Académie du Berry

Séance solennelle du 11 octobre 2014 à Nohant (Indre)

 

Remise du prix 2014 de l’Académie du Berry,
à Jean Mauret

 

Allocution de Catherine Réault-Crosnier, présidente du prix

 

Fils et petit-fils de maître-verrier, Jean Mauret a créé son propre atelier à Saint-Hilaire-en-Lignières en 1969 à l’âge de vingt-cinq ans, dans un ancien Prieuré acheté sur un coup de cœur avec son épouse. Cet édifice devint leur lieu d’habitation et de travail. C’est comme si cette grande maison inhabitée depuis plus de soixante-dix ans qui jouxte l’église, lieu de spiritualité, les attendait.

Jean Mauret ne croit pas au hasard.

Après un début, seul dans son atelier, il forme quelques ouvriers qui vont l’aider pour les différents travaux de restauration parmi lesquels les vitraux XIIIème des cathédrales de Bourges, Chartres, Lyon, Poitiers… les vitraux XVIème de Brou…

Catherine Réault-Crosnier présentant Jean Mauret, lors de la remise du prix 2014 de l'Académie du Berry, le 11 octobre 2014, à Nohant.

Catherine Réault-Crosnier présentant Jean Mauret.

Jean Mauret participe à de nombreux concours parmi lesquels un projet sur deux sera réalisé, ce qui montre l’intérêt des jurys pour l’originalité de son œuvre. C’est ainsi qu’il place ses vitraux contemporains non figuratifs dans environ cent-quarante églises principalement romanes, dans un esprit d’intégration à l’architecture et en tenant compte du rôle de la lumière et du sens spirituel à donner à l’espace intérieur.

Dès les premières années de son installation, Jean Mauret fait également de la sculpture, pratique qu’il a abandonnée pendant trente-cinq ans pour s’y remettre, il y a trois ans, en incluant la couleur comme dans certains de ses vitraux.

En 2009, il crée près de son atelier, La Grange aux Verrières (www.grange-verrieres.com). Là encore, il a agi par intuition, achetant une ancienne grange sans savoir ce qu’il en ferait mais sûr de sa décision. Elle est devenue aujourd’hui un lieu d’exposition et de mise en valeur de ses vitraux mais aussi un moyen de faire connaître d’autres artistes contemporains, maîtres dans l’art du vitrail.

Durant la saison 2014, l’exposition de La Grange aux Verrières à Saint-Hilaire-en-Lignières a mis à l’honneur Claude Baillon, Maître-verrier à Millau

 

Le côté technique de son travail :

À partir d’une maquette, la réalisation d’un vitrail se fait en suivant plusieurs étapes à commencer par l’agrandissement d’un carton à taille réelle, le calibrage des pièces, la coupe des verres à partir d’un choix de verres qui ont été préalablement choisis et souvent retravaillés par cuisson et application de jaune d’argent. Les verres peuvent être colorés dans la masse ou plaqués, ce qui permet un travail de la lumière et de la couleur par une technique de gravure.

Les verres sont ensuite assemblés avec du plomb.

 

Sa démarche artistique :

Jean Mauret veut donner sens à la matière, proposer un contenu spirituel qui puisse interpeller le passant, l’amener à une réflexion approfondie et aller à l’essentiel.

Il pense que l’artiste doit être conscient de sa responsabilité vis-à-vis de son œuvre et des conséquences sur ses contemporains. Il refuse de se centrer sur sa propre personne et veut apporter de la lumière, de la réflexion, de la paix, de la sérénité à travers ses œuvres pour ouvrir l’esprit.

Maître verrier de la lumière, filtrée ou libérée, Jean Mauret ne propose pas d’images. Il cherche un certain équilibre dans ses compositions qu’il veut non-figuratives et plutôt orthogonales. Il crée des bandes strictes, pour donner de l’énergie, de la verticalité et produire des émotions fortes par le rythme. Il déstructure le vitrail pour laisser place en priorité, aux couleurs, pour ouvrir à la prière. Il s’oppose à la saturation d’images du monde actuel qui emprisonne notre vision, notre liberté, notre pensée. Il tend vers la sobriété, vers le dépouillement qui rejoint d’une certaine manière l’art roman, vers une spiritualité ouverte et non dogmatique.

Ses vitraux représentent différentes facettes de son élan créateur et sont répartis dans toute la France, en particulier :

- église de Nohant (Indre), crypte de la cathédrale de Bourges (Cher) (en 1985) ;
- église d’Issoire (Puy-de-Dôme) (en 1989) ;
- église d’Ardentes (Indre), église de Condé (Cher) (en 1992) ;
- cathédrale de Chartres (1992 à 1995) ;
- prieuré de Villesalem en 1993 ;
- église de Saint-Benoît-du-Sault (Indre), église d’Aubigny-sur-Nère (Cher) (en 1997) ;
- rotonde de la basilique de Neuvy-Saint-Sépulcre (Indre) ;
- église de Faye-la-Vineuse (Indre-et-Loire) (en 2007) ;
- église de Saint-Baudel (Cher) (en 2008) ;
- chapelle du lycée Jacques Cœur à Bourges ;
- chapelle Sainte-Catherine à Fontevraud (en 2009).

Il réalise également des vitraux en collaboration avec des peintres :

- cathédrale de Nevers avec le peintre Gottfried Honegger ;
- abbaye de Noirlac (en 1975-1976) avec le peintre Jean Pierre Raynaud ;
- funéraria de Perpignan (en 1998) avec la femme peintre Shirley Jaffe ;
- cathédrale de Blois (en 1994) avec le peintre jan Dibbet’s.

Jean Mauret a édité deux livres sur son travail :

Jean Mauret, Vitraux (1970 – 2000) (90 pages, 2001)
- et Le vitrail de Jean Mauret par Georges Mérillon (94 pages, 2011).

Au début de 2014, il a gagné avec deux autres maîtres verriers, le concours d’un grand chantier pour la réalisation de nouveaux vitraux à la cathédrale de Lyon, haut lieu de culte. Il avait déjà réalisé une création en cette même cathédrale, il y a vingt-cinq ans, ce qui est une reconnaissance supplémentaire de la qualité de son travail.

En conclusion : par ses vitraux exceptionnels, Jean Mauret, berrichon d’adoption, est un grand créateur au service de l’art et de la spiritualité. Nous voulons le récompenser aujourd’hui, pour son travail et nous sommes heureux de lui remettre le prix de l’Académie du Berry 2014, pour son engagement artistique avec toutes nos félicitations.

Je termine par les paroles de l’artiste, inscrites en frontispice sur un bandeau de bois dans La Grange aux Verrières : « Chaque vitrail est une quête de lumière. »

 

Catherine RÉAULT-CROSNIER

 

Le prix 2014 de l’Académie du Berry 2014 est remis à M. Jean Mauret par Mme Catherine Réault-Crosnier, présidente du prix de l’Académie et par M. Alain Bilot, président de l’Académie du Berry.

Le prix 2014 de l’Académie du Berry 2014 est remis à M. Jean Mauret
par Mme Catherine Réault-Crosnier, présidente du prix de l’Académie
et par M. Alain Bilot, président de l’Académie du Berry.

 

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M. Jean Mauret prend alors la parole. Il remercie l’Académie du Berry et nous présente sa démarche artistique, basée sur le rôle de la lumière et de la transparence, puis ses recherches et réalisations sous la forme d’un diaporama sur son travail depuis 1970. Nous pouvons y découvrir toutes les variations entre des vitraux colorés et d’autres qui tendent à la monochromie suivant les périodes, toujours dans une recherche d’harmonie et de spiritualité. Le plein cintre de l’art roman qui propose une circulation entre la Terre et le Ciel, lui convient tout à fait pour y insérer ses vitraux. Il pense que : « Le vitrail doit interpeller l’esprit ».

Nous pouvons voir notamment les vitraux pour la basilique de Neuvy-Saint-Sépulcre où l’emploi ponctuel de verres blancs opaques permet de rétablir le plan des baies et de rééquilibrer l’architecture. Mais aussi ceux de Montlouis (Cher) avec leur aspect décalé, ou encore l’esprit sobre et monochrome des vitraux du Prieuré de Villesalem… et beaucoup d’autres réalisations.

Pour terminer, il nous présente son lieu d’exposition, La Grange aux Verrières, avec ses vitraux et ses dernières sculptures polychromes.

Il nous informe de la réalisation en cours d’un ensemble de seize baies dans les transepts de la cathédrale Saint Jean de Lyon, suite à un concours gagné en 2013 avec deux autres maîtres verriers ; projet commun où se côtoient trois démarches différentes et complémentaires.