Maurice Rollinat, « LE CIEL »
(Texte lu à plusieurs voix avec des poèmes mis en musique par Michel Caçao, le 18 novembre 2017 à Argenton-sur-Creuse, dans le cadre de la soirée de poésie des journées annuelles de l’association des Amis de Maurice Rollinat.)
Maurice Rollinat (1849 – 1903), poète et musicien, n’a jamais fini de nous surprendre par son souffle créateur, alliance de fantastique et de morbide, de nature prise sur le vif et d’imaginaire. Il nous emporte vers un ailleurs où le ciel a un place inhabituelle car il a l’art de traiter les sujets de manière très personnelle sans jamais nous lasser.
Citons tout d’abord, trois poèmes extraits de son livre le plus connu, Les Névroses, « Le vent d’été », témoin de la sensualité du poète, « La ballade de l’arc-en-ciel » mettant en valeur la nature de l’insecte au zéphyr, enfin « Le ciel » pour rêver de paradis.
LE VENT D’ÉTÉ
A Léon Tillot
Le vent d’été baise et caresse
La nature tout doucement :
On dirait un souffle d’amant
Qui craint d’éveiller sa maîtresse.
Bohémien de la paresse,
Lazzarone du frôlement,
Le vent d’été baise et caresse
La nature tout doucement.
Oh ! quelle extase enchanteresse
De savourer l’isolement,
Au fond d’un pré vert et dormant
Qu’avec une si molle ivresse
Le vent d’été baise et caresse !
(Les Névroses, page 213)
BALLADE DE L’ARC-EN-CIEL
A François Captier
La végétation, les marais et le sol
Ont fini d’éponger les larmes de la pluie ;
L’insecte reparaît, l’oiseau reprend son vol
Vers l’arbre échevelé que le zéphyr essuie ;
Et l’horizon lointain perd sa couleur de suie.
Lors, voici qu’enjambant tout le coteau rouillé,
Irisant l’étang morne et le roc ennuyé,
S’arrondit au milieu d’un clair obscur étrange
Le grand fer à cheval du firmament mouillé,
Bleu, rouge, indigo, vert, violet, jaune, orange.
Les champignons pointus gonflent leur parasol
Qui semble regretter l’averse évanouie ;
Le grillon chante en ut et la rainette en sol ;
Et mêlant à leur voix sa stupeur inouïe,
Le soir laisse rêver la terre épanouie.
Puis, sous l’arche de pont du ciel émerveillé
Un troupeau de brouillards passe tout effrayé ;
Le donjon se recule et de vapeurs se frange,
Et le soleil vaincu meurt lentement noyé,
Bleu, rouge, indigo, vert, violet, jaune, orange.
Tandis que dans l’air pur grisant comme l’alcool
Montent l’acre fraîcheur de la mare bleuie
Et les hennissements des poulains sans licol,
Le suprême sanglot de la nature enfuie
Va s’exhaler au fond de la nue éblouie,
Et sur l’eau que le saule a l’air de supplier,
Du cerisier sanglant à l’ocreux peuplier,
Dans une paix mystique et que rien ne dérange,
On voit s’effacer l’arc impossible à plier
Bleu, rouge, indigo, vert, violet, jaune, orange.
ENVOI.
O toi, le cœur sur qui mon cœur s’est appuyé
Dans l’orage du sort qui m’a terrifié,
Quand tu m’es apparue en rêve comme un ange,
Devant mes yeux chagrins l’arc-en-ciel a brillé,
Bleu, rouge, indigo, vert, violet, jaune, orange.
(Les Névroses, pages 128 et 129)
LE CIEL
A Léon Bloy.
Le Ciel est le palais des Ames
Et des bonheurs éternisés :
Là, joignant ses doigts irisés,
La Vierge prie avec ses dames.
Les Esprits y fondent leurs flammes,
Les Cœurs s’y donnent des baisers !
Le Ciel est le palais des Âmes
Et des bonheurs éternisés.
Sur l’aile pure des Cinnames
Et des zéphyrs angélisés,
Les corps blancs et divinisés,
Flottent comme des oriflammes ;
Le Ciel est le palais des âmes !
(Les Névroses, page 46)
Ce poème peut être mis en lien avec un autre du même titre du livre La Nature. Il a la particularité d’être très long ; il comprend vingt-six huitains (strophes de huit vers). Il s’oppose au précédent par sa facette sombre, fantastique, si caractéristique de Maurice Rollinat et de ses états d’âme. Le poète nous envoûte en décrivant la nature dans sa force destructrice et son déchaînement à travers une vision de fin du monde :
LE CIEL
Du ciel, océan des sommets,
Ici-bas tombent à jamais
La paix, le trouble et les bienfaits
Et les désastres.
D’aspect monotone et divers
Il plafonne les univers
Qu’il éclaire, étés comme hivers,
Avec ses astres,
(…)
Il a des fièvres, des torpeurs,
Des convulsions, des labeurs,
Il est hanté par des stupeurs,
Et des alarmes,
Et le même jour, comme nous,
Le voit calme et puis en courroux,
Versant après des pleurs bien doux,
D’horribles larmes.
(…)
Dans les gouffres de la hauteur,
Sans vertige, sans pesanteur,
Vont, magnifiques de lenteur,
Tout à leur aise,
Les aigles fiers et radieux
Qui, s’ils n’atteignent pas les cieux,
Du moins regardent à pleins yeux
L’astre de braise.
(…)
L’été, c’est son temps d’arborer
De grands brouillards qu’on voit errer
Tout charbonneux, se déchirer
Puis se recoudre ;
Alors à la senteur de l’air,
A sa lourdeur, on a le flair
De l’imminence de l’éclair
Et de la foudre.
(…)
Quelquefois le soleil s’éteint
D’un air furtif et clandestin
Sur un fond à peine distinct,
Plus que livide,
Si bien que tout le firmament
Est rendu vague en un moment,
Vague indéfinissablement
Comme le vide.
(…)
Parfois, lorsque le vent du Nord
Siffle sec, aigu, froid et fort,
Se montre un azur presque mort,
Un bleu qui râle
Plaqué de nuages laineux
Tour à tour clairs, fuligineux,
Et semblant charrier en eux
Le soleil pâle.
(…)
Puis les nuages réveillés
De rose et d’or sont habillés,
Car l’aube aux coloris mouillés,
Leur costumière,
Fleurit tout le ciel qui soudain,
Gaze, velours, moire et satin,
Devient le vaporeux jardin
De la lumière.
Tel, dans un ordre continu,
Va le cours du ciel inconnu,
Du grand ciel solitaire et nu,
L’énorme dôme
Indifférent, aveugle et sourd
A ce triste monde si lourd
Que la vie anime et parcourt
De son fantôme.
(La Nature, pages 107 à 119)
Le reste de cette conférence est consacré à un seul livre de Maurice Rollinat, Les Apparitions. Maurice Rollinat déjà vieillissant, a publié ce livre en 1896 c’est-à-dire à l’âge de cinquante ans donc dans la dernière partie de sa vie puisqu’il est mort sept ans plus tard (en 1903). Nous remarquerons que ses écrits imprégnés de nature toute sa vie, deviennent aussi de plus en plus philosophiques, avec un questionnement lancinant sur le thème de la mort alors qu’étant plus jeune, il traitait ce thème d’une manière souvent ironique ou provocatrice comme lorsqu’il répète deux fois en final, dans l’avant-dernier poème de Les Névroses : « Vive la mort ! ». (« L’Épitaphe », Les Névroses, p. 387)
Entrons donc dans Les Apparitions où le titre à lui seul, contient un message. Le poète devient un voyant qui, à travers les choses, le ciel, la terre, les arbres, voit plus loin, plus haut. Il utilise des oxymores avec art, n’hésitant pas à faire côtoyer les mots « accablement », « croupir », « extase ». Ses vers diffusent une force étonnante, nous entraînant aussi bien près des fantômes et que de la « lumière ». Les « montagnes de braise », sont-elles celles d’un rêve, d’un gouffre, d’une fournaise ? En tout cas, elles hantent ses écrits et elles portent trace d’un enfer à l’empreinte de fin du monde.
Pourtant Maurice Rollinat reste toujours un amoureux de la nature dans tous ses états. Il nous présente le ciel en lien avec ses pensées en particulier la mort et la déchéance. Le ciel reste un repère dans sa vie, même au plus profond du gouffre. Avec son art poétique, inventif, aux multiples facettes, il nous emporte dans une infinie variation descriptive, naturellement artistique d’un ciel très vivant par la multitude de ses états, sombre déferlement, frisson fantastique, vibration infernale.
Les états d’âme du poète peuvent aussi refléter une alliance entre le ciel et l’horizon, entre le paradis et la fournaise de l’enfer. Ailleurs, Maurice Rollinat, reste en lien avec les horizons et l’immensité par rapport à lui.
LES HORIZONS
(…)
Joignant le ciel, – mêlant à leur cime fondue
Son azur clair ou pâle – égal ou pommelé,
Ils vivent son aspect léthargique ou troublé,
Couvent sa confidence à travers l’étendue.
Les mêmes horizons, vision coutumière,
Ont le don de distraire autant que d’attrister,
Demeurant toujours neufs pour vous faire assister
Au jeu fantomatique et doux de la lumière.
(…)
Ayant, lorsqu’au printemps la nue est découverte,
Le murmurant silence et la gaze qui rit,
Ils semblent dégager sur tout ce qui fleurit
Le radieux de leur immobilité verte.
Du poids de son soleil l’été qui les écrase
Dans leur gloire déjà met de l’accablement ;
Sous le ciel travaillé d’un orageux tourment,
Ils regardent croupir les choses en extase.
(…)
Et l’hiver, au stagnant dénudé de l’espace
Ils ajoutent leur mort et comme leur terreur :
L’ombre de leur squelette affreuse de maigreur
Etend son âpreté sur cette carapace.
Dans ces plaines d’ennui, dont la longueur avide
Se déroule uniforme, et sans un arbrisseau,
Sans un spectre de roc, de ronce ou de roseau,
Les horizons perdus sont les décors du vide.
C’est là, sur ce hideux théâtre si désert,
Qu’un soir, je vis le drame effrayant de l’Abîme
Que la Foudre elle seule à la fois parle et mime
Avec les grondements, les gestes de l’Enfer.
Alors, les horizons figés et taciturnes,
Tous quatre horrifiés par leurs apprêts nocturnes
Tremblaient et mugissaient du tumulte des cieux,
Et, par instants, changés en montagnes de braise,
Faisant flamboyer l’ombre où se brûlaient mes yeux,
Cerclaient le gouffre plat d’une ardente fournaise.
(Les Apparitions, pages 136 à 140)
LE TABLEAU
Par ce soir automnal, je regarde au carreau
Un morceau de lointain que noircit la tempête :
D’immenses flamboiements, des pieds jusqu’à la
tête,
M’illuminent ! Le vent mugit comme un taureau.
Tout à coup, l’air, la foudre, et la terre, et la
pluie
Font un chaos qui tourne, affreux, précipité.
Le vertige du ciel et de l’immensité
Tient mon cœur stupéfait et ma vue éblouie.
La nature en folie arrachant ses haillons
D’herbe et de feuilles – roule au gré des
tourbillons…
Et, frissonnant de tout mon être,
Je vois les éléments hideusement unis :
Ma vitre est le tableau de ces quatre infinis
Dans le cadre de ma fenêtre.
(Les Apparitions, pages 141 et 142)
Dans « L’espace blanc », Maurice Rollinat met aussi en scène la neige en conquérante étouffante, décrite en direct, ciel et terre confondus. Il exprime son ressenti exacerbé par la rudesse des hivers à Fresselines où il habitait. Puis dans le sonnet « Les deux astres », Maurice Rollinat nous emporte près de la lumière du jour et de la nuit, les associant à une pensée philosophique, symbole de « la Vie et la Mort » portant une majuscule pour les opposer puis les magnifier :
L’ESPACE BLANC
(…)
Muré par le fumeux du ciel, des horizons,
L’air vous brouille l’âme et la vue ;
(…)
Mais la neige remplit tout ce vide en prison,
Sa tombée oblique et touffue
Couvre à flocons muets comme d’une toison
La hideuse plaine chenue.
Et monotonement, s’étale indéfinie,
Immaculée en sa fraicheur,
Duveteuse et compacte, éblouissante, unie,
L’énormité de la blancheur.
Et le ciel, juste après ce déluge d’hermine,
Blêmissant comme le lointain,
C’est tout l’espace blanc dans ce jour incertain
Qu’un soir morne et glacé termine.
Puis, la bise ouate son bruit…
Et, d’abord si noire, la nuit
Pâlit ses grands voiles funèbres :
La lune consacre en tremblant
Sur l’immense reposoir blanc
La fête blanche des ténèbres.
(Les Apparitions, pages 143 à 145)
LES DEUX ASTRES
Tandis qu’éblouissant, rouge, descendu bas,
Le soleil se dilate avant de rendre l’être,
Juste en face de lui la Lune vient de naître :
Reine vague devant le monarque en trépas.
Terne, informe, imitant ces tout petits haillons
De nuages cendreux collés sur l’azur pâle,
Elle semble épier son grand frère qui râle,
Pendu sur la rivière où saignent ses rayons.
Les deux astres – la Vie et la Mort – se
confrontent :
Vers eux, pieusement, les cimes d’arbres montent,
Fusains grêles, vapeur de ramure qui dort.
Et, le soir en extase, à la rumeur de l’onde,
Voit, dès que le Soleil a croulé dans la mort,
La Lune, claire à point, triompher toute ronde.
(Les Apparitions, pages 146 et 147)
Maurice Rollinat aimait penser en regardant par la fenêtre comme dans « La soirée verte » où le temps semble s’écouler très lentement pour laisser place en final, à la magie du paysage. Dans « La lune de songe », le poète devient aussi peintre avec les mots car il dépose avec délicatesse, de multiples touches de couleurs dans une atmosphère proche des tableaux de son ami Claude Monet venu lui rendre visite à Fresselines :
(…)
La douceur descendait de la nue en extase
Sur ces vallonnements, qui devenaient blafards,
Et la mort du soleil rosait les nénuphars
Entre les joncs pourprés qui saignaient sur la vase.
La nuit s’approchait, molle et chaude,
Le ciel s’était lamé d’un glacis d’émeraude
Que la lune allait argenter.
Et voici qu’à l’heure où tout se recueille
L’onde, elle aussi, pour m’enchanter,
Avait pris la couleur du ciel et de la feuille.
(Les Apparitions, pages 150 et 151)
LUNE DE SONGE
D’abord indécise et couverte,
La lune glisse, par degrés,
Au ras des nuages cendrés,
Puis, en arc, reluit toute verte.
Des airs, du sol, pas un atome
Qui, dans la nuit, subitement,
N’ait verdi par l’enchantement
Du reflet de l’astre fantôme !
(…)
(Les Apparitions, pages 158 à 160)
Dans « Les fossés », le ciel est présent par ses reflets et par le vent. Maurice Rollinat le montre en miroir dans l’eau, dans des connotations fantastiques, « cloaques de sang », « gouffres ».
LES FOSSÉS
Quand les soleils couchants s’y dardent,
Ils font des cloaques de sang,
Et, lorsque la lune y descend,
Des gouffres blêmes qui regardent.
(…)
Et, quand la nature s’endeuille,
Ils sont la tranchée où, souvent,
On voit balayés par le vent
Bien des cadavres de la feuille.
(Les Apparitions, pages 165 à 171)
Dans « Les deux pluies », le ciel peut devenir très sombre, se transformer en cavalcade d’eau. Maurice Rollinat décrit la pluie lancinante, effaçant tout, tuant, semant la mort avant de terminer étonnamment par une note inattendue laissant place à l’âme :
LES DEUX PLUIES
(…)
Sous le ciel qu’elle bombe et qu’elle rétrécit,
Elle éteint l’horizon et condamne l’espace
A l’hermétique horreur de son onde rapace
Qui toujours plus avant le glace et l’obscurcit.
(…)
Sous le cintré fumeux de sa voûte abaissée
Qu’éclaire sans soleil un jour froid de caveau,
Elle est là, dévidant son sinistre écheveau,
Vous entrant, par les yeux, la mort dans la pensée.
(…)
Et toujours elle dure… et c’est le cauchemar,
Le fluide faucheux de l’infini blafard
Dans le vide qu’il comble épaississant sa trame !
La nuit arrive, on voit les choses s’engloutir…
Et c’est si triste alors que vous croyez sentir
Tout le ciel pleurer dans votre âme.
(Les Apparitions, pages 172 à 174)
Dans « Pluie magique », le poète nous entraîne dans une ambiance « extraordinaire » à la manière d’Edgar Poe :
PLUIE MAGIQUE
(…)
Soudain, l’orage éclate et la voix du tonnerre
Au milieu du silence horrible de l’endroit
Roule ! le tourbillon de l’ouragan s’accroît,
Aussi fou que la pluie est extraordinaire.
(…)
(Les Apparitions, pages 175 et 176)
Dans « Le soleil des fantômes », la lune décrite par Maurice Rollinat devient rêve irréel et fantastique. Puis, dans « La villanelle de la neige », tout devient vision cauchemardesque, obnubilation par la répétition des mots « terre et ciel » :
LE SOLEIL DES FANTÔMES
Fantastique ce soir, la lune
Semble dire du haut des cieux
A ces tourmentés anxieux
Ne sortant plus qu’à l’heure brune :
« Je luis pour les arbres si doux
Qui si spectralement surgissent,
Pour les eaux qui me réfléchissent…
Mais surtout je brille pour vous.
Mes rayons froids, magiques baumes,
Pénétreront vos cœurs jusqu’à ce vieux témoin,
La conscience – dans son coin.
Et personne ne vous verra.
Votre âme solitaire en pleurs s’épanchera :
Cette nuit, je serai le sommeil des fantômes. »
(Les Apparitions, pages 187 et 188)
VILLANELLE DE LA NEIGE
Terre et ciel, face-à-face blanc.
Et, continueuse, tenace,
La neige va dégringolant,
Toujours, toujours plus s’installant
Dans la fin d’hiver qui traînasse.
Terre et ciel face-à-face blanc.
(…)
Tout s’égalise en se mêlant
Sous la mollesse de sa masse ;
La neige va dégringolant,
(…)
Blanchissant tout, emmitouflant
Le moindre objet, la moindre place…
Terre et ciel – face-à-face blanc.
Parfois, de grands souffles roulant
Murmurent comme une menace ;
La neige va dégringolant.
(…)
L’âme en ce vide ensorcelant,
Se voit comme dans une glace.
Terre et ciel – face-à-face blanc !
Et, lente aussi, s’amoncelant,
L’horreur vient, la peur vous enlace…
La neige va dégringolant.
Et, vous quittez, spectre tremblant,
La fenêtre où l’ombre s’amasse…
Terre et ciel – face-à-face blanc –
La neige va dégringolant.
(Les Apparitions, pages 191 à 195)
Dans le sonnet « L’ouragan », la facette fantastique de Maurice Rollinat ressort à travers la musique stressante de la nature contrastant avec la dimension philosophique pour tendre vers « l’éternité » et « l’Infini » avec un I majuscule pour insister sur son importance :
L’OURAGAN
Convulsion de la Tempête
Par les immensités vaguant,
La musique de l’ouragan
Commence où la nôtre s’arrête :
Car, avec l’effrayant prestige
De ses mugissants lamentos,
Elle traduit tous les chaos,
Tous les abîmes du vertige.
Interprète d’éternité,
N’exprimant de l’humanité
Que le tourbillon de sa cendre,
Elle évoque, seul dans sa nuit,
Dans le secret de son ennui,
L’Infini… pour qui sait l’entendre.
(Les Apparitions, pages 196 et 197)
En conclusion, Maurice Rollinat n’a jamais fini de nous surprendre par son art magistral. Avec lui, le ciel vit sous le soleil, le vent, l’orage, sous la pluie ou la neige. Le poète le présente en musique et en couleurs, imprégné de magie ou de tourmente, de lumière ou de sombre, de fantastique ou de morbide, d’espoir et d’éternité, de romantisme et d’infini à l’image de ses pensées. Il peut nous envoûter, nous effrayer, nous hypnotiser mais jamais nous lasser.
Catherine Réault-Crosnier
Novembre 2017
Bibliographie
Livres de Maurice Rollinat utilisés :
– Rollinat Maurice, Les Névroses, G.
Charpentier, Paris, 1883, 399 pages
– Rollinat Maurice, La Nature, poésies, G. Charpentier et E. Fasquelle, Paris, 1892, 350 pages
– Rollinat Maurice, Les Apparitions, G. Charpentier et E. Fasquelle, Paris, 1896,
310 pages
NB : Pour avoir plus d’informations sur Maurice Rollinat et l’Association des Amis de Maurice Rollinat, vous pouvez consulter le site Internet qui leur est consacré.
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