« MAURICE ROLLINAT, L’ARDEUR »
(Conférence de Catherine Réault-Crosnier lue à plusieurs voix avec des poèmes mis en musique par Michel Caçao, à la médiathèque de Châteauroux le 3 mars 2018, dans le cadre du Printemps des Poètes.)
Maurice Rollinat a brûlé de passion artistique toute sa vie. Il a vécu dans le bouillonnement de la création en poésie et en musique, dès sa jeunesse et jusqu’à ses derniers jours. Il entre donc en résonnance avec le thème du Printemps des Poètes 2018, « L’ardeur ».
Ce poète possédait déjà étant enfant, du talent, des idées, une personnalité qui s’épanouit avec le temps. Nous avons la trace de deux quatrains délicats qu’il a écrit à neuf ans et demi, à l’encre violette sur une page de cahier d’écolier. Nous pouvons penser qu’il a vraiment écrit ce poème même s’il a pu être conseillé par ses parents, son frère aîné car il y a une faute d’orthographe, le mot rozée a un « z » au lieu du « s », et le point final manque. Imprégnons-nous maintenant de sa force poétique déjà présente, prête à germer :
Comme une douce mélodie, Souvent, fleur de la pensée, (Maurice Rollinat, Poèmes de jeunesse, page 13) |
À l’approche de l’âge adulte, à dix-sept ans, Maurice Rollinat compose « Une nuit », poème oscillant entre rêve et réalité. Notons son imagination à l’affût. Il sait déjà capter notre attention, nous faire frissonner dans une ambiance proche d’Edgar Poe. Il alterne octosyllabes et vers de trois pieds, créant des coupures de rythmes donnant une impression de mystère puis de cavalcade et de suspens. Son dernier vers claque comme un fouet, « j’avais peur !... ».
UNE NUIT. Un soir, j’errais à l’aventure. ma nature est de m’égarer au hasard, la nuit, tard. la nuit était mélancolique fantastique ; le ciel était affreux à voir, tout en noir. parfois dans la plaine muette la chouette jetait son cri de mauvais sort et de mort. (…) La lune au milieu des ténèbres si funèbres brillait d’une vague lueur : j’avais peur !… (id., page 21) |
À l’âge adulte, à trente-et-un ans, Maurice Rollinat publie à compte d’auteur Dans les brandes, sans beaucoup de succès. Ce livre sera réédité par Charpentier avec quelques changements après le succès de son livre Les Névroses en 1883. Dans les brandes comprend des poèmes sur la nature et les petites gens de la campagne. Imprégnons-nous de l’ambiance de ses poèmes qui peuvent rendre hommage exceptionnellement au monde moderne pour l’époque, avec les trains dans le paysage.
LE CHAMP DE CHARDONS Le champ fourmille de chardons : En chantant au bord du fossé Le baudet plein de nonchaloir Le soleil dort dans les cieux gris Au loin, sur le chemin de fer, (Dans les Brandes, pages 57 à 61) |
Durant sa période parisienne, la parution en février 1883 de son livre Les Névroses de 390 pages, le rend célèbre. Vous y trouverez les femmes mises à l’honneur avec « ardeur » car Maurice Rollinat n’a jamais été indifférent au charme des femmes, n’a jamais fini de les décrire, avec fougue et talent.
Les thèmes abordés dans les différents chapitres des Névroses, montrent la diversité de ses centres d’intérêt : « Les âmes », « Les luxures », « Les refuges », « Les spectres », « Les ténèbres » et en final le poème « De profundis ». Nous pouvons nous étonner des grandes différences des thèmes abordés et de son art du rythme, de la musique, de son usage d’oxymores, liant vie et mort, fantastique et paix, immensément grand et importance du minuscule... Notons que la plupart des travaux universitaires sont centrés sur ce livre phare, aux facettes si diverses. Au fil de ses pages, nous ne pouvons pas nier l’influence d’Edgar Poe et de Baudelaire. Cette proximité d’idées n’est pas du plagiat comme certains ont voulu le laisser croire car le talent de Rollinat est bien réel, son originalité indéniable comme ses trouvailles de mots, de rythmes alternés, d’oxymores inhabituels et très réussis, son imagination étonnante sur des sujets inattendus, son art exceptionnel de retenir notre attention et même de nous envoûter !
Dans le chapitre « Les âmes » commençant par le poème « Le Fantôme du crime » et se terminant par « L’Étoile du Fou », la veine sombre, facette caractéristique du poète, domine même si la lumière peut surgir en opposition pour renforcer l’idée première comme dans l’acrostiche :
LES ÉTOILES BLEUES Au creux de mon abîme où se perd toute sonde, Ils sont trop singuliers pour être de ce monde, Rien ne vaut pour mon cœur ces yeux pleins de tendresse Les yeux qui sont pour moi l’étoile au fond d’un
puits, (Les Névroses, page 32) |
Dans le chapitre « Les luxures », Maurice Rollinat exprime sa sensualité débordante, son sens du fantastique, du morbide à son attirance physique, ensorcelante pour le corps féminin.
L’AMOUR L’Amour est un ange malsain Chacun cède au mauvais dessein L’Amour. Il voltige comme un essaim. L’Amour ! (Les Névroses, page 79) |
Dans le chapitre « Les refuges », le poète sait nous émerveiller en contraste avec les deux chapitres précédents ; la paix, sorte de symbiose avec les éléments, domine. Maurice Rollinat met en valeur les animaux même ceux qui sont les plus difficiles à observer, tel cet oiseau décrit, léger, aérien, image fugace dans la beauté de sa vie libre et de la nature qui l’entoure.
LE MARTIN-PÊCHEUR Le miroitement des eaux vives Entre les grands saules des rives, Et sous les ramures plaintives, (Les Névroses, page 206) |
Dans le chapitre « Les spectres », la facette sombre de Maurice Rollinat, proche d’Edgar Poe, devient envahissante, étouffante. Pourtant la créativité du poète est ancrée dans le concret alors qu’avec Edgar Poe, elle est déconnectée du réel. Maurice Rollinat nous hypnotise dans le crescendo du frisson, du fantastique, avec « Mademoiselle Squelette », qui nous hante par sa maigreur vers le frisson et l’horreur, près de « La Morte embaumée » ou encore dans le célèbre poème, « L’Amante macabre », squelette bien vivant.
L’AMANTE MACABRE À Charles Buet. Elle était toute nue assise au clavecin ; Une pâle veilleuse éclairait tristement Oh ! magique en effet ! Car il semblait parler Ma spectrale adorée, atteinte par la mort, Osseuse nudité chaste dans sa maigreur ! Et quand son cœur sentit son dernier battement, Puis, envertiginé jusqu’à devenir fou, Et depuis, chaque nuit, – ô cruel cauchemar ! – (Les Névroses, pages 255, 256 et 258) |
Dans le chapitre « Les ténèbres », le poète nous entraîne encore plus loin dans son mal d’être et dans le morbide proche de Baudelaire comme avec La « Ballade du Cadavre », « La Putréfaction ». Dans son poème « Les Glas », Maurice Rollinat traite de la mort d’une manière proche d'Edgar Poe mais plus personnelle avec un côté fantastique, étonnamment associé à une connotation religieuse.
LES GLAS Chaque jour dans la basilique C’est l’appel grave et symbolique Hélas ! mon âme est destinée, Que bientôt le train mortuaire (Les Névroses, page 376) |
Après ces poèmes sombres, Maurice Rollinat, dans un dernier sursaut, isole le poème, « De Profundis » pour conclure son livre, cri du cœur vers le ciel dans son désespoir, plainte qu’il répète deux fois, en final des deux dernières strophes ; ce n’est pas un hasard car son appel au secours est très fort.
DE PROFUNDIS ! Mon Dieu ! dans ses rages infimes, Quand la souffrance avec ses limes Mon Dieu ! Aux coupables traînant leurs crimes, Mon Dieu ! (Les Névroses, page 391) |
Après son départ de Paris, lassé par la vie tapageuse et les commentaires sarcastiques remettant en cause son talent, le rabaissant dans certains journaux à un plagiat de Baudelaire ou d’Edgar Poe, Maurice Rollinat part dans la campagne profonde à Fresselines, dans la Creuse, avec une comédienne, Cécile Pouettre.
Il écrit d’abord L’Abîme, son livre le plus sombre, paru en 1896, reflet de son mal d’être dans les profondeurs du pessimisme et pourtant nous retrouvons toujours son talent de poète, artiste et musicien. Mort, déchéance, perversité, drame de la conscience le hantent. Au fil des 305 pages, il s’analyse, recherche l’oubli.
L’OUBLI Outre les heures du sommeil Il est des heures de magie Alors le projet en chemin Dans un croupissement d’extase Maint coupable connaît cela : Vide de remords et de mal (L’Abîme, pages 202 et 203) |
Dans ses livres suivants, Maurice Rollinat met à l’honneur les petites gens en symbiose avec des paysages immenses. Il les associe à ses états d’âme, rêveur, morbide, fantastique. Il peut aussi s’apaiser dans la nature, se ressourcer près des animaux ou nous surprendre par une note humoristique mais le plus souvent, sa philosophie jaillit près du temps qui fuit à grands pas.
Dans La Nature, paru en 1892, Maurice Rollinat donne la première place aux paysages et aux animaux, refuges pour son esprit tourmenté mais aussi vision fantastique. À travers sa description de « La grosse anguille, ce qui pourrait être une scène champêtre, devient un massacre et, en même temps, une œuvre d’art car « huit » est écrit en chiffre en comparaison avec la bête, le S et le Z sont en majuscules pour devenir la dynamique du mouvement du poisson ou un arrêt sur l’image et sur des poses jusqu’à l’extase. Quelle inventivité ! La chute finale nous rappelle celle d’un de ses poètes préférés, Edgar Poe avec le frisson garanti en prime.
LA GROSSE ANGUILLE La grosse anguille est dans sa phase Vers le soir, se désembourbant, La grosse anguille. L’air fraîchit, la lune se gaze ; La grosse anguille ! (La Nature, pages 71 et 72) |
Le poète traite ses sujets pris sur le vif avec beaucoup de sens de l’observation, de délicatesse. Maurice Rollinat a aussi l’art de traduire les sentiments comme l’amour maternel chez les animaux.
LA JUMENT AVEUGLE Avec l’oreille et les naseaux Elle devait s’inquiéter Un hennissement sorti d’elle, Parfois même en son désir tendre Lui lécher l’épaule et la tête, (La Nature, pages 159 et 160) |
Dans Les Apparitions (1896), livre de 310 pages, Maurice Rollinat développe sa philosophie imprégnée de spleen et de fantômes, oscillant entre ressentiment, ennui, néant et apparitions mais quelle ardeur dans l’écriture ! Dès le début du premier poème « Les choses », tout vit près de la nature humanisée de sentiments, pensée, volupté :
LES CHOSES Non ! Ce n’est pas toujours le vent Soufflant le parfum qu’elle couve, Certaines donnent le vertige L’eau rampe comme le nuage Sans tous les jeux de la lumière, Tel pleure dans sa somnolence, L’âme parcourt comme la sève Pour ceux-ci, l’exigu, l’énorme Nous pensons que les choses vivent… Par elles les temps nous reviennent, |
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Elles dégagent pour notre âme A nos peines, à nos délices, Chacune, simple ou nuancée, Plus d’une, à force de confire Comme une autre, usuel témoin Les saules pleureurs se roidissent L’une a l’allure prophétesse, Celle-là que maigrit, allonge, L’assassin voit la nue en marbre |
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Souvent, l’aube lancine et froisse Si par son aspect telle chose Notre intelligence retorse Hélas ! pour combien d’entre celles Que ce sentiment vienne d’elles On le sent : comme à l’innocence L’âme habite bloc et poussière : Et, de leur air doux ou farouche, Comme nous, ces sœurs en mystère, (Les Apparitions, pages 1 à 8) |
Son livre Paysages et paysans paru en 1899, est dédié à son ami, le peintre Léon Detroy. Certains poèmes écrits en patois local très compréhensible, conserve encore plus le charme du passé et du parler local comme dans « Le vieux pâtre » dont voici un extrait :
« C’est par mon métier, dit le vieux pâtre aux
traits rudes, Vos chants bourdonn’ comm’ ceux des gross’ mouch’
dans l’air doux, J’rêv’ le rêv’ de tout ça, j’suis en pierr’
comm’ la roche, Que j’crains pas tant l’soleil, et que j’suis pas
si blême, L’éternité s’ennuie aussi ben q’moi qui passe, (Paysages et Paysans, pages 34 et 35) |
Sous sa plume, tout vit, parle, chuchote, hommes et nature, dans un véritable tableau de peintre avec des mots.
LA GRANDE CASCADE A cette heure, elle n’est sensible, Et, pourtant, sa rumeur compacte Un instant, l’astre frais et pur Et l’on croit voir, subitement, (Paysages et Paysans, page 207) |
Dans les dernières années de sa vie, il continue de trier, classer ses poèmes, peaufiner ses partitions pour les publier. Jusqu’à très peu de temps avant sa mort, il reste un ardent défenseur de la poésie, de la musique et de l’art de la mise en scène, art dont il fait profiter ses amis de la campagne comme ceux de Paris venus lui rendre visite dont Claude Monet.
Maurice Rollinat a préparé de son vivant son livre En errant : Proses d’un promeneur solitaire qui est paru en 1903, peu de temps après sa mort. Le titre à lui seul reflète déjà sa philosophie de vie. Il écrit ses pensées profondes au fil de ses promenades, de son isolement, de sa souffrance physique, de la déchéance de son corps fatigué, usé à l’approche de la mort qui le rejoint à cinquante-six ans. Sa force d’écriture reste intacte comme dans son essai de vingt-six pages « Le feu » ; son talent nous emporte avec fougue, nous captive, nous envoûte, nous hypnotise dans un élan de narration à perdre haleine, sans jamais nous lasser. Voici le début de cet écrit :
Ensorceleur du froid et de l’obscurité qu’il escamote et remplace, plus insinuant que l’air son complice, plus contagieux que l’eau son ennemie, dangereux séducteur, bienfaisant perfide, le feu, chaleur et lumière, est le grand élément surnaturel, diabolique par excellence. (…) (En errant, page 45) Maurice Rollinat nous rappelle aussi que pour lui, la création est l’essence même de sa vie. Dans « Les prairies enchantées », il reste en harmonie avec les paysages qu’il déploie inlassablement en mille variations, imprégnées d’une multitude de pensées. Je m’étais enfoncé dans une contrée sauvage où je m’aventurais pour la première fois, et, par cette journée grise, de langueur et d’envoilement recueillis, plus je m’avançais, plus mes regards s’ébahissaient de tout cet inconnu de paysages. (id., page 169) |
Après la mort de Maurice Rollinat, Gustave Geffroy continue de faire connaître son œuvre, de rassembler et faire éditer ses livres en cours et ses poèmes inédits. Il se dévouera à cette tâche durant de nombreuses années, de 1903 à 1919.
L’année suivante, en 1904, paraît Ruminations : Proses d’un promeneur solitaire. Dans ce livre, Maurice Rollinat philosophe sur la vie, les gens, la vérité à travers de petits paragraphes denses, fourmillant de réflexions. Il semble remâcher ses idées avant de les cracher sur le papier, en formulant des phrases qui prouvent sa force de pensée étonnante, emplie de philosophie. Comme Saint-Exupéry donnera la parole à une rose, Maurice Rollinat utilise une métaphore avec un rosier pour montrer combien créer lui est indispensable pour continuer à vivre :
Certes ! le médecin a raison, (…) quand il prescrit à un artiste malade de s’abstenir de contempler, de ressentir, de concevoir, de formuler ; mais, hélas, autant vaudrait qu’il dit à un rosier : « Empêche-toi de pousser tes roses ! » (Ruminations, pages 140 et 141) Maurice Rollinat sait communier avec la nature et la musique par des images inhabituelles qui captent notre attention dans la douleur, ou la douceur tendant vers le mystique : Deux tronçons de serpent, cherchant vainement à se rabouter, me font toujours songer à deux pauvres cœurs mutilés qui ne peuvent pas se rejoindre. (id., page 9) Les beaux et bons regards sont les clairs reflets expressifs, les muets confidents des âmes lumineuses. (…) aussi, par les nuits radieuses, invitant leur contemplation de la nue aux élancements de l’extase, peuvent-ils communier fraternellement, en toute limpide et suave mysticité, avec les rayons de la lune et les scintillements des étoiles ! (id., pages 14 et 15) Il n’y a que la Musique qui puisse créer des impressions ignorées de l’homme, bien que provenant d’un esprit mortel, mais d’un esprit inspiré pour ainsi dire malgré lui de quelque Puissance d’un autre monde, (…). (id., page 7) |
En 1911, un livre de 234 pages, Les Bêtes, poésies a été édité. Il comprend des poèmes et quelques écrits. Les animaux d’espèces très différentes dont les mal-aimés, sont mis en valeur, dans leur vie de tous les jours. Le poète nous surprend par la diversité des présentations jamais lassantes des animaux vus dans tous leurs états, souvent humanisés.
Par exemple, dans « Le ciron », Maurice Rollinat choisit délibérément de mettre à l’honneur un insecte presque microscopique qui, sous sa plume, envahit l’espace avec dynamisme pendant cinq pages !
Corps sensible, Pur fantôme Le ciron Miniature D’abondance, Il pâture Joli rien, Ton manège, Mais, pressens Garde un doute, Que sur toi, (Les Bêtes, pages 33 à 38) |
En 1919, Gustave Geffroy a fait publier Fin d’Œuvre de Maurice Rollinat. Ce livre contient ses « Dernières poésies » dans un chapitre intitulé « Les songes » où le frémissement de la mort règne à côté de la vie toujours présente :
LES DEUX EXTRÊMES Tandis qu’entre ses bras chaque mère ravie Par ses mouvements courts, secs et tout d’une pièce, Un maigre centenaire, un frêle nourrisson Et le penseur troublé s’humilie entre eux deux, (Fin d’Œuvre, pages 57 et 58) |
Dans Fin d’Œuvre, nous trouvons aussi un chapitre « Poésies anciennes », un autre « Interprétation de poèmes d’Edgar Poe » puis « Pages diverses » et enfin « Correspondance », nous permettant de mieux comprendre Maurice Rollinat à travers des lettres à sa mère, à Georges Lorin, à Léon Cladel, à Claude Monet, à son cousin Saint-Paul Bridoux, à Gustave Geffroy, à Fernand Maillaud…
Bien sûr, n’oublions pas que Maurice Rollinat était aussi un musicien étonnant, ayant mis en musique cent douze de ses poèmes, sachant lier poésie, musique, théâtralité pour une mise en valeur exceptionnelle. (Cent trente-cinq partitions sont répertoriées, une partie publiée chez Hartman et Lemoine puis un ensemble plus complet chez Heugel : cent-douze partitions sur ses poèmes, dix-huit sur ceux de Baudelaire, une sur un poème de Pierre Dupont, et trois valses pour piano.)
Il avait l’art de capter, captiver son public, de l’entraîner dans la fascination, le fantastique, le morbide, la respiration de la nature, de l’orage à la douceur brumeuse et silencieuse. Parmi ses poèmes mis en musique, citons « La mort des fougères », « Les Corbeaux », « Ballade de l’arc-en-ciel », « Le Cimetière aux violettes », « La Musique », « Le Martin-pêcheur » et « Chanson d’automne », ce dernier conçu à partir de strophes de son poème « Paysage d’octobre » (Les Névroses, pages 243 à 245) auquel il a ajouté un refrain.
Après sa mort, Maurice Rollinat n’a jamais vraiment été oublié. Pendant la première moitié du XXème siècle, son nom figurait dans le dictionnaire Larousse et de nombreux poèmes de Maurice Rollinat de Dans les brandes, étaient inclus dans les livres scolaires, appris, récités, recopiés, illustrés par les élèves. Ils sont encore mis en valeur dans certaines classes de nos jours.
Au fil du temps, des artistes ont mis à l’honneur, ses
poèmes, en particulier :
– Emmanuel Chabrier a composé en 1883 une partition Tes
yeux bleus sur le poème « Les Yeux bleus » de Maurice Rollinat
(Les Névroses, page 33) ;
– le compositeur Charles Martin Loeffler a mis en
musique trois poèmes de Maurice Rollinat en 1901 : La Villanelle du
Diable, La cornemuse et L’étang.
– « Chanson d’automne » a été
interprétée de multiples manières par des artistes dont Yvonne Darle, Jean
Clément en 1933, ou Jean Lumière en 1942, accompagnés par un orchestre.
En conclusion, Maurice Rollinat « Poète de l’Ardeur », mérite de continuer à être mis à l’honneur au XXIème siècle, lui qui a su conserver toute sa vie, la fougue, la passion de créer avec art, philosophie et une personnalité hors du commun. Artiste polyvalent, il a transmis son message par l’écrit, la musique, la mise en valeur théâtrale, d’une manière très personnelle.
Mars 2018
Catherine RÉAULT-CROSNIER
NB : Pour avoir plus d’informations sur Maurice Rollinat et l’Association des Amis de Maurice Rollinat, vous pouvez consulter le site Internet qui leur est consacré.
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