DES LIVRES QUE J’AI AIMÉS
AQUARELLES DE MON JARDIN
Jean LACALMONIE et Guy LAYROLLE
Imprimé à Aurillac, 2004, 127 pages
Ce livre d’exception est le fruit d’un duo d’artistes, tous deux photographes : le premier nommé, Jean Lacalmonie, aquarelliste de talent nous offre ses bouquets de couleurs, demi-teintes, flous, ombres et lumières, le second, Guy Layrolle, philosophe, historien, médecin ophtalmologue, poète dans l’âme, parsème son texte de petites doses de citations d’écrivains comme celle de Saint-Exupéry avec Le Petit Prince et la rose (p. 5), d’écrits puissants et délicats, alliance de réflexions, histoire, légendes sur les fleurs.
Cette connivence entre ces deux auteurs nous étonne ; en effet, plus souvent, les femmes sont attirées par les fleurs.
Le flou des corolles aquarellées de Jean Lacalmonie, entre en correspondance avec la régularité d’un texte étonnant, réminiscence des souvenirs de nos grands-mères sur l’utilisation médicale des vertus des pétales ou racines à côté de légendes et près de passages de mythologie.
Nous voyageons avec la pivoine près d’Homère, de Dioscoride, du médecin Pagon soignant avec des infusions de graines de pivoine (p. 7). L’anémone côtoie Zéphyr, dieu du vent chez les Grecs (p. 95). Nous partons aussi autour du monde, dans le passé lointain vers l’origine des mots et de leur sens premier, par exemple le mot coquelicot provient d’une plante messicole, du latin messi, moisson et de colo j’habite (p. 17).
Les fleurs sont emportées au fil du temps et des voyages, de pays en pays vers nous. Nous côtoyons la marguerite dans la Bible (p. 23). Les proverbes anciens et les coutumes ne sont pas oubliés comme celle de la jeune fille qui glissait un bleuet sous son tablier quand elle était fiancée selon son cœur (p. 31).
Nous partons avec Hildegarde de Bingen (p. 82), bénédictine mystique allemande du Moyen-Âge, sainte et sage, soignant par les plantes. La phytothérapie est aussi évoquée par exemple nous apprenons les vertus curatives de l’anémone (p. 96).
Il existe ici une harmonie savante qui nous maintient dans le présent par le côté scientifique et médical et en même temps, nous entraîne hors du présent, dans une atmosphère féérique de rêve comme un avant-goût de paradis. Le cœur d’une fleur n’est-il pas source d’union avec la nature, apaisement, douceur, secret dévoilé ?
Nous suivons la ronde des poètes tout autour du monde et du temps. Chaque auteur présente une fleur : Apollinaire, la pivoine (p. 15), Victor Hugo, le coquelicot (p. 21), Malherbe, les roses (p. 47), Voltaire, l’iris (p. 71), Théophile Gautier, le muguet (p. 39), Blaise Cendrars, le mimosa (p. 53), Vigny, les lys (p. 79)…
De tout temps, les poètes ont rendu hommage aux fleurs. Jean Lacalmonie met avec délicatesse, par petites touches, des pétales de couleurs et Guy Layrolle sème les mots au fil de pages blanches pour qu’une seule phrase ou un vers se détache sur le fond, tel un pétale égaré, envolé, déposé là, pour nous.
Monde de rêve, de douceur, d’osmose avec les éléments et les pensées, les fleurs nous entraînent aussi par les mains de ces deux auteurs, sur le chemin de la science et de l’histoire.
Aquarelles de mon jardin est un livre à feuilleter, à respirer, à cueillir pour s’enrichir de sagesse et de beauté.
13 septembre 2014
Catherine RÉAULT-CROSNIER
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