheur de truites » pp. 3 à 24), Maurice Rollinat apprécie sa « rencontre près d’un vieux moulin » (p. 22) d’un pêcheur de truites, au faciès étonnant, intégré au paysage, telle une apparition, « une silhouette inoubliable » (p. 20). Cet ermite le fascine et il l’admire, regrettant dans un certain sens, de ne pas être comme lui, sans contact avec la ville, le monde : « Il était magnifique de pittoresque ! avec sa face de bronze, osseuse et froide, ses yeux de loup, son nez en bec de vautour, ses lèvres plates et ses favoris noirs, il m’apparut comme le grand magistrat de la solitude, ayant condamné pour jamais à son indifférence la citadine humanité. » (p. 23). « Et je m’en revins, pas à pas, dans le crépuscule, regrettant de n’être pas, moi aussi, un instinctif de la pêche, un sauvage de la rêverie ; enviant ce farouche de l’existence, poète inculte et visionnaire de ravins, qui emmagasinait et ruminait au fond de son âme les plus belles impressions de nature, sans le puéril et douloureux souci de les formuler pour les autres. » (p. 24).

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le texte Pêcheur de truites de Maurice Rollinat.

 

Dans « Les deux bohémiens » (pp. 83 à 87), Maurice Rollinat décrit avec précision, une femme et son respect force notre attention car elle devient sous sa plume « l’idéale pauvreté » (p. 84). Il est hypnotisé et nous transmet sa vision fantastique, proche d’Edgar Poe :

« Mais, comme elle était plus émouvante encore, plus inexprimablement fascinante d’horreur douloureuse, de poésie pleurante et de mélancolie suprême, la femme-apparition, devenue le fantôme de l’endroit, entre cette rosse et cette voiture !

Robée de guenilles noires comme sa chevelure éparse et emmêlée qui treillissait à demi sa hâve et ovale figure si artistiquement belle, si intensément fantastique dans son étrangeté presque sépulcrale, elle incarnait l’idéale pauvreté, malade, languissante et fragile, lugubre comme la nuit et mystérieuse comme elle.

En cette femme, devant mes yeux, respirait, vivait l’être que je venais d’imaginer le plus triste de ses semblables, d’une telle damnation d’existence qu’en vérité mon rêve s’effrayait d’avoir pu concevoir une créature si maudite. » (p. 84)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le texte Les deux bohémiens de Maurice Rollinat.

 

Dans « L’innocent » (pp. 163 à 166), Maurice Rollinat nous emporte sur le chemin du père Jean à la recherche de son fils débile. Nous constatons avec étonnement, le crescendo de l’angoisse du père, expression de la force de son amour pour son enfant, puis son respect, son attention hors de toute convenance.

« I’ s’est perdu ! (…) » (p. 163) est le cri du cœur de ce père qui réfléchit : « ou p’utôt, non ! il est là-bas, dans ceux fonds, à musarder sus l’bord d’ la rivière ! Aller l’ chercher si loin et si creux, c’est trop dur pour moi. I’ doi’ êt’re près du noir gouffre, pasc’ que, chaq’ fois qu’i’ s’en va, ça m’ paraît q’ c’est là qu’i s’ rend d’habitude » (p. 163).

Maurice Rollinat semble participer à ses émotions, à cette fuite vers un ailleurs, dans la beauté des fleurs qui, par contraste, fait ressortir la déchéance physique et mentale de l’innocent :

« (…) il avait fait des bouquets multicolores, bigarrés de feuilles vertes, qui, au bout de souples baguettes enfoncées dans le sable, figuraient de jolis petits arbres féeriques, bercés par leur légèreté même et se dandinant au moindre souffle.

A sa façon, dans son baroque enfantin, tout cela poétisait le mystère du lieu. C’était un hommage touchant et naïf à la vie comme au sommeil des choses, leur étant d’autant mieux approprié qu’il leur venait d’un être, plus près d’elles, plus obscur, plus muré en son monotone végètement, plus instinctivement compatible et communiant avec la fatale simplicité de la nature.

Et, maintenant, à genoux, les poignets dans l’herbe, tour à tour, faisant dodeliner sa tête ou la tenant fixement penchée, l’idiot se mirait dans l’eau vitreuse et pleurait silencieusement devant sa hideuse image. » (pp. 165 et 166)

Maurice Rollinat, par son style dynamique, nous entraîne près de l’enfant, dans l’attente du dénouement entre les cris et le ciel :

« J’avais certainement surpris, sans l’éveiller, son tête-à-tête avec lui-même, abîmé, si chagrin, dans sa propre horreur ; il ne soupçonnait pas ma présence, mais, au mouvement que je fis pour l’aborder, il se dressa, soudain comme un ressort, en poussant un cri de bête en alarmes, et, avec une précipitation surhumaine, atteignit le haut de la colline d’où il sembla, pour mes yeux, qu’il se perdait dans les nuages. » (p. 166)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le texte L'innocent de Maurice Rollinat.

 

Ruminations (1904) est un livre différent des autres. Maurice Rollinat l’a préparé de son vivant mais il n’est paru qu’en 1904 donc un an après sa mort. Il est composé de courts paragraphes, chacun étant indépendant de l’autre. Maurice Rollinat a semé là, ses idées, les unes après les autres, les ruminant, nous faisant partager ses réflexions, ses sentences qui nous permettent d’approfondir ses pensées. Il nous met en garde contre l’hypocrisie, contre ceux qui veulent paraître aux yeux du monde et qui cachent leur vraie personnalité. Il s’oppose ainsi aux façades de la bienséance factice :

« Aux puissants qui se savent injustes, l’accusation d’une seule âme sincèrement indignée est plus sensible que tous les suffrages de la foule.

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Quand, par sa toute naturelle expression, le sourire n’est pas le sincère et lumineux épanouissement de l’intime cordialité, il affirme toujours le malaise de l’offre, la comédie de l’empressement, le mensonge de la bienveillance.

Que d’hypocrites, se croyant forts, et se dénonçant par leur sourire qui ne sait ou ne peut appareiller sa feinte avec l’imposture si douce et si veloutée du regard ! » (Ruminations, pp. 193 et 194).

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant les textes extraits de Ruminations de Maurice Rollinat.

 

Les Bêtes (1911), recueil posthume de poèmes (édité par Gustave Geoffroy), est étonnamment proche de l’homme car Maurice Rollinat laisse s’exprimer les animaux qu’il considère doués de pensées et de jugements. Je me pose même la question : Ne les a-t-il pas mis très souvent sur un piédestal, plus hauts que l’homme, plus fiables, plus sincères ? Par la voix du poète, les bêtes nous parlent. Le premier poème de ce livre en est un exemple :

LE JUGEMENT DES BÊTES

Par l’œil où quelquefois transpire
Un peu du sphinx de leur esprit,
Par le presque humain de leur cri,
Les animaux semblent nous dire :

Vous ne savez que nos dehors,
Mais rien du dedans de nous-mêmes.
Pour vous nous sommes des problèmes
Comme les objets et les morts. (…)

C’est l’énigme du sentiment
Qui luit au fond de nos prunelles,
Si fatalement éternelles
De calme et d’inétonnement.

Mais nous avons nos deuils, nos troubles,
Qui sait ? peut-être nos remords !
Deux esprits luttent dans nos corps.
Autant que vous, nous sommes doubles. (…)

Votre méchanceté nous trouve conscients.
Si nous sommes rusés, serviles, méfiants,
C’est que nous vous savons plus mauvais que nous autres.

(Les Bêtes, pages 1 à 4)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le poème Le Jugement des Bêtes de Maurice Rollinat.

 

 

Dans le recueil Fin d’œuvre (1919), les poèmes ont été édités par son grand ami, Gustave Geoffroy. Dans « Le pêcheur à la ligne », le poète met bien en évidence la difficulté pour l’homme de garder ses bonnes intentions et sa facilité à refaire les mêmes erreurs :

LE PÊCHEUR A LA LIGNE

Tout à l’heure ravi, le cœur faisant toc toc,
Barbare du plaisir, aveugle à sa torture,
De l’anguille il fouettait le tronc d’arbre et le roc.
Ce meurtre maintenant lui gâte sa capture.

« Bah ! fait-il retendant au même endroit du lac,
Prise, c’était pour être morte !
J’ai mieux fait d’agir de la sorte
Que de la laisser vivre à souffrir dans mon sac.

Sans vouloir donner des raisons
Au méchant remords qui m’oppresse,
Je dis qu’en tuant cette ogresse
J’ai vengé beaucoup de poissons. »

Sa conscience ne se prête
A rien, et puis l’appelle hypocrite à présent.
Les choses tout autour le jugent lâche, il sent
Peser sur lui leur blâme honnête.

Et lorsque son regard descend
A ses deux mains pleines de sang,
Honteux l’assassin de la bête
Rougit, pâlit, baisse la tête.

Mais le sournois pêcheur surveille en s’accusant.
Ça mord : une autre anguille. Il la prend, quelle fête !
Et la massacre encor d’un air très innocent.
Tant est féroce en nous l’orgueil de la conquête !

(Fin d’Œuvre, pages 91 et 92)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le poème Le Pêcheur à la ligne de Maurice Rollinat.

 

Dans « Les mauvais conseilleurs », Maurice Rollinat nous donne de manière indirecte, une leçon de morale. En effet, il met en scène trois enfants, le Regret, le Songe, la Peur, ne correspondent-ils pas à notre conscience que le poète essaie de réveiller ?

LES MAUVAIS CONSEILLEURS

Les trois enfants de la nuit noire :
Le Regret, le Songe et la Peur,
Pratiquent la vaine stupeur
Et l’inquiétude illusoire.

Ils s’alarment d’un chien jappeur
Et du craquement d’une armoire,
Les trois enfants de la nuit noire,
Le Regret, le Songe et la Peur.

Et le plus sceptique, après boire
Rentré chez lui, morne soupeur,
Dans le silence enveloppeur,
Quelquefois n’est pas loin de croire
Les trois enfants de la nuit noire.

(Fin d’Œuvre, pages 101 et 102)

Peinture à la cire de Catherine Réault-Crosnier, illustrant le poème Les mauvais Conseilleurs de Maurice Rollinat.

 

En conclusion, nous avons sillonné ensemble, les principaux livres de Maurice Rollinat. La corruption est souvent au premier plan, elle le hante. Il n’a plus confiance en l’homme si vite dépravé. Étonnamment, en opposition, les petites gens, les délaissés ont la place d’honneur et sont réhabilités en symbiose avec les éléments. Ne sont-ils pas proches de Rollinat, parti s’exiler dans la campagne creusoise, à Fresselines ? Rollinat n’a jamais fini de ruminer ses pensées et en même temps, de nous donner une œuvre surprenante aux multiples facettes ; Maurice Rollinat reste toujours proche des êtres malades, craintifs, humiliés, déchus, maltraités. À sa manière, il nous montre combien ils ont de valeur, s’opposant ainsi à notre vision habituelle des humains à respecter. N’est-il donc pas ainsi le défenseur des mal aimés ?

 

Novembre 2014 / mars 2015

Catherine RÉAULT-CROSNIER

 

Bibliographie

Livres de Maurice Rollinat utilisés :

– Rollinat Maurice, Les Névroses, G. Charpentier, Paris, 1883, 399 pages
– Rollinat Maurice, Dans les Brandes, poèmes et rondels, G. Charpentier, Paris, 1883, 281 pages
– Rollinat Maurice, L’Abîme, poésies, G. Charpentier, Paris, 1886, 292 pages
– Rollinat Maurice, La Nature, poésies, G. Charpentier et E. Fasquelle, Paris, 1892, 350 pages
– Rollinat Maurice, Les Apparitions, G. Charpentier et E. Fasquelle, Paris, 1896, 310 pages
– Rollinat Maurice, Paysages et Paysans, poésies, Bibliothèque Charpentier, E. Fasquelle, Paris, 1899, 332 pages
– Rollinat Maurice, En errant, proses d’un solitaire, Bibliothèque Charpentier, E. Fasquelle, Paris, 1903, 325 pages
– Rollinat Maurice, Ruminations, proses d’un solitaire, Bibliothèque Charpentier, E. Fasquelle, Paris, 1904, 296 pages
– Rollinat Maurice, Les Bêtes, poésies, Bibliothèque Charpentier, E. Fasquelle, Paris, 1911, 234 pages
– Rollinat Maurice, Fin d’Œuvre, Bibliothèque Charpentier, E. Fasquelle, Paris, 1919, 341 pages

 

Autres documents cités :

– Rollinat Maurice, Lettres à Raoul Lafagette en date du 24 mai 1871, du 26 juin 1871 et du 15 décembre 1874 (collection particulière)

 

 

NB : Pour avoir plus d’informations sur Maurice Rollinat et l’Association des Amis de Maurice Rollinat, vous pouvez consulter le site Internet qui leur est consacré.