Rencontre avec des poètes en région Centre, lors des cinquièmes ambassades de poésie.

 

KATI MOLNAR

 

 

Le lundi 24 mars 1997, Kati MOLNAR, après avoir présenté une partie de son œuvre aux élèves du lycée Grammont à 16 h, est venue au carré Davidson pour expliquer son cheminement puis nous lire quelques poèmes extraits de son livre "Quant à je" (Quantaje).

Voici le cadre de ce moment poétique : sous la lumière crue des projecteurs, une femme aux cheveux courts légèrement auburn, assise devant une table de bois brut. Sur la table, un verre d’eau et une cruche en grès. Partout autour d’elle, de longues tentures noires délimitent une pièce et laissent pendre leurs plis qui traînent sur le sol. Quelques échafaudages de fortune sur lesquels de longs matelas sont posés pour améliorer le confort des auditeurs. Cadre sobre et austère pour une poésie ardue nécessitant des explications, clés sans lesquelles cette poésie serait presque inaccessible. Il faut dire que Kati Molnar a bâti son style d’écriture sur son origine hongroise, a mêlé la syntaxe hongroise dans les phrases françaises (elle a d’ailleurs aussi essayé en Hongrie l’effet inverse, utilisant la syntaxe française dans les phrases hongroises). Elle a aussi tiré sur les lettres en hauteur, en largeur, en gras, en italique pour insister sur certains mots ou en étouffer d’autres.

Dans un des poèmes lus, l’excès de biens matériels s’accumulent, s’empilent, témoin de notre dépendance à la matérialité quand le nécessaire n’est pas à la portée de la main.

Ensuite elle nous lit un poème sur l’amour où l’on ne sait plus qui est aimé, pourquoi, jusqu’à quand. Au fond de la salle, une voix amplifiée répond aux interrogations du poète et essaie de lui faire reconstruire ses phrases pour qu’elles reprennent un sens habituel avec un sujet, un verbe, un complément mais ces essais sont vains.

Pour terminer, Kati Molnar nous confie ses impressions à bord d’une voiture dans "Autoroutes". Elle nous livre ses sensations matériellement hantées par la matière brute des choses, sensations concrètes qui reviennent comme un leitmotiv avec par exemple les bornes kilométriques, les panneaux "Attention aux cerfs", les WC tous identiques, les parkings à répétition, les directions et toujours la route qui file comme notre vie à nous n’en finit pas de s’en aller.

 

Catherine RÉAULT-CROSNIER

Mars 1997