DES LIVRES QUE J’AI AIMÉS
Le Chemin qui mène à Soi
suivi de
L’Éternel Demain
de Véronique Flabat-Piot
aux Éditions Dricot, 2018, 139 pages.
La première partie de ce livre de Véronique Flabat-Piot Le Chemin qui mène à Soi a reçu le prix Maurice Rollinat de poésie libérée 2018 sous le titre Chants au Vent.
Dès son introduction, Véronique Flabat-Piot nous interpelle sur l’essentiel et termine par une exclamation, louange à « la Tendresse et l’Amour », deux facettes primordiales de son intériorité.
Dans Le Chemin qui mène à Soi, elle nous emporte sur la route de l’âme qui est présente au fil de son livre.
À chaque pause-étape, elle choisit de laisser place sur une page à des citations d’auteurs à la pensée puissante dont le premier, Mahatma Gandhi qui nous fait comprendre que le voyage le plus important réside dans la connaissance de soi. (p. 13)
Elle nous explique tout d’abord sa marche et sa démarche dans l’alliance « des peines et des joies » sur le chemin de la vie pour dégager le côté « lumineux et tranquille » (p. 18) car là est l’essentiel de sa philosophie de vie.
Dans son poème « Première Aurore », elle trouve les mots justes et délicats pour décrire les prémices de l’amour qui arrive et se concrétise, lumière qui sort de la brume matinale puis s’impose. (p. 22)
Elle utilise des images, la naissance de l’eau de la source qui jaillit par à coups – d’où son idée de fractionner les mots sur chaque ligne ou de les disposer en marche d’escalier sur plusieurs pour mieux faire ressortir cette force arrivant par saccades, liant le sombre profond et le visible. Ainsi nous accédons aux mystères de la nature qui a une place importante dans ce recueil. Elle termine son poème « Grottes, Entrailles de la Terre… » par l’association concrète et mystique de l’eau qui sort à l’air libre et sa transformation en « pieuses concrétions ». (p. 25)
Dans « Arc-en-Ciel », elle unit chaque couleur à une gerbe de mots forts en poésie, alliant paysages et nature à des pensées philosophiques qui coulent de source, pour aller vers l’« ellébore de la sagesse », cadeau de Noël pour un « Mariage mystique » sans oublier les promesses et garder une place pour le rêve. (pp. 27 et 28)
Véronique Flabat-Piot ne se lasse jamais de chanter la beauté de la nature en symbiose avec les animaux dont l’écureuil, mis aussi en valeur par de nombreux poètes dont Maurice Rollinat. Elle veut nous mettre à l’écoute des « vies cachées » qui peuvent nous paraître sans valeur et pourtant sont essentielles. (p. 31)
Ailleurs, elle choisit comme titre d’un poème, « Prêcher la Rivière… ». Veut-elle la sacraliser ? Étonnamment, elle lie avec art, cette eau courante à « l’enfantement originel » dès son premier souffle, celui du début du monde, du Verbe et de l’amour. (pp. 33 et 34)
Juste après, elle place un poème « Je suis le Vent… » qu’elle nomme poète. Elle l’humanise, lui donne le pouvoir de sécher « le sel des chagrins ». Ce n’est pas un hasard si elle l’associe à ces mots et termine par l’hiver car le vent représente ses états d’âme en mal d’amour et ses interrogations. (pp. 35 et 36)
Véronique Flabat-Piot partage avec nous, sa vie de jour ou de nuit, ses questions, chemin « De l’accomplissement de l’Être… », (p 39), avant de prendre son envol.
« Le Pouvoir des Rêves » est immense. Elle sait qu’ils sont mirages mais aussi baume pour le corps et l’âme qui grâce à eux, continuent de vivre malgré les aléas de la vie. Pour finir, elle loue leur pouvoir salvateur :
« c’est palper l’irréel,
c’est esquisser la vie,
aux teintes de nos espérances ! »
(p. 43)
Le titre « Terre des hommes » nous rappelle celui du livre de Saint-Exupéry. Tous deux ont compris l’importance de vivre ensemble, de se soutenir les uns, les autres, même ceux venant d’une autre famille comme Le petit Prince, de semer pour laisser germer, de soigner, d’aider les autres sans parti-pris radical puis elle introduit le mot « âme », présence permanente. (pp. 45 et 46)
Elle n’oublie pas l’importance de la « Poésie… », alliance de douceur, de vérité en lien avec la terre, les animaux, « l’Amour ». Elle sublime le sens des mots. (pp. 54 et 55)
Oui, nous avons tous « Des Paradis Perdus… », titre d’un chapitre où la vie part « Insensiblement… » dans la tristesse ou la solitude (p. 59), dans les pleurs que l’auteur associe délicatement au mot brume, dans les « meurtrissures » près du fœtus mort (p. 60) mais Véronique Flabat-Piot reste gardienne d’espérance et, malgré tout, en final, elle magnifie la « Femme » avec un F majuscule. (p. 61)
Elle n’oublie pas les « Immigrés… » qui n’ont plus ni pays, ni demeure. (p. 62 et 63) Son questionnement est une ouverture sur notre manière d’accueillir l’autre, celui qui est différent et nous le sommes tous. Elle n’oublie jamais de se souvenir « A fleur de cœur » (p. 66) car seul compte l’amour.
Même dans l’« Incertitude », elle ne perd jamais espoir et s’interroge sur notre manière de vivre (p. 69). Elle n’oublie pas le passé (p. 71), ni notre petitesse devant le temps qui fuit et notre finitude car tout s’efface. (p. 73). Pourtant rien n’est jamais fini et nous devons agir. Elle nous le dit, en caractères plus grands :
« Pour que vivent la Beauté et l’Amour.
Éternellement. »
Ainsi nous pourrons partir « Vers les Nouveaux Horizons… » (p. 75)
Le feu a fasciné l’homme en tout temps. Dans « Au coin du Feu », Véronique Flabat-Piot le transforme en fantôme très vivant. Elle l’humanise, lui donnant même un « Esprit », une « tendresse ». (pp. 80 et 81)
Les yeux ont une histoire donc ce n’est pas un hasard si elle commence par « Raconte-moi tes Yeux… » (p. 82). Partout nous percevons la présence de l’« Âme » liée aux éléments végétaux, aux « perles d’arc-en-ciel » (p. 84), alliant terre et ciel, humanité et pluie humanisée, « frémissante » (p. 85), chemin vers le poème « Résurrection ». Là, dans un cri du cœur, elle nous confie « j’irai vers Toi », en mettant le mot « Toi » en italique et en gras (p. 88). Il entre ainsi en connivence avec le titre du chapitre « Vers la Lumière… » sur la page d’en face. (p. 89) Non, ce n’est pas un hasard car « L’Espérance » n’est pas loin, route vers « l’Infini… ». (p. 91), là où règne « L’Amour », « la Paix » … vers « l’Eternel !... » (p. 92) Même près de l’« Agonie » (p. 94), il reste toujours un mot à semer partout, comme elle le fait en grossissant les caractères, en les mettant gras pour insister sur leur importance. Sans se lasser, il faut toujours « Aimer » (p. 95). À « L’Heure Dernière » (p. 98), il y toujours quelque chose à faire, « j’aimerai… ». (p. 99) Ce fil conducteur nous emporte « aux confins de l’Éternité ! » (p. 99)
Alors nous pouvons « Partir » (p. 100), « Marcher… » (p. 101) vers « L’Heure Intemporelle » (p. 103). Ainsi nous irons avec Véronique Flabat-Piot, « Toujours plus loin… » dans le temps et l’espace, (p. 105) près d’un univers mystique et de l’« Harmonie !… ». (p. 106)
Accroché en final de ce livre, suit le recueil L’Eternel Demain, paru en 2010, où l’auteur aborde le mystère de l’incarnation (p. 111), rend hommage aux mères qui deviennent « Cathédrale de Vie » (p. 115). Ici, tout est « Chant », de celui d’espérance (p. 117) à celui de la souffrance, à la « déchirure du corps » (p. 121), de l’« Espérance », de « L’inimaginable » (p. 123), au « Petit à petit », mot à double sens, exprimant à la fois la lenteur de l’attente et la croissance du fœtus (p. 124). Après l’apparition de l’enfant, le baiser traduit l’amour près des « étoiles d’espérance » (p. 125), du « tendre fardeau » (p. 127) ou ailleurs, le jaillissement de la naissance. (p. 128) Ici encore Véronique Flabat-Piot excelle dans la traduction de ces moments forts d’attente et de tendresse avec ses mots venus du cœur d’une mère et de l’âme.
En conclusion, nous suivons Véronique Flabat-Piot au fil de sa vie, ses peines, ses joies, ses recherches, ses questionnements dans un élan poétique immense et talentueux, aux associations de mots, cristaux de lumière, ayant pour fil conducteur, amour, espérance dans un élan grandiose d’humanité, empli de délicatesse, en lien avec la nature, le temps. Ces mots restent chemins fragiles, errances et force d’une foi en l’avenir. Les titres de chaque chapitre se terminent par trois points de suspension… car la vie n’est jamais finie.
24 novembre 2018
Catherine RÉAULT-CROSNIER
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