Académie du Berry

Séance solennelle du 20 octobre 2007 à Ainay-le-Viel (Cher)

 

Remise du prix Saint-Jean Bourdin 2007,
à M. Gérard Coulon, Conservateur en Chef du patrimoine

 

Réponse de Gérard Coulon

 

Je voulais simplement dire quelques mots, si vous le permettez. Cette récompense et ces cadeaux ne peuvent que m’inciter à continuer à écrire. Vous savez que lorsqu’on reçoit un prix, on dit généralement « Cela ne m’intéresse pas ». Mais finalement on est touché et aujourd’hui, je reconnais que je suis profondément touché.

Je vous remercie d’avoir pensé à moi pour le prix Saint Jean Bourdin. Je reçois cette récompense pour l’ensemble de mon œuvre. Il faut avouer que cette expression « l’ensemble de mon œuvre » est quelque peu pompeuse parce que, quand on a écrit un certain nombre de livres, est-on persuadé pour autant d’avoir construit une œuvre ? Certainement pas, œuvre ou simple succession de livres, c’est le public qui, in fine, décide. « L’ensemble de mon œuvre »… je ne sais pas si vous ressentez la même impression que moi mais j’ai la nette sensation qu’après cette remise de prix, c’en est fini pour moi. Eh bien, non ! Certains le déploreront, d’autres s’en réjouiront peut-être, mais je continuerai à écrire tant que Dieu me prêtera vie.

De gauche à droite : le médecin-général Maurice Bazot, M. Alain Bilot, président de l'Académie du Berry, Mme le Dr Catherine Réault-Crosnier, présidente du prix Saint-Jean Bourdin, et Gérard Coulon, lauréat 2007 du prix Saint-Jean Bourdin.

De gauche à droite : le médecin-général Maurice Bazot, M. Alain Bilot, président de l'Académie du Berry, Mme le Dr Catherine Réault-Crosnier, présidente du prix Saint-Jean Bourdin, et Gérard Coulon, lauréat 2007 du prix Saint-Jean Bourdin.

Redevenons un peu sérieux. Quel est le moteur qui nous pousse à écrire ? C’est vrai que lorsque je n’écris pas, et mes proches le savent, je deviens neurasthénique et pourtant, je suis d’un caractère gai. J’ai besoin d’écrire. J’ai un besoin vital d’écrire. Ce qui m’anime, ce sont la curiosité, la passion et l’éclectisme. Vous avez constaté à la lecture du Docteur Catherine Réault-Crosnier que j’écrivais sur différents thèmes et cet éclectisme, je le revendique haut et fort. Je ne veux pas être un spécialiste confiné dans un domaine unique, par exemple l’enfant en Gaule romaine pour lequel j’ai écrit plusieurs ouvrages. Je tiens à conserver une fraîcheur d’esprit en m’attaquant à des sujets que j’aime, qui me passionnent mais pour lesquels j’ai besoin de mener de longues recherches. Et j’avoue que passer d’un thème à un autre me stimule tout particulièrement. En ce moment, par exemple, je travaille sur la Touraine au cinéma. J’ai peut-être attaqué un sujet un peu trop ambitieux puisqu’on y a tourné des films extraordinaires, voire mythiques comme La Belle et la Bête, comme le Van Gogh de Pialat… J’éprouve une sorte de délassement à passer d’un sujet à un autre et à me dépayser complètement les neurones et les mécanismes de création. Donc je continuerai à écrire, d’autant que l’écriture me procure d’intenses émotions. Mais n’écoutez jamais, et surtout ne croyez jamais un auteur qui vous dit qu’écrire le rend heureux. C’est faux, archi-faux ! L’écriture procure une véritable souffrance intime. Mais lorsque l’œuvre est terminée, quel bonheur, quand bien même les mots sont maladroits et finissent par vous trahir. Écrire, publier, c’est pour moi une source d’émotions profondes dont je ne puis me passer. Et finalement, la plus belle des émotions n’est-elle pas celle que l’on partage avec les autres, c’est-à-dire avec les lecteurs ? Je vous remercie.

 

Lire le discours de remise du prix par Catherine RÉAULT-CROSNIER